Ce mardi, Abdelkader Bensalah, 77 ans, Président du Conseil de la Nation a été nommé, par le Parlement algérien, comme président par intérim pour une période de 90 jours conformément aux stipulations de la Constitution.
Mais bien qu’ayant eu lieu en application des dispositions constitutionnelles, cette nomination va à l’encontre du souhait de la majorité des algériens qui sont immédiatement descendus dans la rue pour la dénoncer quand bien même le nouveau président par intérim a, dès sa nomination, promis de «travailler à concrétiser les intérêts du peuple».
Dans un message adressé, dans la soirée, à la Nation, Abdelkader Bensalah a tendu «une main sincère et loyale» au peuple algérien «pour surmonter les divergences» et pour s’investir «dans une action collective historique à la hauteur des défis de l’étape». Soucieux, par ailleurs, de poser les «fondements de l’Algérie du futur», il s’est même engagé à créer «en concertation avec la classe politique et civile citoyenne (…) une institution nationale collégiale, souveraine dans ses décisions»; à charge pour cette dernière «de réunir les conditions nécessaires de préparation et d’organisation d’élections nationales honnêtes et transparentes». Il a également promis de construire le «nouvel édifice juridique qui ouvrira la voie à la mise en place d’un tout nouveau système politique répondant aux aspirations du peuple».
Mais même si Abdelkader Bensalah promettait la lune aux Algériens, ceux-ci n’en voudraient pas pour la simple raison que le personnage reste, avant tout, un pur produit de l’ancien régime et un fidèle de Bouteflika. Il a siégé à la tête des deux chambres du Parlement, exercé la fonction d’ambassadeur et il préside, depuis 2002, le Conseil de la Nation.
Personne n’en veut si l’on en croit le quotidien gouvernemental «El Moudjahid». Connu pour transmettre les messages du pouvoir, ce quotidien a, dès mardi matin, suggéré, dans son éditorial, d’écarter Abdelkader Bensalah au motif que celui-ci ne serait pas «toléré par le mouvement citoyen» car ni l’opposition ni même «une partie des représentants des formations politiques de la majorité des deux chambres du Parlement» ne souhaiteraient le revoir aux commandes de l’Etat.
Pour rappel, c’est ce même Abdelkader Bensalah qui, depuis l’AVC dont a été victime Bouteflika en 2013, avait coutume de représenter le chef de l’Etat lors de manifestations officielles aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. D’ailleurs la dernière apparition officielle de ce cacique d’un système dont les Algériens ne veulent plus a eu lieu le 31 mars dernier lorsqu’au sommet de la Ligue arabe à Tunis, c’est Abdelkader Bensalah lui-même qui avait occupé le siège de l’Algérie.
Mais que va-t-il donc se passer dans cette Algérie en pleine ébullition où le vide s’installe alors que même l’application de l’Article 102 de la Constitution supposée suppléer à la vacance du pouvoir et permettre d’en assurer une transition pacifique et ordonnée pose problème dès lors que l’intérimaire est lui-même rejeté par la rue algérienne au même titre que celui qu’il a été appelé à remplacer ? Le «vendredi de tous les dangers» n’étant pas loin, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi