Un Maroc solidaire et juste, la seule parade

La pandémie creuse le fossé des disparités

La pandémie de la covid-19 a mis à nu l’immense et grave fragilité sociale dans notre pays.

Il n’y a qu’à jeter un regard, dans nos rues et devant nos commerces (pâtisseries, épiceries…) sur ces nouveaux pas de citoyens que la pandémie a mis à rude épreuve.

Pour preuve, les personnes (et donc familles) qui ont bénéficié du fonds d’aide créé par SM le Roi Mohammed VI, sont officiellement chiffrées.

Au moins 4 millions de familles avaient déjà reçu le pactole réservé aux Ramédistes, soit de 800 à 1200 DH en fonction du nombre de personnes la constituant.

A celles-là, il faudra ajouter plus d’un million de familles ou de personnes travaillant dans le secteur informel, ainsi que les trois quarts de million d’adhérents à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), qui, eux, ont eu une indemnité mensuelle de 2000 DH.

Cependant, entre ces catégories sociales, il y a de grands oubliés. Ceux qui n’ont pas bénéficié, depuis trois mois, de ces aides et qui sont estimés à près de deux millions de personnes, dont celles que le web a exclus et celles qui travaillaient dans le secteur privé sans jouir de la protection sociale, pourtant obligatoire.

Les autres victimes de l’exclusion figurent, globalement, dans le monde rural et montagnard mais aussi parmi la population périphérique des villes (les non digitalisés, les Ramédistes et ceux dans l’informel qui n’ont même pas reçu d’avis de refus de l’aide…!

Des chiffres scandaleux et alarmants

Faites le compte de tout ce monde mis à la marginalisation et à l’exclusion. La nation marocaine, tant vantée avec ses premiers rangs au niveau du monde arabe et africain, n’est qu’un petit géant aux pieds d’argile, au risque de s’effondrer sans possibilité de reprise en mains.

Au total, nous sommes devant un chiffre scandaleux et alarmant, une vraie bombe sociale qui, à défaut d’exploser, restera un handicap insurmontable pour le pays s’il aspire, comme il vient de le confirmer en début d’épidémie, à devenir émergent et à nouer avec le progrès et la justice sociale.

L’on disait, à raison, que le Maroc ne pouvait pas avancer, en unijambiste, quand il n’impliquait que sa moitié « homme » et délaissait les femmes.

Aujourd’hui, si nous avons avancé à pas de tortue sur ce plan, le danger est encore plus visible, palpable et fort menaçant, à court terme. C’est la bombe démographique et sociale qui plane du nez.

Et notre malheur ne vient pas uniquement de notre milieu rural fortement délaissé et source de tous les exodes et de nombre d’écueils sociaux en milieu urbain. Il est présent, en grand nombre, dans nos villes et périphéries, sans espoir, ni espoir de survie.

Les inégalités et les disparitions sociales étaient déjà criantes, avant la pandémie.

Une bombe à retardement…

Aujourd’hui, la pauvreté va atteindre d’autres franges sociales, victimes, en première ligne, de la perte de l’emploi et du confinement qui a obligé les familles, face aux incertitudes de demain, à dépenser ce dont elles disposaient pour ne pas «mourir» de faim…

L’on assiste impuissants, aujourd’hui, à des gens dignes que la vie a trahi et qui font la manche, avec une grande dignité, tablant uniquement sur la sensibilité des populations supposées plus aisées…

Cette situation remettra en cause les progrès réalisés, durant les deux décennies du nouveau règne, en laissant pour compte de nouvelles franges sociales, y compris parmi la classe moyenne qui a relancé la consommation et «busté» la croissance et tous les chiffres, sachant que de grandes entités «industrielles» et commerciales connaîtront des ralentis plus ou moins prolongés, au moins durant les deux prochaines années. Car, effet de boomerang oblige, la crise internationale aura des impacts notables, notamment, sur le secteur du tourisme avec ses segments hôtellerie, restauration, agenciers, transport aérien…

L’on assistera à un effet de tassement et de dégradation sociale sans précédent, avec des dégringolades inimaginables. Les fossés, entre catégories sociales, s’approfondiront, faisant creuser davantage les disparités sociales et spatiales.

Mettre le pays au travail

C’est pourquoi il est extrêmement urgent de prévoir un redressement général, qui englobera le lancement des grands travaux et des chantiers porteurs, en matière d’agriculture, de travaux publics, de tourisme durable, etc.

Les terres de l’Etat existent et ne sont pas exploitables. Les pouvoirs publics avaient promis d’en distribuer quelques millions de hectares aux agriculteurs moyens. La petite paysannerie et les petits fellahs ont droit aussi de vivre, en exploitant la terre.

La jeunesse rurale, au lieu de n’avoir comme seule échappatoire que le seul exode rural et l’informel, devra être associée, sans tarder, aux chantiers de l’édification d’un véritable Maroc solidaire.

Et puis, on ne réinvente pas la roue, il suffit de faire preuve de bonne intelligence afin de tracer un avenir commun du mieux vivre ensemble.

C’est la seule parade à l’ambiance menaçante, tuante.

Mohamed Khalil

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