Le tunnel Tichka aux calendes grecques?!

Saoudi El Amalki

Décidément, le projet Tichka enrage les plus dociles des humains. Malgré des exhortations de toutes parts, force est de constater qu’on s’obstine à verser dans la bêtise la plus basse.

Au lendemain de l’indépendance de la Nation, on a eu l’idée de fonder un tunnel long de plus de 12 kilomètres sur la route reliant les villes de Marrakech et Ouarzazate. Une initiative de haute portée humaine et sociale, puisqu’elle permettrait de fluidifier la mobilité d’usagers de véhicules et d’engins sans trop de dégâts.

On y pensait sérieusement au sein des centres de décisions, mais sans pour autant, passer à l’exécution de l’édifice dont le coût s’élèverait à environs 12 milliards de dirhams durant ces décennies de tergiversation, la route infernale des deux destinations prisées, faisait endurer le calvaire à ses utilisateurs, occasionnant par la même occasion de grosses pertes humaines et matérielles.

On estimait que la réalisation de l’édification s’avérait onéreuse comme si les êtres humains qui y périssent sans arrêt, ne comptaient pas, à leurs yeux. Peu après, il y a déjà une dizaine d’années, on s’est évertué à débloquer la bagatelle somme de moins de 2 milliards de dirhams pour élargir et renforcer la route nationale 9, en échange du tunnel en question.

Or, cette «trouvaille palliative» ne saurait en aucun cas, combler le vœu collectif des populations en perpétuel péril. C’est besl et bien des fonds de deniers publics, jetés par la fenêtre, car les glissements de rocaille et de terre et les chutes de neiges, détériorent  sans cesse ces bricolages absurdes et mettent en danger les emprunteurs des routes rafistolées en permanence.

Par ces choix attentatoires à la dignité des citoyens des patelins du sud-est marocain, on continue à exclure les zones de la marge des gros investissements publics qui déferlent sur les régions du centre. La justice spatiale qu’on arbore dans les programmes nationaux  de désenclavement et de montage du réseau routier et autoroutier, en prend des coups cinglants.

Au moment où les projets de haut standing fleurissent un peu partout dans les métropoles du pays, les villes excentrées et reculées sévissent dans le dénuement et le bannissement alors que leurs populations ont depuis des lustres, contribué à la libération de la Patrie, étaient les premiers à répondre aux appels et devoirs des multiples événements du Royaume, comme la marche verte.

Il serait à présent, ingrat, malhonnête voire assassin de dire que le tunnel de Tichka serait coûteux pour assurer la sauvegarde des vies humaines et relever l’affluence des touristes dans deux destinations touristiques de haute notoriété. De grâce, ayez pitié de ces populations qui se tortillent dans l’angoisse et la torture à faire des centaines de kilomètres au lieu d’en faire beaucoup moins, en jouissant de la quiétude et la sécurité!

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