Œuvres hors du commun

satisfaction des organisateurs et des artistes participants (une centaine d’artistes marocains contemporains, toutes générations et tendances confondues) des résultats affichés et de large rayonnement auprès du grand public.

Placée  sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette manifestation  a été marquée par un programme éclectique regroupant toutes les formes d’art contemporain (peinture, sculpture, photographie, installation et performance) ainsi que tous les styles et les techniques de la figuration à l’art conceptuel en passant par l’abstraction, l’art brut, l’expressionnisme le fantastique et l’insolite.

Malheureusement, cette manifestation artistique de grande ampleur n’a pas été assurée par le soutien conventionnel des responsables locaux ainsi que par la présence des acteurs concernés, en l’occurrence les responsables du Musée Mohammed VI d’Art moderne et  contemporain. En dépit de  toutes les contraintes d’ordre matériel, elle a été  rehaussée  par la participation  de nos confrères artistes palestiniens en tant qu’invités d’honneur tels que  Annani Nabil, Fathi Ghaban, Raafat Asaad, Tahani  Sakik, Jawad Ibrahim, Faiz Sarsaoui, Iyad Ramadan Sabah, Ibrahim Jawabra,  Barakat Tayssir et bien d’autres encore. Sur cet événement, premier dans son genre au Maroc, Abdellatif Zine, président du Salon et président de  l’Association  nationale des arts plastiques, nous a confié : «Un Salon d’une telle envergure doit, en effet, être à la hauteur de la vivacité des arts plastiques, de leur richesse et de leur créativité, avec une commission de sélection des travaux de haut niveau, qualifiée et objective, et un comité scientifique pour la programmation et la supervision des activités parallèles aux expositions: conférences, colloques, séminaires et publications. Certes, l’accord de principe est acquis, mais il n’a pas encore eu de suite. L’appel est relancé. A nous, acteurs du secteur, de le porter et de le défendre. Tous ensemble pour un Maroc créatif.»

Dans une allocution contenue dans le guide du Salon, le ministre palestinien de la Culture, Zyad Abou Amr, a souligné que «la participation de la Palestine à cette activité dédiée aux arts plastiques, en présence d’une pléiade d’artistes créateurs et distingués, constitue un immense hommage rendu à la Palestine et à son peuple qui lutte pour la liberté et l’indépendance».

Dans une ambiance accueillante, cet   événement de grande ampleur au Maroc a accordé une priorité au dialogue des artistes plasticiens de talent, toute tendance artistique confondue : figuration et nouvelle figuration, sculpture, installation, abstraction, art brut, expressionnisme, art conceptuel…

Par rapport à la figuration académique, les artistes  exposants (Karmane Abdelfattah,  Boukhari Hassan, El Wardi Noureddin et El Majtouti Mohammed) ont su développer un  réalisme expressif  qui  se matérialise en un monde de formes  et de couleurs. Ils sont  doués d’une vision profonde et méticuleuse, allégorie du voyage libérateur pour le conscient. Un acte qui fusionne iconographiquement des impressions intérieures et extérieures, volontaires et intuitives, éveillées et endormies, il convient d’écouter la peinture dans sa  fascination impulsive et  son autonomie expressive : chaque  tableau clame, exige et émet une énergie créatrice.

Quant aux artistes néo figuratifs et expressionnistes (Abdellatif Zine,  Aachati MLohammed, Amour Mounia, Atlass Aloui Hassan, Arzima Abdelhak, Aziz Abou Ali,  Azzam Medkour,  Bakkari Mohamed, Bakkour Mohamed, Beyassemine El Mostafa, Guessous Fouzia, Boumaaza Nouredine, Ferras Hakim, Bouaziz  Louz Driss,  Hachchane Hassan, Idrissi  Fazazi Driss, Messek Said, Morabit Ahmed,  Nouar  Abdeslam, Qodaid Said, Salim Abdelhak, Sarhani Mohamed, Tabit Karim, Zabbita Ahmed,  et Zizi Rachid), ils   manient  en même temps le dessin et la peinture, en  arrivant  à  un phénomène visuel  particulier. Les tailles polychromes de l’œuvre sont  organiques et consistantes permettant d’entrevoir ce qui est aujourd’hui en peinture, sa dernière métamorphose.

Pour leur  «fixation» sur l’expression, ils  se trouvent en bonne compagnie, partageant cette affinité avec les artistes éminents de l’art moderne. Un langage pour traiter avec l’œil et  l’esprit, une grammaire du trait, l’essence du motif : éléments  susceptibles de s’appliquer au langage plastique  de ces artistes, en leur  rigueur, leur  diversification, leur  fluidité. Ils  croient et font  croire en la puissance et la richesse infinie de la nouvelle figuration.
Les artistes abstraits  exposants (Abdelkrim Ghattas, Abderrahmane Rahoule, , Afezyoum Said,, Abdous Abdelaziz, Arjedal Rachid,  Afilal Khadija, Azz Aicha, Bahmane Hassan, Belmahdi Youssef,  Benchkroune Hasnaa, Bakhchi Mustapha, Bouidi Ahmed, Boustane Mohamed, Bouziane Mohamed, Chalal, Cherif Mohammed,  El Aidi Abdelhadi, El Azhar Bouchera, El Bekkay Mekkaoui, El Bouhtouri Abdelkebir, El Hajjaji Fatima, El Haji Mohammed, Essaghir Ahmed, Fninou Abdellah, Fraoussy Bahija,  Hafidi Mohammed, Kadmiri Sabiha,  Kninir Fatima, Khamlichi Hiba, Lahlou Dounia, Abdelfattah Hraoui,  Abdelkader Kamal, Hanine Brahim,  Mountassiir Mohammed, Khasssif Mohamed, Madrane Noureddine, Mahi Chafik Idrissi,  Mazri Mustapha, Mezouar Wafaa, Moslim Said, Naffi Mostafa, Nabili Mohamed, Najahi Mohamed, Sanoussi Mohamed, Taleb Rachid, Touiss Monia, Taibi Salah,   Warrak Mostafa et Zouhari Youssef) abordent  le dessin avec une main de virtuose, en mettant en toile le premier jet de la création. Ils  considèrent l’acte pictural  comme une forme de communication autonome, complète, capable de tous les effets et de toutes les expressions. Plus encore, le jet abstrait spontané  impose  son intensité par son rythme  et l’opacité  de son rendu, pour inscrire et construire ses formes. Bien que l’œil entraîné capte la force et la sûreté du trait  sous la substance et les accords de la couleur, la peinture abstractive  affirme sa  singularité par sa densité et la texture de la matière.

