Le gouvernement se rabat sur une énième «solution de dépannage»

Importations des moutons d’Espagne et de Portugal

Karim Ben Amar

L’Aïd Al Adha approche à grands pas. Cette année, les prix du mouton ont connu une hausse supérieure à celle de la précédente Pour cause de sécheresse et d’inflation, le coût de l’alimentation pour bétail a explosé. Cela se répercute sur le prix du mouton qui a décidément pris un envol plus qu’inquiétant pour la majorité du peuple marocain tellement attaché à cette fête religieuse.

Le gouvernement, fidèle à lui-même, croit avoir trouvé la solution miracle pour pallier l’échec du Plan Maroc Vert dans la filière de l’élevage. Cette dernière se trouve d’ailleurs confrontée à toutes les péripéties en plus des conditions climatiques défavorables, du manque d’eaux, de fourrages, d’aliments composés pour bétails subventionnés, de soutien, de vision de commercialisation et donc de stratégie. Pour un pays connu pour la qualité de son bétail et de ses races autochtones, importer des moutons de l’autre bout de la terre sous prétexte de soutenir le pouvoir d’achat du Marocain est un affront à nos éleveurs et au monde rural.

Les Marocains s’inquiètent, et à juste titre. À pratiquement J-10 de notre fête religieuse favorite, le doute s’installe jour après jour. Face à la cherté du prix du bétail, le gouvernement croit avoir pondu la solution pour calmer l’inquiétude et le désarroi des citoyens. Après le zébu brésilien, le gouvernement se rabat en vue de l’Aïd Al Adha sur l’importation d’un bétail de bien moindre qualité.  Présenté par l’exécutif en mode « Eurêka, j’ai trouvé », cette énième solution brouillonne met en danger notre élevage et sape naturellement le moral de nos éleveurs. De plus la qualité du bétail australien importé d’Espagne et de qualité bien moindre comparé à notre Sardi, Bergui, Bejaâd, ou autre Beni Ighil.

Mais il y a une question qui convient d’être posée. Pourquoi le gouvernement autorise les sorties de devises pour l’achat de moutons alors que l’offre est disponible ?   En plus de cela, ce même gouvernement accorde une subvention de 500 Dhs par tête de mouton importé.

Il faut bien le dire, cette mesure est tout simplement un aveu de l’échec cuisant du Plan Maroc Vert et de sa filiale de l’élevage. La sécheresse a fait grimper les prix de l’alimentation pour bétail certes, mais l’import du bétail a pour seul et unique but de camoufler l’échec du Plan Maroc Vert porté par l’ancien ministre de l’Agriculture, actuellement chef du gouvernement.

De plus, l’opération de l’identification des moutons destinés au sacrifice n’a pas été généralisée sur tout le cheptel. Sur les 6,5 millions de têtes seules 3 millions ont été identifiées et dont la traçabilité est garantie.

Quant aux moutons importés d’Espagne, d’après des éleveurs, ils doivent avoir un âge inférieur à 6 mois. Passé ce délai, la bête n’est plus destinée à l’alimentation.

En principe, un gouvernement qui se respecte a pour mission principale de réguler les prix du marché et de soutenir la production locale. Au lieu d’aider nos éleveurs, l’exécutif a choisi la facilité en important du bétail en guise d’une politique qu’il maîtrise Ô combien, celle du dépannage.

Finalement, depuis l’avènement de ce gouvernement, les mieux servies sont les intermédiaires qui se font «un pognon de dingue» sur le dos des honnêtes travailleurs, et cela dans tous les secteurs de la chaîne alimentaire. Sous la houlette de cet exécutif, ces «chenakas», aujourd’hui tout-puissants, ne veulent rien sacrifier, même à l’occasion de la fête du sacrifice. Résultat des courses, le citoyen se trouve lui-même sacrifié sur l’autel du profit avec la connivence du gouvernement qui est censé protéger le pouvoir d’achat du Marocain. Autrement dit, l’exécutif préfère sacrifier la dignité de l’individu à la bête, et Dieu sait qu’il n’est pas végan.

Durant la bataille électorale, le Parti qui préside aux destinées de l’exécutif a promis monts et merveilles aux électeurs.  À notre grand dam, nous nous retrouvons à des années-lumière des promesses de campagne. Et bien ma foi, comme le dit si bien l’adage Arabe, «la corde du mensonge est courte»…

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