Une vision pour redresser les défaillances

Les premières assises de la protection sociale, qui ont démarré hier à Skhirat, ont réuni tout le gotha politique, économique et social avec pour objectif de doter ce système d’une nouvelle vision intégrée et pérenne.

Aujourd’hui, le système souffre d’une série de défaillances, comme l’ont rappelé conjointement le chef du gouvernement et le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance. En effet, le système de protection sociale a été développé de manière fragmentée dans la mesure où il englobe plusieurs programmes indépendants les uns des autres. Lahcen Daoudi reconnaît l’absence d’une vision globale avec des objectifs clairs et précis.

Ce qui le pousse àattribuer ces failles à la mauvaise gestion et non à la faiblesse des ressources financières. En clair, la protection sociale s’enfonce dans un processus de défaillances. Celles-ci ont fait l’objet d’une étude réalisé par le département des Affaires générales en collaboration avec l’Unicef. La critique qui revient le plus souvent concerne d’ailleurs la fragmentation du système. En effet, le système se compose à la fois d’une composante contributive (CMR, RCAR, CNSS, CNOPS), d’une composante partiellement contributive (RAMED) et d’une composante non contributive (Taysir, INDH, Kafala…).

Chaque composante se caractérise est, elle-même, fragmentée. C’est le cas notamment de l’assurance sociale, qui constitue la branche la plus contributive de la protection sociale. Elle se caractérise par sa faible couverture ainsi que sa fragmentation en termes de financement, de condition d’octroi et d’administration.

Le régime de pension, une des branches de l’assurance sociale, offre une couverture limitée. Seulement 20% des personnes âgées de plus de 60 ans touchent une pension de retraite. L’extension de la pension devrait se faire en même temps que l’extension de l’AMO aux indépendants, celle-ci étant associée à un régime de pension pour encourager les indépendants à déclarer leur revenu réel et afin d’assurer une continuité de la couverture maladie après l’âge de cessation d’activité professionnelle.

Dans le domaine de l’habitat, les politiques publiques restent confrontées à certaines limites liées à l’absence d’une approche globale et intégrée au niveau des agglomérations urbaines, une croissance des bidonvilles plus importante que le rythme de résorption et une insuffisance des mesures d’accompagnement comme par exemple la réalisation des équipements sociaux et la création d’emploi.

De leur côté, les programmes de promotion de l’emploi affichent des résultats globalement positifs, mais restent très couteux. Sans oublier les déficiences  en matière de ciblage des bénéficiaires et de couverture géographique. Les jeunes chômeurs diplômés restent la principale cible des programmes, les jeunes désavantagés et non diplômés étant insuffisamment visés.

De plus, les programmes ont bénéficié surtout aux entreprises du secteur formel, occultant les PME qui pourtant représentent l’essentiel du tissu économique. L’évaluation en termes de durée d’insertion dans l’emploi, de couverture sociale, et de ciblage des régions défavorisées des programmes reste quasi inexistante.

Hajar Benezha

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