Financement des projets des jeunes entrepreneurs, PME et TPE
Le financement des projets des jeunes entrepreneurs, des PME et des TPE, constitue une réelle problématique au Maroc. Dans un système libéral, les banques, à elles seules, ne peuvent jouer le jeu. Les nombreuses tentatives proposées par les banques dans le passé ont montré que plusieurs expériences ont échoué. C’est également une affaire des politiques. L’Etat s’est malheureusement délaissé de tout moyen d’action dans le secteur financier, regrette Abdelwahed Souhail, économiste, membre du Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS).
Le discours royal prononcé devant les membres des deux Chambres du Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 4e année législative de la 10e législature, a appelé le gouvernement et le secteur privé, notamment bancaire à s’impliquer davantage dans le développement du pays et dans le financement des projets des jeunes et petites entreprises. Pour Abdelwahed Souhail, le financement des projets de jeunes entrepreneurs et des petites entreprises pose un vrai problème au Maroc.
Les banques, explique-t-il, ont déjà fait plusieurs tentatives concernant le financement des projets des jeunes entrepreneurs et malheureusement beaucoup d’expériences ont échoué. Et d’ajouter : que les banques sont frileuses par nature, n’aiment pas prendre le risque et aiment gagner de l’argent. Néanmoins, elles sont appelées à s’impliquer davantage dans le financement de l’économie et la création des richesses. Certes, pour lui, les banques doivent jouer un rôle social, mais dans un système libéral, elles doivent aussi veiller sur leurs risques et rentabilité.
Souhail rappelle qu’effectivement, à chaque fois que le secteur bancaire s’est impliqué dans le financement des projets de jeunes entrepreneurs, il ya eu un mécanisme de l’Etat pour garantir ou appuyer ou négocier les taux. La problématique existe à l’échelle universelle. Généralement, les banques n’aiment pas prendre de risque avec quelqu’un qui démarre son projet ou son activité quelles que soient les chances de réussite ou de non réussite. Les banques sortent le parapluie même quand il ne pleut pas, assène l’économiste.
L’appel royal a un sens politique, souligne Souhail. «Je ne pense, pas que les banques vont d’elles même mettre en application les directives royales, il va falloir que le gouvernement et Bank Al Maghrib puissent accompagner cet appel royal avec des mécanismes qui seront efficients et à même de préserver l’efficacité de ce processus ». Et de rappeler qu’il ne faut pas oublier que les banques aujourd’hui ont un contentieux qui s’alourdit et aussi parfois, une surliquidité comme cela a été soulevé par le wali de Bank Al Maghrib dernièrement. Il faut quelque part, que les banques aient une fibre sociale et pensent au développement économique. Mais de l’autre côté, elles doivent regarder leur bilan, leurs chiffres d’affaires, d’où la nécessité de trouver un mécanisme qui puisse les rassurer.
Selon Souhail, la critique de fond, c’est que l’Etat s’est délaissé d’un moyen d’action dans le secteur financier. On a privatisé toutes les banques. La banque populaire c’est une banque de coopératives qui relève plutôt du secteur solidaire, mais il n’y a plus de banques publiques ou de banques de développement économique. Dans un système libéral, on ne peut obliger les gens à faire quelque chose à laquelle ils ne croient pas, notamment dans une ambiance comme celle que vit le monde actuellement.
La question est beaucoup plus complexe. La question qui se pose est de savoir si le gouvernement veut élaborer des mécanismes comme il le fait pour encourager les investissements étrangers en leur accordant des avantages fiscaux, des terrains… Il faut penser à une solution pour les jeunes entrepreneurs qui démarrent leurs projets. Ce n’est pas une affaire uniquement des banques mais aussi et surtout des politiques, conclut Souhail.
Fairouz El Mouden