Saâd Chraibi: «la fermeture de salles de ciné, goulot d’étranglement du 7e art au Maroc»

Le problème majeur qui freine le cinéma marocain et entrave la diffusion de la production nationale réside dans la fermeture des salles de cinéma, a affirmé, mercredi à Tanger, le cinéaste marocain Saâd Chraibi.

«La fermeture de salles de cinéma est le goulot d’étranglement du 7e art au Maroc !», s’insurge-t-il dans un entretien à la MAP en marge de sa participation à la 20e édition du Festival national du film de Tanger (FNFT), qui se tient du 1er au 9 mars, soulignant l’urgence de créer et d’ouvrir les salles de cinéma pour l’évolution cinématographique au Maroc.

Le cinéma au Maroc souffre d’un vrai paradoxe : contre la grande évolution constatée au niveau de la production et sur les plans artistiques et techniques, l’on est en train de reculer concernant la diffusion, a-t-il fait remarquer.

Le Maroc n’a pas cessé d’encourager la production qui a proliféré ces dernières années et la production de plus de 25 longs métrages chaque année en est la meilleure illustration, mais la possibilité de regarder ces films va en diminuant, car le nombre de salles de cinéma qui ferment définitivement est en hausse continuelle, a-t-il expliqué.

Il s’agit là de deux courbes qui ne sont pas parallèles, l’une descendante et l’autre ascendante et cette situation crée un réel paradoxe, a-t-il dit, appelant à travailler davantage sur la création de nouvelles salles de cinéma et la restauration de celles existantes.

Et de faire observer que le 7e art au Maroc se développe de manière positive. «Aujourd’hui, il y a une prolifération des comédiens qui peuvent jouer tous types de rôle, que ce soit un rôle jeune, âgé ou même celui d’enfant, nous avons un vivier de comédiens», s’est-il félicité, mettant en avant l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs et de cinéastes qui réalisent des films modernes évoquant tous les sujets d’actualité.

Le volet technique a également connu une évolution considérable grâce notamment, outre le travail excellent des techniciens qualifiés, à la technologie qui est en train de se démocratiser et qui facilite la tache en donnant accès à plusieurs matériels digitaux et aux effets spéciaux et techniques numériques, a-t-il relevé.

S’agissant du rôle des festivals dans l’ancrage de la culture cinématographique, Saâd Chraibi souligne qu’en dépit du nombre important des festivals organisés au Maroc, le niveau souhaité «n’est pas encore atteint».

Pour animer culturellement et cinématographiquement les villes marocaines, il faut créer davantage de salles de cinéma pour avoir une activité cinématographique le long de l’année, a-t-il conclu.

Réalisateur, scénariste et producteur, Saâd Chraibi, natif de Fès en 1952, participe dans la compétition officielle de la 20e édition du FNFT avec son long métrage «Les 3 M, histoire inachevée», qui se veut un témoignage sur la capacité des relations humaines à transcender les conflits politiques et religieux qui secouent le monde.

Il a réalisé de nombreux films et documentaires sur la société et l’histoire marocaine et a aussi traité la condition féminine au Maroc. Militant et intellectuel, il participe à de nombreuses conférences dans le monde.

Saâd Chraïbi a reçu plus de vingt prix dans des festivals nationaux et internationaux. Il a occupé la fonction de membre, puis de président de plusieurs festivals de cinéma nationaux et internationaux. De 1995 à 2015, il a été secrétaire général de la chambre marocaine des producteurs de films et a participé à l’élaboration de plusieurs textes juridiques qui régissent le secteur cinématographique au Maroc.

En 1970, il devient membre de la fédération nationale des ciné-clubs du Maroc et fonde en 1973 le ciné-club «Al-Azaim» qu’il dirigera jusqu’en 1983.

Imane Brougi (MAP)

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