Le salon nous  a offert  également l’occasion  pour apprécier quelques facettes de l’art  fantastique et  insolite à travers   les  œuvres des artistes oniristes exposants (Al Harah Toufa, Ajnakane Mohamed, Azz Abdellah,  El Harti  Mustapha, Zizi Hafida,  Ghorbal Abdelkader, Lahcini Said,  Trifis Abderrahim,Elatrach Abdellah, Chahidi Abdelilah, Zouitina Abdelmajid, El Hanaoui Abderrahman, Kabboua Mohamed  et Tabal Mohamed).  Ils  expriment  le fruit de leur  imagination à travers une peinture  étrange  qui  donne naissance à des créatures fantastiques voire merveilleuses. En recherche permanente de créations originales où le sujet  hybride   est toujours mis en scène, ces artistes ont  le don de nous émerveiller et de nous surprendre. Depuis plusieurs années, ils  font partager leurs  œuvres au public à travers des expositions et ont déjà obtenu de nombreux prix récompensant leur talent.

Concernant  la sculpture  moderne, les artistes  exposants (Khalid Atlas, Ghouzouala Mohammed, Hajhouj Mohamed, Saad Bouhmala,  Agouram Elazizi Ahmed, Rahhaoui Driss) se soucient davantage de créer de nouvelles structures visuelles pour communiquer leurs histoires, réelles ou imaginaires, comme leurs expériences. Le point de départ n’est plus la matière et la technique de l’installation  ou de la sculpture, mais un concept, une idée ou une histoire qui sera ensuite matérialisée. Jusqu’à un certain point, on peut même dire que l’originalité du geste artistique est portée par l’originalité des constructions hybrides  qui peuvent impliquer des matériaux et des organisations spatiales très divers. Tous ces artistes  proposent  d’explorer les diverses formes de l’art sculptural moderne  en mettant l’accent sur leurs  compositions  originales  et en donnant une primauté  à la mise en forme de leurs récits visuels et  narratifs. Leur acte sculptural n’est pas  un acte  très codifié et assez fermé. Il fonctionne sur le principe du détournement comme figure rhétorique, en invitant le récepteur à repenser l’œuvre d’art dans sa dimension latente.

Dans l’œuvre de ces artistes, la critique relèvera une référence au travail de recherche consistante. Ce qui est valorisé n’est plus l’organisation du visible comme dans l’art classique mais la pulsion, la création et l’action. Les  sculpteurs  exposants  valorisent la fonction créative de l’art par rapport à l’imitation. Ils  rendent  visible l’activité organisatrice du percevoir et élabore tout  un  programme métaphorique : le monde transformé par le percevoir.  Leur  art moderne réagit contre l’imitation  qui termine le programme de mise en ordre du visible. Ces  talentueux sculpteurs animent  le théâtre de la sculpture. Ils  renoncent à la théâtralité classique fondée sur la mise en scène perspective et le sujet. Ils  cherchent une théâtralité fondée seulement sur la sculpture. D’après une critique comparative, ils  cherchent à faire des sculptures qui se contentent de se présenter au spectateur, de les regarder. Ils  s’efforcent de faire en sorte que chaque portion de la surface regarde le spectateur en face. C’est ce que les théoriciens appellent le face à face de la sculpture  et de ses spectateurs. Cette recherche trouve un support particulièrement adapté dans la sculpture contemporaine. Parce que cette sculpture suppose un objet de regard pour un public avisé. C’est toute la surface qui regarde le spectateur en face : champs interactif reposant sur l’articulation entre la surface et la profondeur. Ils  animent la profondeur sur la surface. C’est toute la sculpture  qui nous fait face. Ce n’est pas la position de notre regard qui détermine la structure interne de l’œuvre  et notre relation avec elle. Une forme de  nouvelle sensibilité est née.

Dans les registres photographiques (El Himer Mourad, Hadimi Youssef, Nadim Hassan et Zahra Algo), ce n’est plus le sujet qui gouverne l’image, mais plutôt l’organisation des masses et des lignes de construction à partir d’un point de vue plastique.  Les artistes illustrent   des moments bien précis qui resteront à jamais gravées dans les mémoires collectives. A l’image d’une penture, la photographie devient  un acte interprétatif.   Plus fondamentalement, c’est la façon dont les photographes   représente un sujet et notamment la place qu’il adopte face au motif qui est en question. Que reste-t-il du document ? Une œuvre, sans aucun doute…

Top