«Le pays où les pierres parlent» présenté à d’Art Louane

«Tu es pressé d’écrire

Comme si tu étais en retard sur la vie

S’il en est ainsi fais cortège à tes sources

Hâte-toi

Hâte-toi de transmettre », disait le grand poète René Char. La voix de ce grand poète est présente dans le dernier recueil de poésie d’Abdelhak Najib, «Le pays où les pierres parlent», paru aux Editions Orion. Ce recueil a été présenté vendredi 19 janvier à Rabat à D’art Louane. On le savait romancier, mais cette fois-ci, Najib renoue le lien avec ses lecteurs avec une poésie à la fois sobre, dense et profonde où il donne des ailes à la parole et se livre à travers le verbe.

«Je n’ai jamais été autre que poète. Dans mes romans, il n’y a que de la poésie. «Les territoires de Dieu» est un poème avec plusieurs histoires», a-t-il déclaré lors de la rencontre.

Selon lui, il n’y a pas de continuité dans son écriture, mais un cheminement logique dans son travail. «Mon travail, je le conçois comme une œuvre complète», a-t-il expliqué.

C’est à travers la poésie que le poète aborde la vie et l’humain qui sont au cœur de l’œuvre, du poème. En d’autres mots, la poésie pour Abdelhak Najib est une quête de soi certes, mais aussi un voyage à la rencontre de l’autre.

L’écriture pour lui, c’est ce cheminement pour trouver ces choses qui le touchent. «Ce qui est terrible, c’est de ne pas pouvoir toucher l’autre surtout dans le monde où l’on vit aujourd’hui», souligne-t-il. Et d’ajouter : «l’humanité ne peut se concevoir que dans ce cheminement que l’on fait les uns vers les autres, que l’on fait les uns par les autres, que l’on fait les uns pour les autres. C’est ça pour moi la vie».

La poésie, dit-il, réside dans un regard. «Je ne sortirai pas de la poésie toute seule. J’y sortirai toujours accompagnée de la peinture. L’univers pictural, l’univers de pensée rejoignent parfaitement mes préoccupations », a-t-il ajouté.  Par ailleurs et comme disait Martin, le «langage est la maison de l’Etre» et «l’homme est habité en poète».  Pour Abdelhak Najib, la poésie l’habite.  «J’ai beaucoup de respect à la poésie. Dans la poésie, il n’y a pas de compromis. La poésie, c’est le pouvoir de voyager entre les langues. Finalement, on habite une patrie et la patrie devient la langue », a-t-il fait savoir.

Le critique littéraire, traducteur, poète et romancier Mounir Serhani estime que la poésie d’Abdelhak Najib puise dans l’alchimie, dans l’univers.  «Comme dans les territoires de Dieu, il y a un espace ampholyte qui n’est pas visité par la divinité, par la transcendance. «La sculpture de soi» est une géographie autre. Dans le deuxième, on parle de l’ailleurs de soi», a-t-il souligné lors de la présentation.  Najib, explique-t-il, n’est pas un jeune poète parce qu’il a publié un premier recueil. C’est un premier recueil certes, mais en termes de publication. Dans ce recueil, ajoute-t-il, René Char est plus présent que les autres poètes.  «Le pays où les pierres parlent qui fait à-peu-près 120 pages, est un recueil qui regorge de thèmes humains connus entre autres l’amour, la passion, le désir, la création, le partage, le don, la différence. Dans ses romans comme dans sa poésie, Naji est amoureux de l’être humain et de l’humain en nous, même l’humain que nous avons perdu », a précisé Mounir Serhani lors de son intervention.

Mohamed Nait Youssef

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