Les bienfaits d’une grâce Royale!

Juste à la veille de la tenue à Marrakech du congrès sur la justice et l’économie, auquel prendront part des magistrats et des économistes de tous les coins du monde, le Souverain a bien voulu éviter au royaume une nouvelle abjection à notre système judiciaire.

Aussi sage que subtil, le Monarque use de son droit constitutionnel le plus absolu au moment opportun, pour gracier la «auteurs» d’une affaire absconse dont les tenants et aboutissants ont suscité tollé et remous, au sein de la société. Hajar Raissouni et consorts viennent de se faire «disculper» par cet usage Royal qui met du baume sur les cœurs tant dans le camp des concernés que parmi les adeptes des libertés. Encore mieux, cette dispense de la plus Haute Autorité, survenant à ce stade crucial de la poursuite judiciaire ne saurait être considérée comme un désaveu à l’acte de la jurisprudence. Elle advient surtout au moment où le débat sur nombre de sujets, sombrant dans le non-dit et le statu-quo, refait surface sur la tribune publique.

Le rassemblement de la cité ocre qui a lieu, la semaine prochaine, tiendra, sans doute, en compte de la prouesse Royale arborée par le communiqué du ministère de la justice à l’adresse non pas seulement des amnistiés, mais surtout en direction de la continence nationale. Mieux encore, cette affabilité qui relève des attributions du Roi, nettement reconnue dans la loi suprême, est de nature à relancer la concertation sur deux volets surannés et en suspens dans l’actuel code pénal, à savoir, l’interruption de la grossesse, connue communément sous le concept de l’avortement et les libertés individuelles, notamment la vie sexuelle hors de l’acte de mariage.

En fait, jusqu’ici, la nomenclature du législateur sur ces axes, entre autres, se montre taciturne et en rupture avec les mutations profondes qu’a connues la société, en ces temps-ci. Toute nouvelle trouvaille dans ce sens est perçue comme un blasphème aux préceptes et rituels religieux auxquels les appréciations des juges sont strictement tributaires.

En ce temps de remaniement qui vient de tarauder l’Exécutif pour tenter de rectifier le tir, l’initiative Royale qui échoit juste après, ambitionne également de mener une vive campagne de réhabilitation des multiples institutions dont la réforme de la justice a constamment constitué l’épine dorsale. Les freins réactionnaires et rétrogrades qui ont, depuis des lustres, fait moisir diverses questions d’ordre sociétal et relationnel, se devront, de s’effilocher petit à petit, face aux besoins pressants de s’épanouir, sur les étagères et dans les tiroirs, dans le cadre d’une désagrégation progressive de l’aliénation déconsidérée et abusive au préétabli théologique.

Ceci étant, il faut bien dire que la pénalisation sévère qui a sévi dans le cas du procès en question s’est plutôt focalisée sur l’aspect fautif auquel le Souverain a fait allusion dans son argument gracieux que sur l’aspect pénal dont la teneur s’avère douteuse ou tout au moins discutable.

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