Colombie : Les dissidents déterrent la hache de guerre

Attendons pour voir….

Nabil EL BOUSAADI

Après l’attentat à la voiture piégée qui, en 2019, avait visé l’école de police de  Bogota et fait 22 morts malgré la signature, par le gouvernement colombien, d’un accord de paix avec les FARC en 2016 à Cuba, le président Ivan Duque avait mis un terme au processus de paix engagé et rompu les négociations que son prédécesseur, Juan Manuel Santos, avait entamé avec l’ELN (Ejercito de Liberacion – Armée de libération nationale) et en Juin dernier, l’hélicoptère à bord duquel se trouvaient le chef de l’Etat et ses ministres de l’Intérieur et de la Défense avait été la cible de tirs nourris près de la frontière vénézuélienne.

Ainsi, au nord-est de la Colombie, et plus précisément dans le département d’Arauca, frontalier du Venezuela, la rivalité entre les guérilleros guévaristes de l’ELN (Armée de Libération Nationale) et les dissidents marxistes des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), qui rejettent l’accord de paix signé avec le gouvernement de Bogota, a repris avec une intensité tellement forte que, depuis début janvier, quatre-vingt six personnes des deux camps seraient mortes.

Zone de production pétrolière, séparée du Venezuela par la rivière Arauca et, par ailleurs, importante voie de contrebande et de narcotrafic, la région qui est le fief de l’ELN qui fête ses 55 ans cette année et qui y impose la loi du silence depuis des décennies, est également convoitée par la guérilla marxiste qui tente d’en prendre le contrôle à travers une lutte acharnée qui en a fait, ces dernières semaines, l’épicentre de la violence dans le pays.

Autant de raisons pour lesquelles les têtes des chefs des deux groupes armés qui se disputent cette région de plaines et de soleil, de bétail, de pétrole et de narcotrafic – à savoir, Pablito pour l’ELN et Antonio Medina pour les dissidents des FARC – ont été mises à prix à raison d’Un million de dollars pour le premier et de 250.000 dollars pour le second et que ce samedi 12 Février, les ministres colombiens de la Défense et de l’Intérieur, Diego Molano et Daniel Palacios, ont tenu un conseil de sécurité à Tame, l’un des points les plus chauds du département d’Arauca, situé à près de 400 kilomètres au nord-est de la capitale.

Au cours de cette réunion, qui a eu lieu à l’approche des élections législatives prévues le 13 mars prochain, le ministre de la Défense qui a annoncé que des mesures seront prises pour assurer la protection des candidats a tenu à préciser que « ce qui se passe aujourd’hui en Arauca a son origine au Venezuela, dans la confrontation entre l’ELN, associée à la ‘Segunda Marquetalia’ (un autre groupe armé) contre les dissidents des FARC » alors que son homologue du ministère de l’Intérieur a tenu à signaler que « les forces de sécurité [colombiennes] sont à l’offensive pour garantir la sécurité dans la zone frontalière ».

En conséquence, près de sept mille hommes auraient été actuellement déployés dans le département de l’Arauca, en collaboration avec les services de renseignement colombiens, à l’effet de « protéger les activités stratégiques et les voies principales » car, d’après Bogota, ces groupes armés auraient leurs bases arrières au Venezuela qui leur fournit appui et soutien ; ce que dément formellement ce dernier avec lequel la Colombie a rompu ses relations diplomatiques en 2018.

L’armée régulière colombienne va-t-elle pouvoir s’imposer et pousser les groupes armés rivaux à enterrer la hache de guerre qu’ils ont déterré ces derniers temps ?

Difficile à croire au vu de l’animosité qui anime les deux protagonistes mais attendons pour voir…

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