Les droits de douane appliqués au blé tendre et ses dérivés seront revus à la hausse. Le droit d’importation passe ainsi de 30% à 135%. Il s’agit là d’une régulation technique activée à chaque fois en fonction de la situation des stocks de sécurité et de la récolte céréalière prévue au titre de la campagne agricole 2016/2017.
L’adoption de cette mesure vise normalement la préservation des prix de commercialisation de la production nationale et des intérêts des paysans. Néanmoins, cette protection de la production nationale en externe risque de ne pas avoir l’effet escompté sur l’agriculteur dans la mesure où les prix de référence fixés par le département de tutelle sont rarement respectés et appliqués. L’intermédiation fausse le jeu!
Qui profite vraiment des prix de références du blé fixés par le ministère de l’Agriculture à la veille de la récolte céréalière? Certainement pas le petit paysan, estime Mohamed Chiguer, économiste et président du Cerab. Pour lui, le paysan reste le parent pauvre de la filière céréalière au Maroc, et cette mesure protectionniste de la production en externe (hausse des droits de douane appliqués sur le blé tendre et ses dérivés) ne garantie aucune assurance pour l’agriculteur qui subit pleinement le poids de l’intermédiation au niveau du marché local. Le paysan se trouve obligé d’écouler sa récolte à un prix inférieur à celui fixé par le département de tutelle pour couvrir ses charges et honorer ses dettes.
My Abdelkader Alaoui, président de l’Union Nationale des Coopératives Agricoles Marocaine (UNCAM), souligne dans une déclaration à Al Bayane, que l’«augmentation des droits de douane sur le blé tendre est une disposition appliquée à la veille de la récolte, notamment quand celle-ci est bonne ». De son avis, l’importation du blé tendre sur le marché mondial en cette période de l’année coutera plus cher, soit 305 dirhams le quintal contre 270 dirhams, prix de référence fixé sur le marché local. Le président de l’UNCAM explique que la levée de cette restriction douanière reste tributaire de l’évolution de la récolte.
Pour rappel, la Chambre des représentants vient d’adopter à l’unanimité, le projet de loi n°19-17 portant modification du droit d’importation applicable au blé tendre et ses dérivés. Cette disposition explique Boussaïd, ministre de l’Economie et des Finances, permet au gouvernement d’augmenter de 30% à 135% les droits de douane appliqués au blé tendre, en vue de préserver les prix de commercialisation de la récolte nationale de ce type de blé.
Il a rappelé à cet effet que les prévisions tablent sur une récolte nationale de blé tendre de plus de 49 millions de quintaux cette année, contre 23,3 millions de quintaux de blé dur et 28,9 millions de quintaux d’orge. Et d’ajouter que, compte tenu de l’abondance de la production locale et la baisse des prix sur le marché international, le maintien de la taxe sur l’importation en vigueur à 30% aurait été préjudiciable aux agriculteurs marocains.
Fairouz El Mouden