Yémen
Plusieurs explosions ont fait au moins dix morts et des dizaines de blessés mercredi à l’aéroport d’Aden lorsqu’un avion transportant le nouveau gouvernement d’union est arrivé dans la capitale provisoire du Yémen en guerre.
Selon un correspondant de l’AFP, au moins deux explosions se sont produites lorsque l’avion a atterri et que les responsables ont commencé à sortir de l’appareil.
Des sources médicales ont fait état d’au moins dix morts et de dizaines de blessés.
Une source sécuritaire avait auparavant fait état auprès de l’AFP de plusieurs blessés, mais aucun parmi les ministres présents.
Des bruits d’explosions et de coups de feu ont retenti avant qu’une épaisse fumée noire ne jaillisse d’un bâtiment de l’aéroport tandis que des débris étaient projetés alentours, suscitant la panique parmi les personnes présentes, selon les images diffusées par la chaîne de télévision saoudienne Al-Hadath.
« Nous allons bien », a tweeté le nouveau ministre des Affaires étrangères Ahmed ben Moubarak.
Dans un pays pauvre dévasté par les conflits, le nouveau gouvernement yéménite d’union rassemblant des ministres pro-pouvoir et des séparatistes du Sud a été formé le 18 décembre sous l’égide de l’Arabie saoudite.
Ces deux camps qui se disputaient le pouvoir dans le sud restent en principe alliés depuis six ans contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés d’une grande partie du nord du pays, dont la capitale Sanaa.
Le ministre de l’Information Mouammar al-Iryani a accusé sur Twitter les rebelles Houthis d’avoir mené cette « attaque terroriste ».
Le Premier ministre Maïn Saïd a également évoqué un « acte terroriste lâche », sans toutefois accuser nommément les Houthis. « Cela ne fera qu’augmenter notre détermination à remplir nos devoirs », a-t-il tweeté.
Les Houthis, mais aussi les groupes jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique, ont par le passé mené des attaques visant le gouvernement yéménite et ses partisans.
De profondes divisions avaient éclaté ces dernières années entre les partisans du gouvernement et les séparatistes au sein du même camp anti-Houthis. Une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite intervient depuis 2015 au Yémen.
Pour resserrer les rangs, Ryad a négocié un accord pour le partage du pouvoir dans le Sud et tentait depuis plus d’un an de former un nouveau gouvernement d’union afin de maintenir l’unité de la coalition face aux Houthis, sur le point de contrôler Marib, dernier bastion du gouvernement dans le Nord.
La guerre au Yémen a plongé ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, dans la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, avec une population au bord de la famine et menacée par les épidémies.
La formation du nouveau gouvernement et son arrivée à Aden interviennent à trois semaines de l’investiture du président américain élu Joe Biden, très critique à l’égard de l’Arabie saoudite.
Le futur hôte de la Maison Blanche n’a pas manqué de critiques envers Ryad, sur fond de controverses récurrentes sur les violations des droits humains dans le royaume et sur le désastre humanitaire au Yémen.