Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Appelés, ce dimanche, à élire celui qui dirigera l’exécutif de Hong Kong pour les cinq années à venir, 99,4 % parmi les 1.461 électeurs hongkongais ont désigné, sans surprise et au terme d’un scrutin qui n’a pas duré plus de deux heures, John Lee, celui-là même qui était leur ministre de la sécurité pendant les émeutes de 2019 qui furent violemment réprimées par la police mais, également, le numéro deux du gouvernement sortant.
Aussi, pour assurer le bon déroulement de cette élection qui s’apparente plus à une formalité administrative qu’à une véritable consultation électorale, 7.000 policiers ont été déployés dans les rues de la ville et les membres du comité électoral ont été scrupuleusement choisis parmi les 7 millions d’habitants de la région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong pour leur infaillible patriotisme à l’égard de la Chine conformément aux critères dûment définis par le nouveau code électoral imposé par Pékin au printemps 2021. Et, last but not least, la candidature de John Lee, ancien policier et ancien ministre de la sécurité, avait été préalablement approuvée par un comité de sélection dirigée par le candidat lui-même si bien que la plupart des hongkongais regardent cette élection avec beaucoup de sarcasme et de dérision et ce, d’autant plus que le slogan « un homme, une voix », qu’ils avaient toujours scandé pour la tenue d’un suffrage universel conformément à l’article 45 de la Basic Law (mini-Constitution de Hong Kong) a été remplacé par « toutes les voix pour un seul homme ».
Mais si, après avoir été plébiscité à une très large majorité, John Lee a raflé 1416 voix sur les 1424 suffrages exprimés, le scrutin de ce dimanche, initialement prévu fin mars mais repoussé du fait de la pandémie du coronavirus, a été fermement dénoncé par le chef de la diplomatie européenne Josep Borell car il aurait « violé les principes démocratiques et le pluralisme politique » dès lors qu’il a davantage relevé d’une désignation ultra-contrôlée plutôt que d’une élection.
Ainsi, après le quinquennat (2017/2022) jugé calamiteux de la cheffe de l’exécutif sortante Carrie Lam, c’est son adjoint, l’ancien « Chief Secretary » John Lee, qui se voit, désormais, attribuer la lourde charge de diriger Hong Kong, un territoire bien mis à mal par ces deux crises qui l’avaient mis à genoux dont la première avait trait aux émeutes de 2019 déclenchées par le fameux projet de loi controversé d’extradition vers la Chine qui avait fini par être retiré et la seconde causée par la cinquième vague de Covid-19 aussi soudaine que virulente.
Pour rappel, en 2019, face au soulèvement pacifique de ces deux millions de hongkongais qui réclamaient le respect du principe « un pays, deux systèmes » supposé assurer, à l’ancienne colonie britannique, une autonomie part rapport à la Chine, John Lee s’était montré intransigeant face à ce qu’il avait dénoncé comme étant « un complot ourdi par les forces anti-chinoises (pour) semer le chaos ».
Aussi, en organisant une répression ultra-violente, il avait prouvé à Pékin qu’il était bien l’homme de la situation et confirmé cela lorsqu’il avait activement défendu l’adoption de la fameuse loi sur la sécurité nationale permettant aux autorités centrales de museler toute opposition.
Enfin, bien qu’aux yeux de Pékin, John Lee soit « l’homme de la situation », de nombreux doutes planent sur l’aptitude de cet ancien policier qui s’apprête à prendre les rênes de l’exécutif de l’ancienne colonie britannique alors qu’il a toujours fait l’objet des moqueries les plus diverses sur les réseaux sociaux.
Alors, attendons pour voir…