La balkanisation de l’Afrique, une menace à la sécurité, à la stabilité et au développement du continent

Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre sénégalais des AE

Propos recueillis par Aabidine Naji (MAP)

 L’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères (2000-2009), Cheikh Tidiane Gadio, a mis en garde contre les tentatives de balkanisation et de partition de l’Afrique qui constituent une menace à la sécurité, à la stabilité et au développement du continent.

« On nous a tellement balkanisé que nous sommes partis en 1963 de 32 États et aujourd’hui on se retrouve avec 54 Etats africains », a souligné M. Gadio, dans une déclaration à la MAP, en marge de la présentation samedi à Dakar d’un ouvrage dédié à la politique étrangère du Maroc de son auteur Hassan Naciri, ambassadeur de SM le Roi au Sénégal.

M. Gadio, également président de l’Institut panafricain de stratégie, paix, sécurité et gouvernance (IPS), a cité, à cet égard, l’exemple concret de la division du Soudan en deux Etats.

« Aujourd’hui on se rend compte qu’on a pas pu résoudre les problèmes mais on les a aggravés. Le Soudan du Sud, création du système international, particulièrement les Occidentaux, est un pays qui souffre avec 12 millions d’habitants, 300.000 morts déjà et 4 millions de déplacés », a-t-il regretté, poursuivant que dans l’autre partie du Soudan, deux généraux sont en guerre actuellement, ce qui a engendré au moins deux millions de déplacés et plusieurs milliers de morts.

« On se dit où va l’Afrique? Mais par rapport à cela, il y a un élan de stabilité au Maroc qui montre une générosité exemplaire envers les autres pays de l’Afrique », a-t-il fait observer, relevant que le Royaume a donné la preuve qu’un pays « peut avoir des amis et des intérêts ».

« Nous nous sommes engagés aux côtés du Maroc pour dire qu’on avait assez de la balkanisation du continent africain », a insisté le président de l’IPS, saluant le développement que connaît le Royaume, « un pays spécial en Afrique ».

L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise a fait savoir que le Royaume est l’un des rares pays en Afrique à la porte de l’émergence, mettant en avant le caractère séculaire de l’Etat marocain.

« Ce ne sont pas les occidentaux qui ont inventé le Royaume. Ils ont trouvé un pays, un peuple, une histoire et un Royaume qui date de plusieurs siècles et donc ils n’ont pas appris aux Marocains à être des citoyens de leur patrie », a-t-il expliqué.

M. Gadio a noté, par ailleurs, que la présence de la diplomatie marocaine en Afrique s’est diversifiée, mettant l’accent sur la diplomatie sanitaire, la diplomatie éducative, la diplomatie médicale et également la diplomatie en matière de nouvelles technologies.

Il a ajouté que les hommes et femmes d’affaires marocains sont partout dans le continent dans plusieurs secteurs, relevant que le Maroc a investi massivement en Afrique.

« S’il y a un pays en nord d’Afrique qui n’a pas une confusion d’identité et qu’il sait qu’il est avant tout un Etat africain et que sa profondeur africaine est son avenir c’est le Maroc », a lancé l’ancien ministre sénégalais des AE dans la période de Abdoulaye Wade.

Il a dans ce sens rappelé que depuis que SM le Roi Feu Mohammed V a convoqué le Groupe de Casablanca en 1961 pour essayer d’aider à régler la situation politique au Congo et à sauver la vie de Patrice Lumumba, le Maroc a scellé un pacte extraordinaire avec le reste des pays africains.

Le Maroc est un pays fondateur de l’Organisation de l’unité africaine et son retour à l’Union africaine a été salué et applaudi par tous les africains et tous les panafricanistes, a-t-il souligné, rappelant également la signature des accords du GATT à Marrakech qu’ont mené à la création de l’Organisation mondiale du commerce « OMC », ainsi que la création au Maroc de l’Organisation de la Coopération Islamique « OCI », la deuxième grande organisation universelle au monde après l’ONU.

Le Maroc est également un pays référence, le premier pays à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis et a tissé des relations extraordinaires avec ce pays depuis le 18-ème siècle, a-t-il détaillé.

Concernant les défis sécuritaires auxquels fait face le continent africain, il a relevé que le G5 du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) a besoin du Maroc, l’un des premiers pays africains en intelligence et en renseignements en informations.

Il a dans ce cadre souligné que les Etats africains doivent conclure des accords dans le domaine sécuritaire avec le Maroc à l’instar de plusieurs pays notamment européens. « Le Maroc mène une super bataille contre le terrorisme et contre l’infiltration des gens qui veulent déstructurer nos sociétés », a-t-il dit, affirmant que le Royaume, grâce à la vision clairvoyante de SM le Roi, est aujourd’hui un modèle en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

« Le Maroc tend la main et est disposé à aider les pays africains à faire face à ce fléau », a-t-il indiqué, relevant qu’il est urgent que les pays africains comprennent que le Maroc, pays frère, est disponible pour les aider à faire face aux menaces terroristes.

Cheikh Tidiane Gadio est un ancien chef de la diplomatie sénégalaise, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2012 et une personnalité politique panafricaniste de premier plan qui a occupé des postes clés sur le continent africain au cours des deux dernières décennies.

Il a été plusieurs fois « Envoyé spécial » sur les questions de prévention et de résolution des conflits en Afrique. Depuis septembre 2020, il est « l’Envoyé spécial » de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) au Mali. Il a aussi été “Envoyé spécial” de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour la République centrafricaine (février 2014 – mars 2017) et Représentant spécial pour l’Afrique auprès du Secrétaire général de l’OCI (janvier 2016 – mars 2017).

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