L’internationalisation de l’aita passe par l’encouragement des fusions avec des genres musicaux mondiaux

Le rayonnement à l’international de l’aita passe par l’encouragement des fusions de ce style musical ancestral avec des genres musicaux populaires au niveau mondial, ont souligné jeudi soir les participants à une conférence organisée dans le cadre de la 19è édition du Festival national de l’Aita.

Les intervenants à cette rencontre initiée sous le thème «l’Aita et son ouverture sur les musiques du monde», ont appelé à emboiter le pas à la musique gnaoua, qui a emprunté cette voie pour se lancer à l’international.

Pour le fondateur des festivals «Timitar des Musiques du Monde» et «Visa For Music», Brahim El Mazned, l’internationalisation de ce style musical requiert la mobilisation d’une équipe professionnelle stable qui travaille sur le festival pendant toute l’année, tout en intégrant la dimension académique et en organisant des concours et des master class au profit des jeunes.

L’expert auprès de l’UNESCO a relevé que le rayonnement de l’aita aux niveaux national et international est tributaire de la valorisation des artistes et pionniers de ce genre, appelant à consentir davantage d’efforts pour rapprocher ce style des jeunes et des générations montantes.

M. El Mazned a présenté son anthologie de l’aita (Chikhates et Chioukhs de l’Aïta), une œuvre devenue une référence aux niveaux national et international de ce style musical en quête de valorisation.

«Cet ouvrage, qui vise à rendre hommage aux pionniers, rassemble toutes les formes de l’aita sans omettre ses dimensions sahraouies et filali (Beldi)», a-t-il expliqué, ajoutant que cette œuvre, traduite en plusieurs langues et distribuée dans toutes les bibliothèques et les points de lecture au Maroc, a eu un large écho tant au niveau national qu’international.

De son côté, Dr. Hassan Bahraoui, enseignant chercheur des Lettres modernes et du patrimoine immatériel, a rendu hommage à Dr. Mohammed Fassi, l’un des pionniers, qui a grandement contribué à attirer l’attention sur la nécessité de valoriser le patrimoine immatériel (oral) du Royaume.

Ce chercheur éminent a appelé à lutter contre les stéréotypes entourant les chikhates (femme vivant en marge de la société, mène une vie de débauche et femme révoltée sur la société et sa famille), faisant remarquer que l’aita est dans son essence un art musical sublime qui a été abimé pendant «la période du Protectorat et associé à la luxure et la débauche et les paroles vulgaires».

La directrice provinciale de la culture à Safi, Mme Ibtissam Ouriamchi, a indiqué que la première conférence de cette 19è édition a été suivie par quelque 5000 internautes alors que le master class de l’artiste Nassim Haddad a été suivi par 13.000 internautes.

C’est un acquis pour le festival, qui contribue à la réconciliation des Marocains avec leur patrimoine, a-t-elle ajouté.

Organisée par la direction provinciale de la Culture de Safi avec le soutien de la Direction régionale de la culture de la région Marrakech-Safi, la 19è édition du festival national d’Al-Aita vise à maintenir l’action culturelle et sa continuité dans la Cité de l’Océan et de mettre le point sur l’importance de la promotion et la valorisation de cet art, en tenant compte de la richesse de ses styles.

Il s’agit également de faire valoir son rôle dans la préservation et la valorisation du patrimoine immatériel en tant que composante d’un système intégré de développement économique et social, ce qui participe à la préservation des composantes du patrimoine musical dans sa particularité régionale tant au niveau de la qualité de la recherche que de la documentation.

Les organisateurs ont concocté un programme riche et varié en dépit de la conjoncture exceptionnelle que traversent le Maroc et le monde.

Ainsi, le festival tentera de relater les moments les plus forts des précédentes éditions et diffusera les performances des groupes de jeunes qui ont participé au concours de l’Aita, qui a eu lieu du 21 juillet au 5 septembre 2020, et dont l’objectif consiste, entre autres, à assurer la pérennité de cette expression artistique à travers les générations et la préservation de ce patrimoine artistique ancestral en encourageant les jeunes à porter le flambeau de cet art.

(MAP)

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