«Plus de 200 MDH seront investis dans la biotechnologie»

Le laboratoire pharmaceutique marocain Sothema confirme son engagement pour une équité d’accès aux anticancéreux à des prix accessibles. Dans cette interview, Lamia Tazi, directrice générale du Groupe,nous précise les alentours de cet engagement. De même, la directrice nous livre ses ambitions stratégiques.

Al Bayane: Quelle lecture faites-vous du marché pharmaceutique au Maroc?

Lamia Tazi: L’industrie pharmaceutique nationale a toujours été dynamique. Environ 70% des produits pharmaceutiques sont produits localement. Le Maroc dispose de plus de 40 laboratoires qui répondent aux normes de qualité les plus strictes.

En partenariat avec Biocad, Sothema appelle à une équité d’accès aux anticancéreux à des prix accessibles. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet engagement?

Cette convention, signée lors de la visite royale en Russie en mars 2016, assure un transfert de technologies de pointe pour la fabrication de produits anticancéreux au Maroc. Il s’agit de produits de traitement du cancer qui pourront être mis sur le marché à des prix inférieurs à ceux des «princeps» et qui seront distribués sur l’ensemble du territoire national et à travers toute l’Afrique francophone. Il est important de préciser également que le Maroc sera plus autonome en matière de fabrication de ce type de produits biotechnologiques.

Que représente pour Sothema le «Russian Federation Government Quality Award» décerné récemment à Biocad?

Sothema privilégie depuis toujours une approche partenariale parce que persuadé que la complémentarité et le partage d’expertises constituent des accélérateurs d’innovation. Dans cette optique, notre partenariat avec Biocad dans le développement des biosimilaires au Maroc est emblématique. L’attribution du «Russian Federation Government Quality Award» à notre partenaire Biocad l’a doté d’un nouvel élan. En effet, une telle distinction ne peut que constituer un catalyseur à cette stratégie d’«innovation ouverte», qui a pour but de dynamiser et d’accélérer notre activité de recherche et de développement. Mais au-delà, elle traduit notre ferme volonté d’œuvrer continûment pour donner un nouvel espoir aux patients atteints de maladies graves, en mettant à leur disposition des solutions thérapeutiques innovantes et accessibles.

Qu’en est-il des ressources financières dédiées par Sothema à la concrétisation de ce projet d’envergure monté avec ce partenaire?

Le projet a nécessité un investissement de 250 millions de dirhams. Sa réalisation se fera en deux étapes ; la première phase avec un budget de 50 millions de dirhams tandis que la deuxième engagera une enveloppe de 200 millions de dirhams. Côté financement, Sothema a obtenu une aide à l’investissement s’élevant à 30% par le ministère de l’Industrie dans le cadre du déploiement des écosystèmes pharmaceutiques.

La commercialisation des biosimilaires au Maroc constitue une avancée de taille dans la prise en charge des maladies graves. A quand donc leur mise sur le marché?

Pour que le droit à la santé et l’accès aux soins deviennent une réalité, Sothema s’engage dans la durée et développe, en partenariat avec Biocad, la fabrication et la commercialisation des biosimilaires au Maroc. A cet aspect thérapeutique non négligeable de notre projet, s’ajoute un apport technologique et économique de taille pour le Maroc.De ce fait, notre grand souhait est que l’autorisation de mise sur le marché soit remise par le ministère de la Santé dans les plus brefs délais. Il y va de la santé et du bien-être du citoyen, objet et objectif de tout développement humain et socio-économique de notre pays.

En général, quels sont vos médicaments phares et quelle est votre cible?

Nous avons plus de 360 références, l’insuline étant la plus médiatisée. Nous sommes aussi fortement présents en cardiologie, en système nerveux central, en pédiatrie et très bientôt en oncologie.

Quel est votre potentiel de production ? Combien représente-t-il par rapport à la production du marché marocain?

Sothema fabrique aujourd’hui 50 millions de boites par an et nous avons la capacité de produire le double. Nous détenons 8% des parts du marché privé.

Qu’est-ce qui vous distingue par rapport à la concurrence?

La réussite de Sothema repose avant tout sur la qualité de ses équipes. Nos ressources humaines représentent donc,indéniablement, notre plus grande force. Le savoir-faire de nos collaborateurs constitue la première richesse de Sothema.

Est-ce que votre activité a été impactée par la baisse des prix des médicaments entrée en vigueur en juin 2014?

Sothema a pu faire face à ce changement important grâce au lancement de nouveaux produits. Le portefeuille produits de Sothema est très varié et concerne presque la totalité des aires thérapeutiques, notamment la gamme hospitalière. Je rappelle que Sothema commercialise plus de 360 produits et dispose d’un département «Business Développement» très actif.

Quel est votre plan d’investissement pour les années à venir?

L’investissement en biotechnologie est un projet auquelon se dédie complètement. Plus de 200 millions de dirhams seront investis dans les prochaines années pour la fabrication des produits biotechnologiques.

Peut-on avoir une idée sur le budget consacré à la R&D?

Nous ne pouvons pas réellement parler de Recherche et Développement (R&D), mais Sothema s’investit énormément pour soutenir la recherche nationale et plus précisément les chercheurs nationaux. Nous avons le plaisir d’accompagner le professeur Adnane Remmal dans ses recherches. Ce dernier a remporté récemment le Prix de l’Innovation pour l’Afrique (PIA) grâce à sa solution alternative aux antibiotiques pour améliorer la production des élevages, tout en respectant la santé des consommateurs.

Que représente l’Afrique hors Maroc pour Sothema?

Nous disposons d’une filiale au Sénégal pour assurer notre présence en Afrique francophone et nous avons des équipes pour la promotion directe au niveau des autres régions. Nos ambitions sont grandes pour l’Afrique et nous espérons pouvoir y apporter un savoir-faire et une technicité pour permettre à nos voisins d’être plus autonomes en matière de fabrication des médicaments.

Comptez-vous renforcer votre présence dans le continent ? Si oui, quels sont les pays visés?

Nous ambitionnons de continuer à exporter nos produits vers toute l’Afrique francophone. Nous sommes également en train d’explorer les possibilités d’investissement en Afrique lusophone.

Quelles sont vos perspectives pour l’année 2017

Nous restons concentrés sur le développement des biotechnologies. Nous sommes actuellement en train d’assurer la formation de nos cadres techniques. Nous prévoyons bien évidemment exporter nos produits biosimilaires vers d’autres régions d’Afrique.

Kaoutar Khennach

 

À propos de Sothema

Depuis sa création en 1976, Sothema s’est forgé un positionnement de spécialiste dans plusieurs activités pharmaceutiques, avec comme mission prioritaire : permettre au Maroc ainsi qu’aux pays de l’Afrique subsaharienne d’être autonomes en matière de fabrication des médicaments. Ce laboratoire pluridisciplinaire a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires d’un milliard DH. Par ailleurs, et en orientant son développement vers l’international, Sothema dispose actuellement plus de 30 représentations dans des pays à fort potentiel de développement. Au fil des années, l’entreprise, introduite en Bourse depuis février 2005, a noué des partenariats de premier ordre avec plus de 35 laboratoires internationaux leaders dans leur domaine.

Related posts

Top