L’UNAHM dénonce son exclusion

L’UNAHM ne cache pas son mécontentement vis-à-vis du département de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Suite à la journée d’étude consacrée à l’évaluation du bilan du fonds de cohésion sociale organisée par le ministère mardi dernier, le collectif des associations œuvrant dans le domaine du handicap dénonce son exclusion pure et simple par le ministère de tutelle. D’ailleurs, il juge que les 338 millions de DH, consacrés aux personnes en situation de handicap (PSH) de 2015-2017, avancés par le ministère de tutelle,  sont largement en deçà des besoins et du nombre de personnes en situation de handicap (PSH) et de précarité au Maroc, estimé à 33000, selon le dernier recensement de la population.

Au cours de la période de 2015-2017, ce sont 338 millions de DH du fonds de cohésion sociale qui ont été dédiés aux personnes souffrant de handicap, a avancé Bassima Hakkaoui, ministre de tutelle, lors de la journée d’étude. Dans le détail, a expliqué la ministre, ces fonds ont été répartis entre l’amélioration des conditions de scolarisation des enfants en situation de handicap, les projets générateurs de revenus, l’acquisition de matériel et d’autres formes d’assistance technique. Le bilan fait état de 8642 enfants bénéficiaires en 2018, pour un montant de 97, 8 millions de DH, contre 44 millions de DH en 2015. Au total, cette assistance aurait profité à 213 associations qui prennent en charge ces enfants. Le fonds aurait apporté son soutien à plus de 1013 projets pour un montant de 42 millions de DH entre novembre 2015 et octobre 2018. Par ailleurs, le bilan révèle que 78 millions DH ont été débloqués pour la création et la gestion de centres d’accueil et d’assistance pour les PSH.

Du côté du milieu associatif, notamment de l’UNAHM, ce bilan fait l’objet de fortes critiques. Réagissant à ce bilan, Sabah Zemmama, présidente de l’UNAHM, dénonce tout d’abord le fait que les responsables du collectif n’aient pas été invités à cette journée, qui impliquait les associations œuvrant dans le domaine du handicap. Elle justifie l’exclusion du collectif par le ministère du fait des récentes organisations de sit-in devant le parlement et sa mésentente avec le ministère de tutelle sur différents sujets, dont celui de l’octroi du soutien du fonds de cohésion sociale. Pour le bilan avancé par le département de Bassima Hakkaoui, l’UNAHM estime qu’il est de loin inférieur aux besoins des PSH. «Si on a consacré 338 millions de DH en 3 ans, cela veut dire près de 112 millions par an. Sachant que chaque bénéficiaire reçoit entre 900 et 1200 DH sur 11 mois, on compte à peu près 11000 bénéficiaires», explique-t-elle. Un chiffre loin du compte, à comparer aux 33000 PSH que compte le Maroc, souligne-t-elle.

Si d’après le bilan du ministère, 213 associations en charge du handicap ont été bénéficié du fonds, le collectif condamne les conditions d’octroi de ce fonds. Selon la présidente, plusieurs associations n’ont pas reçu la subvention depuis 2016. «Il faut dire que la subvention dont on parle, celle de 2015 n’a été versée qu’en mars 2016. Il y a encore plusieurs associations qui n’ont toujours pas reçu la subvention de 2015, ni celle de 2016-2017», assène-t-elle. Bien plus, les associations tirent à boulets rouges sur le ministère de tutelle et pointent du doigt les lourdeurs administratives nécessaires pour bénéficier du soutien.  «Chaque année, on demande aux bénéficiaires de renouveler un nombre inimaginable de papiers, pour prouver leur handicap, et pourtant le handicap, on l’a à vie. Bien plus, il y a des contrées où il n’y a pas d’administrations pour délivrer ces papiers», ajoute la présidente de l’UNAHM.  Sans oublier la lenteur du ministère en matière de traitement des dossiers, précise le collectif. « La preuve en est que le département ministériel est à peine en train d’étudier les dossiers d’appels d’offres pour l’année 2018, alors que l’année s’achève dans 1 mois », insiste-t-elle. «Avec  cette situation, les associations ne peuvent garder leurs salariés. Ils s’en vont, puisqu’on ne sait pas quand on va les payer», ajoute-t-elle.

Face à cette situation atone  en matière de promotion des droits des personnes en situation de handicap, l’UNAHM appelle le ministère à adopter un autre modèle de convention avec les associations et un calendrier d’octroi du soutien, qui tienne compte de la rentrée scolaire, des engagements des associations auprès de leurs salariés…

A rappeler que lors de cette journée, la ministre a annoncé que le ministère lancera très prochainement, en début 2019, un programme de formation des formateurs spécialisés en autisme, pour résorber le manque d’effectif en matière d’accompagnement des personnes autistes et des difficultés financières que cela pose pour leurs familles. En outre, le gouvernement  devrait lancer avant la fin de l’année 2018, un premier concours destinés aux PSH pour atteindre le quota de 7% d’emplois qui leur sont réservés.

Danielle Engolo

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