Entretien avec le groupe musical Tarwa N-Tiniri
Mohamed Nait Youssef
Tarwa N-Tiniri ou les enfants du désert est un groupe de musique formé par des jeunes musiciens issus du Sud-est marocain, dont l’ambiance est de promouvoir la culture et la poésie amazighes.
Al Bayane: De prime abord, qui est Tarwa N-Tiniri ? Que signifie-t-il ? Et comment a-t-il été créé?
Tarwa n-Tiniri : C’est un groupe musical qui a vu le jour à Ouarzazate au sud-est du Maroc dont le nom signifie les enfants du désert suite aux Sud-est dans lequel nous vivons, et qui se caractérise par sa température élevée et par ses dunes du sable doré. Le groupe a été créé par nous-mêmes grâce à notre obsession à la musique et à notre engagement à notre culture amazighe.
Votre projet musical est puisé essentiellement dans la poésie amazighe et la culture nomade. Parler nous un peu de votre musique, et surtout de vos sources d’inspiration?
Notre musique est fondée sur le style de blues du désert inspirée des groupes d’Afrique du Nord, à savoir Tinariwen, Ali Farka Touré et Lhaj Blàid et les artistes pionniers. Nos rythmes sont puisés des mariages traditionnels de notre région.
Comment écrivez-vous vos chansons ? Et que représente la poésie amazighe pour vous?
Nous écrivons nos chansons qui traitent des sujets sociaux-culturels de la vie quotidienne des Amazighs qui habitent au désert et dans les montagnes. Pour nous, la poésie amazighe doit exprimer et traiter la culture amazighe dont les sujets sont liés essentiellement à la guerre, la paix, la mort et l’amour et à la défense de notre terre.
Vous avez opté pour le blues du désert. Pourquoi un tel choix?
Grace à la région dont nous habitons qui se caractérise par les dunes du sable et le désert. C’est un style qui répond à nos compétences musicales. Sans oublier son ampleur internationale qui peut nous aider à transmettre nos messages.
Sachant qu’une grande partie de l’histoire amazighe en particulier et nomade en général est orale. A votre avis, comment la musique peut-elle préserver la mémoire de l’oubli?
La musque joue un rôle efficace dans ce sens, car elle est la meilleure façon de rester en contact avec tout le monde. Cela veut dire que lorsque le monde écoute tes chansons alors ta culture et tes pensées seront gravées à jamais dans les mémoires. Surtout lorsqu’on joue sur scène, chose qui pousse les gens à chercher davantage d’informations sur la culture défendue dans les chansons.
Vous avez participé en 2017 à Tanjazz et au Visa for Music. Pensez-vous que la musique amazighe a eu une place de choix dans les festivals nationaux?
Notre participation à Tanjazz et Visa for Music était un tournant qui a rendu le groupe international. Concernant la place de la musique amazighe au niveau national, après des années de négligence, on peut dire qu’il y a actuellement des invitations partout à des artistes amazighs qui participent vivement aux activités artistiques.
Quel regard portez-vous sur la nouvelle scène artistique amazighe, notamment avec l’émergence des nouvelles voix, tous les styles confondus?
Selon notre vision, on remarque que plusieurs groupes musicaux sont créés, mais nous comptons sur la continuité. C’est ainsi qu’on peut arriver à dire que notre grand et immense peuple a une excellente place qui mérite son histoire. Alors, on invite les artistes à fournir des efforts immenses pour transmettre nos messages à tout le monde.
Quels sont vos projets artistiques à venir?
Actuellement, on a une chanson single intitulée «IFAW ULNNEGH», ainsi que son vidéo clip qui sera publié le16 juillet 2021. On fait une collaboration avec une artiste Portugallien avec qui on travaille sur un single. Et d’autres surprises pour notre public.