Les membres de l’OMS en quête d’une meilleure préparation aux futures crises sanitaires

Face à une éventuelle nouvelle crise sanitaire planétaire, les pays membres de l’OMS, réunis cette semaine à Genève, essayent de trouver les meilleurs moyens de l’empêcher.
La flambée de variole du singe, apparue depuis quelques semaines dans une vingtaine de pays où les cas étaient rarissimes, est clairement à l’esprit de tous les participants, même si l’ampleur de la menace reste difficile à évaluer.
Michael Ryan, responsable des situations d’urgence à l’OMS a enfoncé le clou. Il estime que cette éruption « est directement liée à notre incapacité, ou notre réticence, à gérer ces risques plus tôt dans le cycle de génération d’une épidémie ».

Plus généralement, les maladies infectieuses sont amplifiées par la faiblesse des services de santé publique et zones urbaines mal gérés, a-t-il souligné.
La pandémie de Covid a mis à nu les déficiences du système de santé mondial, et les pays membres de l’organisation ont convenu l’année dernière que de nombreux changements étaient nécessaires pour mieux préparer le monde à faire face aux menaces futures.
Les 194 Etats membres réunis pour l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) veulent combler les lacunes en matière de surveillance et de préparation, qui ont permis au Covid de tuer des millions de gens et de mettre à genoux l’économie mondiale.
Mais, alors même que la pandémie est loin d’être maîtrisée et qu’une bonne partie du monde est encore mal vaccinée, nombre de pays ont levé les restrictions sanitaires et jeté aux orties leurs outils de surveillance.
Michael Ryan s’en inquiète parce que ces trous dans la détection pourraient permettre au virus de muter sans que l’on s’en aperçoive.

« Nous avons besoin de données. Nous devenons aveugles en ce qui concerne l’évolution de cette pandémie et nous devenons aveugles sur l’émergence d’autres » pandémies potentielles, a déclaré le docteur Ryan.
Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti qu’il n’y avait pas de temps à perdre.
« Renforcer la préparation, la réponse et la résilience aux urgences sanitaires est une priorité absolue car la pandémie a montré que le monde n’était pas préparé et qu’il ne l’est toujours pas », a-t-il déclaré devant l’AMS.
Des modifications sont envisagées pour le Règlement sanitaire international (RSI) – un ensemble de textes juridiquement contraignants régissant la réponse aux risques aigus menaçant la santé publique. Le Dr Tedros a accueilli favorablement les propositions visant à raccourcir le délai pour amender et adapter le RSI.
Des négociations sont également en cours en vue de mettre en place un nouvel instrument international -contraignant mais aux contours encore flous- visant à rationaliser la préparation et la réponse à une catastrophe sanitaire mondiale.
Un résultat final n’est pas attendu avant 2024.

« Un instrument juridiquement contraignant est une promesse faite aux générations futures de garantir que le monde puisse répondre à la prochaine pandémie ou urgence sanitaire », a déclaré le patron de l’OMS.
Le RSI, adopté en 2005, défini les droits et les obligations des pays membres face à des urgences sanitaires susceptibles de se propager à l’étranger. Il définit également l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), le plus haut niveau d’alerte de l’OMS.
La déclaration par le Dr Tedros d’une USPPI le 30 janvier 2020 face au Covid-19 n’a pas eu l’effet d’électrochoc escompté, ni parmi les Etats et encore moins le grand public.
Ce n’est que lorsque le patron de l’OMS a qualifié la situation de pandémie, le 11 mars suivant, que de nombreux pays ont semblé prendre la mesure du danger.

Les Etats-Unis, l’Union européenne, la Grande-Bretagne, le Japon, l’Australie et la Corée du Sud ont présenté un projet de résolution sur le renforcement de la préparation et de la réponse de l’OMS aux urgences sanitaires.
Il s’agit notamment d’accélérer les choses et réduire les temps de réaction.
L’Assemblée devrait décider de la création d’une Commission permanente des urgences issue du Conseil exécutif de l’OMS et activable en 24 heures en cas d’urgence sanitaire de portée internationale.
Les Etats-Unis souhaitent clarifier les rôles et les responsabilités, accroître la transparence, encourager le partage des meilleures pratiques et communiquer en temps réel, a expliqué Loyce Pace, secrétaire adjointe aux affaires internationales au ministère américain de la Santé mercredi.
« Si nous ne faisons rien, alors pourquoi sommes-nous ici? », a-t-elle lancé.

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