Bouchta El Hayani réinterroge la condition humaine à travers son œuvre. Il y remet en question l’existence humaine via la peinture, influencé par son contexte, son vécu. Bouchta El Hayani reste attaché à ses racines africaines, d’où son choix des couleurs terre.
Al Bayane : Parlez- nous de votre participation à l’exposition collective «Quatre mains, une expérience» organisée à l’espace Expressions CDG?
Bouchta El Hayani : C’est l’initiative de la fondation CDG. Elle voulait 4 artistes ayant des points communs entre eux. Au niveau des tempéraments, du choix de la gamme de couleur, les quatre artistes se rapprochent un tout petit peu. Quand on voit la gamme des couleurs, on a l’impression, au-delà du changement des thèmes, que cette exposition a été faite par une seule personne.
Peut-on dire que vos œuvres incarnent l’humain face à son destin menacé par les guerres?
Pour moi, la présence du corps humain sur mes toiles a commencé à partir de la guerre du Golfe parce que finalement l’artiste vit dans une société qui l’influence. Pendant cette guerre, la mort et la guerre ont tout ravagé. Or, il y avait aussi cet homme qui s’accroche à la vie. Je me suis donc demandé : est-ce que l’homme a finalement perdu le sens de l’importance de l’humain ? Quand on est face à la télévision, la mort est présente. La guerre est devenue un spectacle à la limite normal. Tout se passe comme si on regardait un film d’horreur et de guerre. C’est à partir de là que j’ai commencé à représenter ce corps. Ce corps dépouillé de tout maquillage, sans yeux, sexe, cheveux. Je voulais qu’on voie un Homme de la tête jusqu’aux pieds. Je voulais qu’on voie l’Homme dans sa totalité et sans spécificités. Bref, l’homme dans son sens le plus large.
Pourquoi le choix des couleurs terre comme gamme de travail?
Pour le choix des couleurs, quand j’étais à la cité des arts en 1998, j’étais à côté d’une petite galerie d’art africain. Et je me suis dit, qu’il fallait que je quitte l’Afrique pour découvrir l’Afrique. Heureusement, aujourd’hui il y a un musée, car dans le temps, il n’y avait pas de musée. Il y avait très peu de galeries à l’époque. Quand j’ai vu ces œuvres africaines, elles étaient dépouillées de tout. Ce sont des couleurs terre mais une force se dégageait de ces œuvres. Ça m’a beaucoup touché ! Et ma gamme de couleurs a viré vers les couleurs terre.
Naît Youssef