Dans l’attente des premières pluies
Fairouz El Mouden
La situation dans le monde rural est jugée chaotique. La sécheresse frappe de plein fouet toutes les activités agricoles et d’élevages. Le seuil critique est largement dépassé au niveau des barrages, le dépérissement des arbres et des cultures devient inquiétant face à des températures toujours très élevées… le milieu rural est dans l’expectative totale aucune activité n’est engagée pour préparer la prochaine campagne agricole ni dans les zones Bour ni d’ailleurs dans les périmètres irrigués ! D’aucuns estiment aujourd’hui qu’il est urgent pour le gouvernement d’intervenir pour venir en aide à une grande population agricole en détresse et en manque de revenu et de perspectives…
L’état des lieux est alarmant. Le monde rural traverse une période lourdement critique marquée par une forte sécheresse combinée aux effets néfastes des changements climatiques et à l’absence totale de revenus. L’humidité dans le sol se situe à un niveau très bas et le sol est terriblement assoiffé depuis plus de quatre années et les niveaux de remplissages des barrages (25%) est au dessous du seuil critique dans toutes les régions du pays sans toutefois oublier le sérieux problème d’envasement de la majorité de ces barrages . Le panorama est on ne peut plus désastreux.
Les premières pluies sont fortement attendues explique Abbes Tanji, chercheur agronome. Pour lui, le prolongement de la sécheresse risque de provoquer un réel dépérissement des arbres fruitiers et de l’olivier, le palmier dattier, le pommier et des agrumes. Il rappelle que dans le cadre du Plan Maroc Vert le Maroc a planté plus d’un million d‘hectares d’oliviers qui risque de perdre en productivité et en qualité. Le même risque est ressenti au niveau des agrumes situés dans le milieu irrigué (100.000 hectares). Il est difficile pour le Maroc de produire et d’exporter les quantités fixées avec l’UE précise Tanji.
Malheureusement, aujourd’hui, toutes les cultures sont affectées par le stress hydrique qui touche même l’eau potable puisque la qualité des eaux souterraines n’est plus conforme pour l’eau potable.
Le milieu rural est dans une situation délicate et l’agriculture et l’élevage deviennent un métier difficile avec non seulement la rareté de l’eau mais aussi est surtout la cherté des intrants, l’inflation qui s’installe est prend de plus en plus de l’ampleur avec des variations allant de 1 à 20 dirhams en termes de prix de marché. Le manque de subvention aggrave davantage les choses. Le prix du gasoil à usage agricole n’est pas subventionné et les engrais aussi. Autant de contraintes naturelles, techniques et de marché qui menace la survie de la population agricole dans le monde rural dont le ¾ ont des moins de 5 hectares et qui sont en mal de revenu et de moyens financiers pour subvenir à leurs besoins vitaux.
Qu’attend l’actuel gouvernement pour gérer la situation qui devient dramatique ? La sécheresse devient quasi permanente et la surexploitation de l’eau continue pour honorer les différents choix des cultures d’exportation comme fixé en 2008 dans le cadre du Plan Maroc Vert. Il est grand temps de revoir toute la politique agricole et arrêter immédiatement les dégâts dans un monde rural assoiffé et de plus en plus aride.