L’unité de la gauche, est-elle encore possible?

La montée du parti à référence islamiste déclarée au-devant de la scène politique est aujourd’hui une réalité. Hormis le discours «superficiel» dont il fait usage au grand jour, nombre de ses pratiques de solidarité avaient fait de la gauche d’il y a quelques décennies, l’entité qui épousait le plus les attentes et les aspirations du peuple.

A présent, ces mêmes valeurs sont reprises par cette formation, partout dans la vie quotidienne, et érigées par les nouveaux détenteurs du pouvoir pour la conquête de la sympathie des  masses populaires.

Reléguées au second plan, les forces progressistes, qui ont la paternité du discours probe, se mordent les doigts de se faire subtiliser cette place de choix de défense des couches déshéritées dont elles ont fait leur raison d’être. Certes, le pouvoir était aux aguets et faisait tout pour enrayer cette proximité, à partir, justement de l’incitation, à un moment crucial de son existence, à l’émergence de l’obscurantisme,  afin d’endiguer le «danger» rouge du mouvement national.

Cependant, au fil des ans, les frictions intestines et les oraisons farfelues ont fini par mettre leurs auteurs affreusement mièvres, au pied du mur.

On continue toujours à réitérer sa profonde volonté d’unifier cette gauche disparate, mais on ne cesse aussi de «rabâcher» les vieux clichés d’antan, de «momifier» les anciens leaders et de dormir sur les lauriers. C’est devenu une véritable manie stéréotypée, outre les entrains de nihilisme et de misérabilisme d’une phobie languissante. Feu Mahmoud Darouich avait lancé, un jour, au peuple palestinien cette fameuse rhétorique : «Préservez-nous de cet atroce amour !», faisant allusion à ce déferlement de jérémiades envers ce peuple opprimé, à travers l’Histoire.

Le cas paraitrait, en fait, similaire à la situation de notre gauche. La société marocaine, où les jeunes occupent une place vitale, n’a que faire des slogans passéistes du grand soir utopique et des vocables figés des discours creux. Alors que l’évidence est bien là, bien désolante. La gauche a bien vidé les lieux de contacts les plus étroits et intimes avec les populations dans les universités, la rue, les mosquées, les souks… Une certaine gauche s’est effritée dans des scissions et s’est amenuisée, au fil des années, pour avoir boudé les institutions et les centres de décision. Une autre gauche, encore moins reluisante, s’obstine à avoir une dent contre les fondements de la nation, foulant des pieds la logique des rapports de force. A se comporter de la sorte, elle ne fait que se donner la mort, à petit feu…

L’unité de la gauche, on veut bien. Mais, comment ? Surtout pas avec les vieilles jacasseries. La gauche, c’est avant tout le réalisme et l’imagination, le pragmatisme et le sacrifice. Commencer par descendre de la tour chimérique est le pas à esquisser. L’intérêt suprême de la nation et du peuple auquel on a tendance à tourner le dos pour des calculs autocratiques devrait, en fait, servir de boussole de l’ensemble de la famille de la gauche, loin de toute surenchère. Sinon, tout appel à l’unicité n’est, en fin de compte, que coup d’épée dans l’eau.

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