L’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) a commémoré, du 15 au 19 octobre 2018, le 17e anniversaire du Discours Royal d’Ajdir et de la création de l’Institut. Les initiateurs de cet événement l’ont placé cette année sous le signe de «l’officialisation de la langue amazighe et les perspectives de son institutionnalisation».
Un thème qui demeure d’actualité, surtout avec le retard que connait la mise en œuvre des lois organiques relatives à l’article 5 de la constitution. A l’occasion, une programmation riche a été étalée sur cinq jours pour mettre en lumière les grands défis auxquels fait face l’amazigh aujourd’hui. Une table ronde sur la «mise en œuvre de l’officialisation de l’amazighe et horizons de son institutionnalisation» a été organisée mercredi 17 octobre dans les locaux de l’institut à Rabat. Modérée par le recteur de l’IRCAM, Ahmed Boukous, cette table ronde a été marquée par la participation d’une pléiade d’acteurs politiques et culturels.
Ces journées portes ouvertes, a-t-il déclaré dans son mot inaugural, sont une occasion festive pour mettre à l’honneur les réalisations de l’institut dans les domaines culturel et linguistique. Intervenant à cette occasion, Abdellatif Ouâmmou, membre du bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), a souligné que l’Etat ne pourra faire le passage à la modernité et à la modernisation sans reconnaitre la langue amazighe et la mise en œuvre de son officialisation. Il a appelé dans ce cadre à la mise en application de la constitution de 2011 qui a reconnu l’importance de l’amazighe.
Ouâmmou a insisté dans son intervention sur le fait que l’amazigh est au centre des droits humains et au cœur du développement. En revanche, l’intervenant n’a pas manqué de pointer du doigt le recul que connait l’amazigh, notamment au niveau des acquis. En outre, Abdellatif Ouâmmou n’a pas caché également son inquiétude quant au retard au niveau de la mise en œuvre des lois organiques relatives à l’amazigh. Le gouvernement, a-t-il expliqué, n’a pas montré d’une manière assez suffisante une volonté en matière d’officialisation de l’amazigh. Dans le gouvernement, il y a même des composantes qui ne veulent pas sa reconnaissance, a t’il souligné.
Dans cet esprit, Ouâmmou a tiré la sonnette d’alarme sur le temps politique gaspillé et perdu pour la mise en œuvre de l’amazigh. De son coté, Rachida Benmasâoud a appelé dans son intervention à la généralisation de l’enseignement de l’amazigh dans tous les cycles y compris l’université pour rattraper cette absence au niveau de la politique linguistique. Ahmed Harzanni, quant à lui, s’est interrogé sur le dessein du chantier de la standardisation de la langue amazighe. Il a critiqué dans son intervention l’adoption de l’alphabet tifinagh, qui a, selon ses dires, «écarté le Maroc des autres pays de Tamazgha».
Il est rappeler que les journées portes-ouvertes, qui ont eu lieu au siège de l’Institut, ont offert aux visiteurs un florilège d’activités dont des expositions de photos sur la «mémoire de l’Institut», une exposition de photographies fixes sur le patrimoine amazigh, une exposition d’échantillons des manuscrits du Prix de la Culture Amazighe, une présentation du beau livre: Maroc, regards en perspectives.
Mohamed Nait Youssef