Karim Ben Amar
Dans un communiqué publié le lundi 2 août en fin de journée, le gouvernement a annoncé des nouvelles restrictions de mobilité et de rassemblements avec extension du couvre-feu qui est désormais fixé, depuis le mardi 3 août à 21H. À Tanger, depuis le «mardi noir», autochtones, touristes et commerçants broient du noir. En plein mois d’août, tout le monde s’accorde à dire que la situation est très délicate. À cet effet, à l’approche de l’heure fatidique, les forces de l’ordre, exhortent mais ne sanctionnent pas les passants retardataires. Dans la perle du Détroit, il est très délicat d’interdire les marches nocturnes, surtout durant les soirs d’été. Quant aux commerces, c’est «l’asphyxie». Tour d’horizon.
À Tanger, rien ne vaut une bonne promenade nocturne en période estivale. Dans l’ancienne Médina où à la corniche fraichement rénovée, toutes les raisons sont bonnes de se retrouver pour une marche agréable. Dégustant une glace ou un maïs grillé, tout le monde s’accorde à dire que Tanger de nuit est aussi une très belle ville.
Mais voilà que depuis plus de dix jours, le couvre-feu est fixé à 21H au lieu de 23H. Vu le nombre grandissant de cas positifs à la Covid-19, le gouvernement a décidé de mettre en place de nouvelles restrictions. Cette décision, très impopulaire est condamnée par le plus grand nombre. Bachir un tangérois habitant le quartier M’sallah condamne fermement cette décision. «En plein été, voilà que les autorités nous demandent de rentrer chez nous à 21H. C’est une situation invivable d’autant plus que les enfants sont en vacances». Le père de famille nous explique que ces restrictions sont très désagréables. Surtout pour les enfants. « Mes deux fils sont habitués pour marquer l’été de sortir en famille jusqu’à très tard le soir, comme c’est le cas de toute la ville. Mais voilà deux ans maintenant que cette situation critique perdure», souligne-t-il.
«Le pire c’est que tous les jours sur les réseaux sociaux, des «fake news» apparaissent sur mon fil d’actualité, annonçant le retour à 23H. Cela n’arrange rien à notre frustration», a-t-il conclu en soupirant.
Il est près de 21H30 ce samedi 14 août dans la place des Nations, lorsque la police investit les lieux. Avec beaucoup de tact, des éléments de la Police Nationale invitent les retardataires à regagner le chemin de leur domicile. «Nous savons que cette décision n’est agréable pour personne. Nous savons pertinemment que cette situation est très délicate, surtout pour les familles en vacances», déclare un jeune policier à une famille assise sur un banc.
Quant aux amendes, un élément de la police a déclaré à l’équipe d’Al Bayane que «dans ce cas de figure, cela n’est pas notre objectif. Nous voulons simplement que les retardataires quittent ce lieu propice au regroupement».
«Nous sommes très conciliants avec les citoyens car se mettre à la place d’autrui est aussi notre rôle. Nous comprenant qu’en plein mois d’août, à Tanger, il est très difficile de se cloitrer chez soi dès 21H. Mais c’est une obligation afin de pouvoir assurer la sécurité sanitaire de tout le monde. C’est notre mission principale, protéger autrui et c’est ce que nous faisons avec le plus de pédagogie possible», affirme-t-il.
Dans le quartier «Playa», les vendeurs ambulants remballent avant de se faire sermonner par les autorités. Vendeurs d’escargots, de pop-corn ou de maïs grillés, tous s’activent avant l’arrivée des véhicules de la police. Hamid, un vendeur ambulant d’escargots occupant sa place depuis plus de 20 ans déclare que cela devient de plus en plus insoutenable financièrement. «Tanger est une ville qui s’active en été à partir de 19-20H. Or, voilà qu’on nous demande de cesser l’activité à 21H. Ceci dit, c’est entre 20H et 02H du matin que la demande est en hausse. De plus, les touristes étrangers sont quasiment absents. Tout cela se répercute directement dans notre portefeuille. Et c’est le cas pour tous les commerçants de la ville», atteste-t-il.
«Les tangérois vivent la nuit durant l’été, c’est un secret pour personne. Mais bon, nous sommes conscients du danger du virus. Au Maroc, c’est désormais plus de 10.000 cas par jour, ce qui prouve que le danger guette encore et toujours». Et de conclure «nous n’avons d’autres options que de prendre notre mal en patience et prier le Tout Puissant pour nous sortir de cette pandémie mondiale qui n’a que trop duré».