Paraguay : Santiago Peña remporte la présidentielle

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Ancien fonctionnaire du FMI et ancien ministre des Finances du président paraguayen Horacio Cartes (2013-2018), l’économiste Santiago Peña, 44 ans, candidat du parti Colorado, Conservateur, au pouvoir depuis sept décennies, a remporté haut-la-main, ce dimanche 30 Avril, un scrutin présidentiel qui s’annonçait très serré en recueillant 42,7% des suffrages exprimés.

Son poursuivant immédiat, Efrain Alegre, un avocat de 60 ans, qui représente la « Concertacion Nacional », une coalition de Centre-gauche, et qui, après avoir échoué en 2013 et en 2018, avait axé sa campagne électorale sur la corruption endémique qui gangrène le pays, n’aurait obtenu que 27,4% des voix après le dépouillement de 99,9% des bulletins.

La troisième place est revenue à Paraguayo Cubas, un candidat « antisystème » au virulent discours antiparlementaire qui a recueilli 22,9% des voix en puisant chez ses deux rivaux même si, comme l’affirmera, à l’AFP, l’analyste politique Roberto Codas, « les plus lésés » ont été les opposants de la coalition d’Alegre.

Et si, par ailleurs, le parti « Colorado » a dominé la vie politique paraguayenne sans interruption depuis 76 ans, à l’exception de cette parenthèse qui a duré de 2008 à 2012 sous la présidence de Fernando Lugo, force est de reconnaître que son emprise s’est, également, fait voir au Sénat où, avec 43% des voix, il dispose, désormais, d’une majorité absolue ainsi qu’à la Chambre des députés et qu’il s’est emparé, en outre, de 14 des 17 sièges de gouverneurs de provinces.

Etant donc sûr de lui, Santiago Peña, qui s’est présenté, pour la première fois, à un scrutin national après avoir été défait, en Août 2018, aux primaires de son parti contre l’actuel chef de l’Etat, Mario Abdo Benitez auquel il succèdera, pour 5 ans, en Août prochain, n’a pas attendu la proclamation officielle des résultats par le Tribunal Electoral, pour s’adresser à ses concitoyens en leur promettant de « bannir le fatalisme » et de commencer, dès le lendemain, « à dessiner le Paraguay (…) sans inégalités flagrantes ni injustices sociales » que tout le monde attend.

Ancien membre du directoire de la Banque centrale et du Fonds monétaire International (FMI) Santiago Peña qui fut, également, ministre des finances de 2015 à 2017 a promis de mettre en œuvre toute une série de mesures en faveur des classes défavorisées parmi lesquelles l’accès au logement ainsi qu’une subvention pour les transports.

Sachant, par ailleurs, qu’un des plus importants défis auxquels il aura à faire face est la pauvreté, Santiago Peña a promis de créer 500.000 emplois et de permettre un meilleur accès à la santé publique.

Mais les promesses du président élu n’ont pas convaincu les habitants du bidonville de « Bañado sur » régulièrement inondé du fait de sa situation sur les berges de la rivière Paraguay car elles ne contiennent aucune « proposition sérieuse pour les pauvres ».

Parviendra-t-il, néanmoins, à mettre en œuvre toutes ses promesses de campagne dans un pays où les inégalités sont tellement criantes que la pauvreté affecte 24,7% des habitants ?

Attendons pour voir…

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