Lettre ouverte à propos du Sahara Occidental

Au Secrétaire National du Parti Communiste Français

Par  Dominique Watrin* et Ahmed Bouissan **

Avec sa déclaration du 31 juillet 2024, le PCF apparaît comme figé dans un unilatéralisme que pourtant bien des évolutions et des réalités viennent contredire.

Par exemple, l’auto-déclarée République arabe sahraouie démocratique, jadis reconnue par 70 États de par le monde, ne l’était plus fin 2022 que par 41 Etats dont seulement 19 sur le continent africain sur un total de 195 Pays indépendants. Par contre une centaine de pays soutiennent la proposition marocaine d’autonomie dont 14 pays de l’UE.

Accuser unilatéralement le Maroc de guerre coloniale apparaît pour le moins déplacé quand on connaît la responsabilité écrasante du colonialisme français (pourtant évacuée complètement dans le communiqué du PCF) dans le conflit en cours.

C’est la France qui a concédé le Sahara occidental à l’Espagne pour garantir son entreprise coloniale.

C’est la France qui , au mépris des liens historiques et spirituels les unissant au Maroc, a rattaché des territoires marocains du Touat , de la Saoura , du Tidikelt , du Gouarara et de Tindouf au Territoire de l’Algérie française avant qu’ils ne deviennent ,de ce seul fait , territoires de la République algérienne. Ces rattachements n’avaient d’autre but que de servir les intérêt coloniaux de notre pays: continuité de la route Tindouf -Colomb Béchar, mines de Gara Djebilet, Centre d’essai nucléaire …).

D’autre part, la déclaration du PCF s’appuie dans le même parti- pris sur quelques références, soigneusement choisies, émanant de l’ONU ou de la Cour de justice européenne. Mais elle oublie l’essentiel: les liens historiques de longue date, reconnus pourtant par ces deux organismes internationaux entre le Maroc et les tribus y habitant : liens d’allégeance avec le Roi du Maroc, monnaie, nomination d’autorités administratives … le fait que ces tribus, d’ailleurs pas seulement arabes mais également berbères, sont issues ou peuplent aussi le Maroc incontesté.

Sur le plan du droit international , on peut même soutenir qu’ayant été classé territoire à décoloniser, le Sahara occidental occupé et administré par l’Espagne pendant la période coloniale aurait dû déjà revenir, selon les principes fondamentaux de l’ONU, dans son giron initial.

Rappelons ici que le Maroc exerça une influence plus ou moins effective à travers les siècles jusqu’au fleuve Sénégal mais qu’il a pu régler tout litige potentiel sur ses frontières du Sud avec la Mauritanie.

Faut-il ajouter, que dans une démarche de compromis, le roi Hassan II avait même accepté, dans un accord  conclu entre les deux pays mais non ratifié, de ne plus réclamer à l’Algérie les territoires contestés du Sud – Est cités et détaillés plus haut ?

Plutôt que de nous figer dans un jusqu’au-boutisme qui jette de l’huile sur le feu, le PCF serait mieux inspiré, Monsieur, Secrétaire national, cher camarade, de s’ouvrir à toutes les solutions de paix comme il le fait d’ailleurs dans d’autres parties du monde.

Ce n’est pas sans raison que l’ancien Secrétaire Général de l’ONU Kofi Annan indiquait lui – même qu’il fallait » étudier d’autres moyens « que le référendum (du fait de l’absence d’accord sur la composition du corps électoral ) afin de parvenir à un règlement rapide, durable et concerté.

Ce n’est certes pas sans raison que Pedro Sanchez, chef du gouvernement de gauche au pouvoir en Espagne,  a lui- même reconnu le projet d’autonomie du Maroc comme « la base la plus sérieuse et la plus crédible pour régler le différend » (mars 2022).

Autant d’éléments sérieux et crédibles qui mériteraient d’être portés à la connaissance des adhérents du PCF avant d’aboutir, nous en sommes convaincus, au prochain Congrès national à une position plus équilibrée et juste.

* Dominique Watrin est ancien sénateur du PCF  et ancien membre du groupe d’Amitié Parlementaire France/Maroc

** Ahmed Bouissan est membre du Conseil Départemental du Loiret  du PCF et membre de la commission nationale des quartiers populaires du PCF

Légende : Le siège du Parti communiste français

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