OXFAM publie un rapport explosif sur les inégalités : quand un pauvre gagne un seul dollar, le milliardaire s’accapare 1,7 million de $ !!

A l’occasion de la tenue du dernier forum de Davos du 16 au 20 janvier 2023, l’organisation OXFAM qui s’occupe des questions des inégalités et de la pauvreté, a publié pour sa part un document qui n’est pas passé inaperçu. Intitulé « la loi du plus riche. Pourquoi et comment taxer les plus riches pour lutter contre les inégalités », ledit rapport, en s’appuyant sur des sources fiables et crédibles, apporte des éclairages révoltants et nous offre des données qui devraient inciter les plus riches de ce monde à interroger leur conscience.  Il faut dire que depuis sa création en 1942, cette organisation a accumulé une grande expérience de travail sur le terrain pour suivre au fil des années l’évolution de la concentration des richesses et l’ampleur des inégalités tant au sein de chaque pays qu’entre différentes aires économiques.  Il se dégage clairement à la lecture de ce rapport que : les inégalités ne font que s’accentuer d’une année à une autre ; les riches ont tiré profit des différentes crises que le monde a connues au cours des dernières années ; le moment est venu de taxer ces milliardaires et millionnaires pour générer des ressources suffisantes à même d’éradiquer la pauvreté. Détails.

D’entrée en la matière, les rédacteurs du rapport présentent le diagnostic. Un tableau sombre. Ainsi, depuis 2020, les 1 % les plus riches ont capté près des deux tiers de toutes les nouvelles richesses. Autrement dit, pour chaque dollar de nouvelle richesse mondiale gagné par une personne faisant partie des 90 % les plus pauvres, un·e milliardaire a gagné 1,7 million de dollars. En outre, la fortune des milliardaires augmente de 2,7 milliards de dollars par jour, alors même que les salaires de 1,7 milliard de personnes, soit plus que la population de l’Inde, ne suivent pas le rythme de l’inflation.  Au cours des dix dernières années, les 1 % les plus riches du globe ont capté plus de la moitié de toutes les nouvelles richesses dans le monde.

 À l’heure actuelle, les impôts prélevés sur les citoyen·nes (sur le revenu, les salaires ou la consommation) représentent plus de 80 % des recettes fiscales totales, contre 14 % pour l’impôt sur les sociétés et 4 % pour les impôts sur le patrimoine des plus riches.

Les entreprises des secteurs de l’alimentation et de l’énergie ont fait plus que doubler leurs bénéfices en 2022, versant 257 milliards de dollars à leurs riches actionnaires, alors que plus de 800 millions de personnes se couchent le ventre vide. Les profits engrangés par ces entreprises sont à l’origine d’au moins 50 % de l’inflation en Australie, aux États-Unis et en Europe, dans ce qui est autant une crise du coût de l’exigence du capital qu’une crise du coût de la vie. Il a été de même lors de la crise covid : les milliardaires, notamment les GAFAM, en ont profité pour grossir leur fortune. Dans la littérature économique courante et les cours dispensés à l’université on ne parle jamais de ce type d’inflation qui est lié au fonctionnement du capitalisme dont la « maximisation » du profit constitue une loi sacro-sainte de la « rationalité » capitaliste ! Une bonne entreprise qui « réussit » n’est pas celle qui contribue à la satisfaction des besoins de la population, mais plutôt celle qui assure à ses actionnaires et à ses dirigeants le maximum de profit et de revenus !

Une fois ce constat peu amène établi, Oxfam considère, en utilisant les données disponibles, qu’un impôt sur la fortune de 2 % sur les millionnaires du monde entier, de 3 % sur ceux dont la fortune dépasse 50 millions de dollars et de 5 % sur les milliardaires du monde entier permettrait de collecter chaque année 1700 milliards de dollars. Cette somme serait suffisante pour sortir 2 milliards de personnes de la pauvreté. Ce montant pourrait en outre combler le déficit de financement des appels humanitaires d’urgence des Nations Unies et financer un plan mondial d’éradication de la faim. Une telle mesure pourrait enfin contribuer au financement des pertes et dommages causés par le dérèglement climatique dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure, et assurer des soins de santé et une protection sociale universels aux 3,6 milliards de citoyen·nes vivant dans des pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure.

Et de préciser que les inégalités ne sont pas une fatalité, mais un choix politique. Les gouvernements peuvent prendre des mesures claires, concrètes et pratiques pour réduire radicalement ces inégalités et se donner les moyens nécessaires pour protéger leurs citoyen·nes. Ils peuvent choisir de les aider à traverser les crises en toute sécurité, au lieu de leur imposer des souffrances inutiles par des politiques d’austérité.

Pour ce faire, il faudrait au moins doubler le taux moyen actuel, qui n’est que de 31 % sur le revenu des particuliers les plus riches dans 100 pays, et quadrupler le taux sur les revenus du capital, qui n’est actuellement que de 18 % en moyenne dans 123 pays. Ces taux n’ont rien d’exceptionnel dans la mesure où ils ont déjà été appliqués par le passé.

 Les États doivent utiliser les leviers fiscaux à leur disposition pour renverser le cours des inégalités en suivant les quatre mesures suivantes pour un monde plus égalitaire :

1. Instaurer un impôt exceptionnel de solidarité sur la fortune et une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises et taxer nettement plus les versements de dividendes afin de mettre un terme aux profits de la crise.

2. Augmenter de façon permanente l’impôt sur le revenu (travail et capital) des 1 % les plus riches pour atteindre par exemple un taux minimum de 60 %, avec des taux plus élevés pour les multimillionnaires et les milliardaires.

3. Imposer la fortune des super-riches à des taux suffisamment élevés pour réduire systématiquement l’extrême richesse et diminuer la concentration du pouvoir et les inégalités.

4. Utiliser les recettes découlant de cette nouvelle taxe pour augmenter les dépenses publiques dans les secteurs qui réduisent les inégalités, comme les soins de santé, l’éducation et la sécurité alimentaire, et pour financer la transition juste vers un monde sobre en carbone.

Il convient enfin de souligner que l’organisation OXFAM ne précise pas les modalités pratiques pour y parvenir.  Cette tâche incombe aux forces démocratiques de par le monde, éprises de justice sociale, attachées aux valeurs humaines universelles et soucieuses de l’édification d’un nouvel ordre mondial plus juste, plus solidaire mettant fin aux égoïsmes nationaux et au réflexe de chacun pour soi.

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