Un gouvernement de classe

Les déclarations des membres du gouvernement montrent la nature de celui-ci, un gouvernement de classe qui ne se préoccupe pas des soucis de l’ensemble de la population.

Devant la flambée des prix à la pompe, le gouvernement choisit de ne rien faire pour stabiliser les prix et préserver, un tant soit peu, le pouvoir d’achat de l’ensemble de la population. Au lieu d’une solution générale qui intervient sur les prix des hydrocarbures, il compte cibler le secteur des transporteurs en leur accordant une subvention pour entraver l’inflation galopante. Le désordre qu’il crée ainsi est préjudiciable à la cohésion sociale et à la consolidation du processus démocratique. Il fissure le font intérieur.

Emprisonné dans une idéologie qui ne prend pas en considération la personne humaine mais seulement le profit subséquent à toute activité, le gouvernement laisse aller et laisse faire ; ce qui arrange une minorité infime d’opérateurs économiques au détriment de l’ensemble de la population. Dans cette approche irrationnelle, la décision elle-même se trouve ballotéeque son adéquation suscite le doute et la réserve.

La population dans son ensemble ne se trouve pas dans un reniement des faits ayant conduit au renchérissement des hydrocarbures, des matières premières et des produits de première nécessité. Elle n’a pas besoin de leurs rappels par le triumvirat composant la majorité parlementaire et le gouvernement chaque fois qu’il aborde la situation pour se décharger de la responsabilité qui lui incombe. Elle a besoin d’une action gouvernementale judicieuse à même de faire face à ces faits au mieux du bienêtre de l’ensemble des habitants de notre beau pays.

Faut-il le rappeler ?Que les salaires des membres du gouvernement, de leurs collaborateurs et des privilèges qui leurs sont alloués, sont payés par l’argent du contribuable et que personne d’autre, à part ce contribuable, ne donne un centime de sa fortune pour alimenter la caisse de compensation dans ce qu’il lui reste« pour le soutien des prix du gaz butane, du sucre et farine nationale du blé tendre ».  Cela impose de la pudeur à celles et ceux dont les compétences doivent se mettre en œuvre pour réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales au lieu de « bomber le torse » sur le dos de la compensation comme si son existence dépendait de leur générosité.

Comme les temps sont durs pour ce gouvernement introverti sur son bizness, seul le Ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sportsfait encore référence au nouveau modèle de développement, filiation oblige. L’impression, que donne l’action gouvernementale, est que ce projet,appelant à une mise à niveau par la réforme pour « libérer les énergies et restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous », va devenir un document relique.

L’âme gouvernementale est loin de la nécessité de la régulation, de la reddition des comptes et des initiatives qu’exige« le changement, nécessaire et urgent ». La politique sociale reste un vœu appelé à se réaliser un certain jour quand « les préalables nécessaires à l’opérationnalisation » de cette politique seront réunis. Dans l’attente, le couffin de Ramadan servira de cataplasme à la souffrance de celles et de ceux qui ont pu l’avoir en avalant leur dignité. 

La confiance dans le politique, déjà malmenée, se trouve encore en régression. La déception est réelle devant l’apathie du gouvernement et son mépris de classe. Mais, ne dit-on pas que celui qui n’avance pas recule ! Le discours, enveloppé par les lauriers du passé, cache mal la désillusion. 

En un temps du siècle dernier, en symétrie avec l’actuel, en 1978, l’éminent Abdelaziz Belal (Qu’il repose en paix) clôturait les travaux d’un colloque du Parti du Progrès et du Socialisme tenu sous le thème « Pour une économie nationale indépendante au service de la patrie et du peuple ». Prémonitoire déjà dans les analyses présentées concernant la situation générale de l’économie nationale et de ses rapports de dépendance avec l’extérieur, il appelait à « une politique économique et sociale nouvelle, de rupture avec le libéralisme économique ».

Les effets de la crise sanitaire et celles de la guerre en Ukraine, les conséquences que subissent les masses populaires, les limites avérées de la mondialisation et la nécessité du développement de la souveraineté nationale redonnent une actualité à son appel de redressement et de rénovation nationale. La résilience économique et sociale doit répondre aux besoins de la population dans son ensemble pour « libérer les énergies et restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous ». Au gouvernement d’agir dans ce sens.

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