Ramadan et les activités commerciales saisonnières

Tanger 

Karim Ben Amar

Le mois de Ramadan est une période où les jeûneurs consomment différemment que le reste de l’année. Salés, sucrés, fruits exotiques, les marocains cèdent très facilement à leurs caprices… jeûne oblige. Le mois Sacré est aussi l’occasion pour de nombreux jobs d’apparaitre. C’est le cas aussi à Tanger où dans les coins des rues, les jeunes commercent. Jus en bouteilles, biscuits et produits étrangers, jus d’orange pressés, leurs «étales» sont copieusement garnis. Pour la plupart, il s’agit de jeunes natifs du quartier où ils opèrent. Pour certains, l’objectif de cette activité saisonnière est de se faire un peu d’argent de poche. Pour d’autres, elle permet de contribuer aux dépenses quotidiennes engendrées par le Ramadan. Tour d’horizon.

Ce mois de privation est curieusement la période de l’année où les foyers consomment le plus. Jusqu’aux derniers instants de jeûne, les marocains font encore les dernières emplettes.

«Il manque toujours quelque chose sur la table du Ftour des jeûneurs, c’est pour cette raison que les gens font leurs courses jusqu’à la dernière minute», affirme M’rini, un vendeur occasionnel habitant le quartier de Dradeb.  Et d’ajouter «c’est d’ailleurs avec les retardataires que nous faisons une partie de notre chiffre d’affaires quotidien».

Quant aux produits qui ont le plus de succès, ce trentenaire signale que «les jus en brique et en bouteille ont la côte durant le mois de Ramadan. «Les jus importés d’Espagne (contrebande) s’écoulent très rapidement au même titre que les natillas (flan façon ibérique)».

«Avec un prix compris entre 6 et 12 Dhs, selon la quantité (500Cl et 1L), cela reste très raisonnable comparé aux produits marocains. De plus, le client préfère le jus espagnol, de meilleure qualité et plus gouteux d’après l’acheteur», a-t-il indiqué.

En réponse à une question concernant le bénéfice réalisé sur chaque pièce écoulée, M’rini déclare que «cela ne dépasse pas 2 Dhs pour les jus et 1 dh sur les natillas mises en vente à 3 Dhs l’unité, soit 1 Dh plus cher que les yaourts locaux».

«Comme toute activité commerciale, il y a des jours avec et des jours sans. En moyenne, nous pouvons tirer par jour jusqu’à 100 où 150 Dhs. Le vendredi, jour de foule, on talonne les 200 Dhs, somme aucunement négligeable en ces temps très difficiles où le travail se fait rare», a-t-il relaté.

Père de trois enfants, ce trentenaire sans travail depuis le début de la pandémie rapporte que le bénéfice journalier lui permet de palier aux besoins élémentaires de son foyer. «Je préfère grappiller quelques dirhams grâce à cette activité saisonnière plutôt que de rester les bras croisés», conclut-il.

Un peu plus au Sud de la ville, dans l’ancienne Médina et plus précisément dans le quartier de «Saqaya», l’équipe d’Al Bayane est allée à la rencontre de Omar et Othmane, deux jeunes lycéens reconvertis en vendeurs de jus pressés à l’occasion du Ramadan. Très motivés, ils commencent leur journée assez tôt, les tangérois étant réputés lèves-tard. «Nous sommes postés à la place «Saqaya» dès 11 H afin d’engranger un peu plus de bénéfice, surtout que jusqu’à 14-15H, nous n’avons presque pas de concurrence».

Vendant du jus d’orange pressé, les prix appliqués par ces deux compères varient selon la tête du client, «si la personne est un habitant du quartier ou un intime le litre est facturé à 15 Dhs au lieu de 20 Dhs, soit une remise de 25%».

En bon gestionnaire, il souligne que cela leur permet d’écouler plus facilement leurs stocks puisque les oranges sont périssables. «Pour 30 Dhs vous avez 2 litres de jus d’orange frais, c’est très honnête», ajoutent-t-ils.

«Le kilogramme d’oranges à jus s’élève à 5 Dhs dans les marchés tangérois, donc même à 20 Dhs le litre, c’est très abordable. D’ailleurs, grâce à Dieu, l’activité nous permet de dégager un bénéfice», ont-ils certifié.

«D’après nos prévisions et avec le bénéfice généré par l’activité, Omar et moi avions prévu d’acheter de nouvelles baskets et pourquoi pas quelques vêtements de sport», conclu Othmane, natif de l’ancienne Médina.

Le mois sacré du Ramadan est donc aussi la période où des milliers de marocains s’adonnent à des activités commerciales saisonnières, au grand bonheur des commerçants saisonniers qui réalisent des bénéfices, mais aussi des passants et riverains qui grâce à ces «mesas» (présentoirs en espagnol), comme on les appelle à Tanger, peuvent toujours compléter la table du Ftour.

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