La Hiloula de Rabbi Its’hak Abi’hssira
Mohamed Nait Youssef
Un grand lieu de pèlerinage juif au Maroc. À Toulal, dans la commune territoriale de Gourrama, province de Midelt, la Hiloula de Rabbi Its’hak Abi’hssira attire, chaque année, des membres de la communauté juive marocaine venus des quatre coins du monde. En effet, des centaines de fidèles et de visiteurs affluent nombreux au mausolée du saint juif pour célébrer dans la joie, le partage et la convivialité, les festivités de ce moussem religieux annuel. Cet événement prône des valeurs universelles telles que le vivre-ensemble, la tolérance, la paix et la sérénité.
Ce rendez-vous religieux annuel est également l’occasion de retrouvailles et de rencontres entre les Marocains de confession juive, qu’ils résident au Maroc ou à l’étranger. Il témoigne ainsi de la richesse du patrimoine culturel et spirituel marocain, ainsi que de l’harmonie entre les différentes communautés qui composent la société marocaine.
Rabbi its’hak : «amoureux de la Torah»
Rabbi Its’hak, quatrième fils de Rabbi Ya’akov Abi’hssira, est né en 1859 à Rissani, une ville située au sud d’Errachidia. Issu d’une famille d’érudits renommés, il s’est très tôt passionné pour l’étude de la Kabbala et des secrets de la Torah. Dès son plus jeune âge, il a fait preuve d’une grande sagesse et d’un talent exceptionnel. Preuve de son génie et de son esprit perspicace ; il a composé le chant « A’oufa Echkona » à l’âge de 12 ans.
«Tout jeune déjà, son père témoignait à son propos qu’il était destiné à un avenir grandiose. Il avait l’habitude de mettre en garde les gens de sa famille afin qu’ils traitent cet enfant avec le plus grand respect. Eu égard au fait que son âme était issue de celle du Ari hakadoch, il s’intéressa très tôt à l’étude de la kabbala et des secrets de la Torah. Il y excella rapidement au point que ses connaissances et sa compréhension de ces sujets n’avaient pas d’égal dans tout le Tafilalet.», peut-on lire dans un extrait du livre «Baba ‘Haki» paru aux Édition Torah-Box.
Rabbi Its’hak a consacré sa vie entière à la prière, à la spiritualité et au service de sa communauté. Véritable « amoureux de la Torah », il s’est dévoué corps et âme à l’étude des textes sacrés, incarnant une profonde dévotion et une quête incessante de savoir. En effet, son engagement permanent envers la foi et son rôle de guide spirituel ont laissé une empreinte indélébile.
«Rabbi Its’hak, lui qui était appelé à illuminer ses frères par sa Torah et sa sainteté. », précise la même source. Et d’ajouter : «Toute sa vie durant, il servit D.ieu dans la joie. Son envergure spirituelle était hors du commun. Sa sainteté était telle qu’il ne pouvait concevoir qu’on se permette la moindre transgression, même la plus infime. Il avait été de plus doté d’une très belle voix, ce qui lui valut de servir en tant qu’officiant à la yéchiva pendant les dix dernières années de sa vie.»
Une vie au service des autres
Rabbi its’hak a vécu au service des autres et de sa famille. «Toute sa vie durant, il se consacra à améliorer la condition de ses pairs dans l’abnégation la plus totale, tant son amour pour eux était grand ; il s’agissait à ses yeux d’une valeur suprême.», révèle le livre édité par Torah-Box.
Une disparition tragique. Rabbi Its’hak, connu pour avoir composé un chant inspiré en l’honneur du Chabbat – « Yom hachevi’i hou yom ménou’ha… » –, a tragiquement perdu la vie en 1912, victime de malfaiteurs. Il n’avait que 52 ans.
«Sa hiloula fut, depuis la première année après son décès, soigneusement observée par tous les juifs du Tafilalet, du Gourrama et d’autres régions encore. En de nombreux lieux, on a pour habitude d’allumer des bougies et d’organiser un repas en son honneur.», peut-on toujours lire dans un extrait du livre «Baba ‘Haki » aux Éditions Torah-Box, offert en l’honneur de la Hiloula de Rabbi Its’hak Abi’hssira de Toulal.
La Hiloula : pèlerinage, recueillement, chant et prière…
Comme chaque année, ce moussem religieux attire des centaines de Juifs marocains, venus d’ici et d’ailleurs, qui se rassemblent au mausolée de Rabbi Its’hak pour pèleriner, se recueillir sur sa tombe et prier. Les festivités, qui s’étendent sur trois jours, se déroulent dans une ambiance à la fois conviviale, spirituelle et festive, rythmée par des chants religieux et spirituels. Par ailleurs, trois temps forts marquent ces célébrations : d’abord, une prière commune à la synagogue, un moment de recueillement solennel, et enfin, un retour au pied de la tombe du Tsaddik pour une fête qui se prolonge toute la nuit.
La Hiloula est également l’occasion de collecter des dons destinés à l’entretien et à la préservation du mausolée de Rabbi Its’hak Abi’hssira, perpétuant ainsi la mémoire de ce saint homme et assurant la pérennité de ce lieu sacré.
«Partout où la hiloula de Rabbi Its’hak est célébrée, les participants rapportent les récits des miracles et des prodiges qui se sont produits pour ceux venus se recueillir sur sa tombe, que ce soit au niveau de leur étude de la Torah, de leur parnassa ou autre. Même des non-juifs se sont vus exaucés après être venus prier sur sa tombe.», révèle le livre « Baba ‘Haki » paru aux Édition Torah-Box.
Rabbi its’hak a laissé derrière lui un héritage spirituel immense et une œuvre qui continue d’inspirer des générations.