Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
C’est devant les centaines de milliers de fidèles massés à l’intérieur du stade Camille Chamoun, à Beyrouth, pour renouveler leur allégeance au Hezbollah, à l’occasion des imposantes funérailles de Hassan Nassrallah et Hachem Safieddine, les deux anciens leaders du mouvement chiite libanais tués en septembre et octobre derniers dans des frappes israéliennes, que l’actuel chef du mouvement, Naïm Qassem, a promis de poursuivre la « résistance » contre Israël et ce, alors même que le Hezbollah semblait avoir été affaibli par plus d’une année d’hostilités, et deux mois de guerre contre l’armée israélienne.
Bien que la popularité du Hezbollah ait été érodée après son implication dans le conflit syrien en soutien au président Bachar al-Assad, la foule qui s’est pressée à l’intérieur et aux abords du stade a été estimée à « plus d’un million » de personnes par une source militaire.
Pour organiser les funérailles de Hassan Nassrallah, qui en dirigeant le Hezbollah pendant 32 années, avait acquis une stature régionale après le retrait israélien du Liban en 2000 et durant la guerre qui, en 2006, l’avait opposé à Israël ainsi que celles de son successeur, le mouvement chiite libanais qui a déployé quelques 25.000 hommes pour sécuriser le stade où a eu lieu la cérémonie, avait attendu que l’armée israélienne se retire complètement du sud-Liban et les autorités libanaises ont mobilisé 4.000 soldats et membres des forces de l’ordre.
« Hassan Nassrallah reste vivant en nous », « la résistance (contre Israël) n’est pas finie », a déclaré le nouveau leader du Hezbollah lors d’un discours télévisé retransmis, en direct, sur des écrans géants et ce, au moment-même où des avions israéliens survolaient le stade à très basse altitude et que Tsahal menait des frappes sur le sud et l’est du Liban.
Naïm Qassem a, également, affirmé que le Hezbollah n’accepterait pas que les Etats-Unis « contrôlent le Liban », désormais, dirigé par le président Joseph Aoun et le gouvernement du Premier ministre Nawaf Salam, et tous deux soutenus par Washington.
En recevant la délégation iranienne qui est venue à Beyrouth pour assister aux obsèques des dirigeants du Hezbollah et qui comprend le président du Parlement Mohammad-Bagher Ghalibaf et le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, le président libanais Joseph Aoun, qui s’est fait représenter, à ces funérailles, par le président du Parlement libanais, Nabih Berri, allié du Hezbollah, a saisi cette occasion pour déclarer que le Liban ne veut plus « les guerres des autres sur son sol » et qu’aucun pays « ne devrait intervenir dans les affaires intérieures d’un autre Etat ».
Lors de sa rencontre avec Nabih Berri, le président du Parlement iranien a déclaré, de son côté, que la cérémonie organisée par le mouvement chiite libanais a « marqué un tournant montrant la grandeur du front de la résistance et la résistance du peuple libanais et son attachement au Hezbollah » alors que, de Téhéran, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a adressé un message dans lequel il a promis de poursuivre « la résistance » à Israël.
S’il est vrai, enfin, que, comme l’a précisé, à l’AFP, l’analyste Sam Heller, de « Century Foundation », le Hezbollah a voulu démontrer, par son impressionnante mobilisation de ce dimanche, qu’en dépit de ses revers de ces derniers mois, « il reste une force sociale et politique majeure » au Pays du Cèdre, attendons pour voir…