Irlande du Nord : Edwin Poots à la tête du Parti Démocratique Unioniste

Attendons pour voir…

Reconnu comme étant profondément réactionnaire, Edwin Poots, 55 ans, farouche opposant au mariage homosexuel, a été élu, ce vendredi, à la tête du « Democratic Unionist Party » (DUP), le principal parti unioniste d’Irlande du Nord, aux  lieu et place d’Arlene Foster mais n’a toujours pas consenti à remplacer cette dernière à la tête du gouvernement semi-autonome de la province britannique.  

Fondé, il y a un demi-siècle, par le révérend Ian Paisley, qui fut un des leaders des combattants « unionistes » durant la guerre civile qui avait opposés ces derniers aux nationalistes favorables à la réunification de l’Irlande, le DUP est un rouage essentiel de cet équilibre politique nord-irlandais. Mais, en étant resté précaire vingt-trois ans après les accords de paix du « Vendredi Saint », cet équilibre s’est trouvé fragilisé par ce protocole post-Brexit qui prévoyait  l’instauration, par le gouvernement britannique, d’une frontière douanière en mer d’Irlande entre l’Angleterre et l’Irlande du Nord qui laisserait une partie de la province dans le marché intérieur européen.

Or, en ayant été vu, par les « unionistes », comme étant une atteinte à leur identité britannique et comme une trahison de la part du gouvernement de Boris Johnson qui leur avait promis qu’il ne leur imposerait pas de contrôles douaniers, la « ligne de démarcation » que la Grande-Bretagne  avait consenti à mettre en place dans le cadre du protocole post-Brexit a créé un profond malaise au sein de la communauté unioniste irlandaise fidèle à Londres. 

Cette disposition ayant été fermement contestée par l’aile dure du DUP, des émeutes ont éclaté, en avril dernier, dans les rues de Belfast et de Londonderry à l’initiative de manifestants qui reprochaient au DUP d’avoir courbé l’échine devant Londres.

Face à autant de pression,  la Première ministre d’Irlande du Nord,  Arlene Foster, fut poussée à quitter la direction du parti et Boris Johnson contraint de suspendre la mise en place de cette « frontière » au grand dam de Bruxelles qui estime que la seule solution pour pouvoir lever les contrôles douaniers dans les ports nord-irlandais est que Londres puisse s’aligner, pour partie, sur les règlementations européennes en matière sanitaire et phytosanitaire ; ce que le gouvernement de Londres refuse obstinément tout en réclamant, à Bruxelles, la mise en place de quelques aménagements qui permettraient d’éliminer les principales contraintes douanières.

Mais si ce vendredi et dès sa désignation à la tête du DUP, Edwin Poots s’est empressé de rappeler que « le protocole est un problème pour tous les unionistes », le jour-même Boris Johnson a abordé, de son côté, la question avec le Premier ministre de la République d’Irlande, Michael Martin avec l’espoir de décrocher un « accord » avant que ne commencent les « marches orangistes » d’été, ces parades traditionnelles qu’organisent les unionistes et qui donnent lieu, très souvent, à de très fortes crispations entre les deux communautés religieuses ; à savoir, d’un côté, les catholiques, républicains nationalistes, et, de l’autre, les protestants, unionistes.

L’élection d’Edwin Poots, ce fermier qui, bien qu’ayant choisi, pour l’heure, de ne pas devenir Premier  ministre n’en sera pas moins un acteur incontournable de la scène politique nord-irlandaise va-t-elle ouvrir la voie à un compromis entre Londres et Belfast et rendre moins orageuses les relations avec les républicains du Sinn Fein avec lesquels le DUP va gouverner l’Irlande du Nord en ce moment où le Brexit risque de faire ressurgir les violences du passé ?

Nabil EL BOUSAADI

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