Notre pays a du mal à gérer ses affaires publiques. Son bateau administratif prend l’eau de toutes parts, au risque de chavirer dans le large. Ses disparités sont criardes et suscitent le désarroi dans les camps des démunis et des frustrés. Ses déficits sociaux accablants projettent les indicateurs de la misère, de l’illettrisme, de la maladie et du chômage au plus haut du baromètre…
Selon de récentes études, le Maroc est compté par les nations les plus frappées par la corruption. Ce n’est pas du tout étonnant si l’on sait que ce fléau ronge le corps de la société depuis des lustres. Certes, cette gangrène est commune et touche nombre de pays dans le monde mais, chez nous, elle est bien spécifique. Elle entrave le cours de la vie humaine et l’essor de la nation toute entière.
Le problème résulte du fait qu’elle asphyxie les plus grosses boîtes de l’Etat et crée des hémorragies dans ses budgets. Et ce n’est guère les exemples d’instances qui manquent à ce propos et qui demeurent dans l’impunité la plus totale, des années durant, en dépit de leur scandale. Les magouilles sont légion, en particulier, au niveau de certaines hautes sphères au fort pouvoir décisionnel.
Le mal dépasse toutes les limites que l’on peut imaginer et tire vers le bas toute tentative d’expansion. Paradoxes ! Au cœur de cette épidémie qui ravage notre administration, de fond en comble, les réformes multiformes vont bon train. Les mégaprojets à coups de milliards de dirhams sillonnent le sol marocain, à grandes enjambées. Les investissements étrangers s’installent en vrac dans plusieurs zones du pays, à une cadence accélérée…
D’autre part et dans le même ordre d’idées, on soulèvera non sans profonde désolation, la situation des jeunes cadres qui foulent fraîchement l’enceinte de l’administration. Lauréats de nombre d’écoles et instituts supérieurs du pays où d’outre-mer, ils pétillent de verve et d’engouement de faire leur baptême dans tel ou tel service, mais se heurtent, pour la plupart du temps, à des mentalités rétrogrades de vieux collègues qui n’attendent que la retraite pour s’éclipser. Autour du directeur ou de la directrice, se forme un clan gâté et choyé par le « chef de la hiérarchie » et, de ce fait, exercé la bureaucratie entachée d’injustice et d’iniquité. Cette conduite oppresseuse suscite de la frustration et de la déception chez ces jeunes compétences qui embrassent le domaine administratif tout feu, tout flamme. Ils sont tellement désappointés qu’ils perdent le goût du travail et jurent de se contenter du strict minimum au lieu de donner libre court à leur sens du devoir et de la générosité en termes d’effort et de créativité.
Imaginons tout cet effort déployé pour promouvoir une nation dite émergente, sans corruption ni dysfonctionnement ! C’est dire que le chantier du nettoyage de l’administration marocaine du virus de la dépravation est la priorité des priorités. Le tout pour pouvoir faire profiter les revenus de ce développement aux marocaines et aux marocains, dans l’équité et la justice.