Pour une stratégie globale portée par l’ONU

Dans un monde de plus en plus trouble et dans des contextes régionaux en proie aux conflits les plus meurtriers et aux déchirements intracommunautaires, le terrorisme s’installe dans le quotidien de l’humanité, notamment à travers les médias, dans une passivité quasi collective, noyée dans une sorte de fatalisme, aboutissant à une «normalisation» tacite et démissionnaire par rapport au phénomène, comme si c’était quelque chose de naturelle dans les sociétés humaines.

Ce n’est que quand le terrorisme frappe aux portes des uns ou des autres qu’une mobilisation passagère s’opère pour le condamner et prendre quelques mesures pour le combattre. Or, la lutte contre le terrorisme est une affaire de tous les jours, de longue haleine et qui se gagne sur tous les fronts et surtout dans la durée ; de même qu’elle requiert d’être, à tous les niveaux, constamment vigilants et proactifs.

Aujourd’hui, le terrorisme frappe partout à travers le monde et aucun continent n’est épargné : USA, France, Royaume Uni, Espagne, Turquie, USA, Egypte, Tunisie, Lybie, Irak, Arabie Saoudite, Yémen, Syrie, Liban, Afghanistan, Pakistan, Indonésie, Maroc, Mali, Burkina, Somalie, Ethiopie, Cameroun, …

Le terrorisme est arrivé à un stade où il est devenu un fléau international et ses organisations sont devenues transnationales, avec des ramifications dans plusieurs pays, mutualisant et partageant les moyens humains et financiers, les techniques et les renseignements.

Face à cela, il est temps que la lutte contre ce fléau se fasse au niveau mondial et dans le cadre d’une stratégie globale et intégrée, englobant tous les aspects de la question : sécurité et police, renseignements, éducation, idéologie, médias, culture, … ; avec une véritable feuille de route établie et supervisé par l’organisation la plus importante dans le concert des Nations, à savoir l’ONU ; parce qu’il en va de la stabilité dans le monde et de la sécurité des hommes et des femmes à travers la planète. C’est une question aussi importante que la prévention et la résolution des conflits armés. Le terrorisme étant plus destructeur, car il peut frapper partout, n’importe qui et à tout moment.

Les fondements de cette stratégie doivent non seulement prendre en compte les aspects sécuritaires et de renseignements, qui restent déterminants, mais aussi les circonstances et les conditions qui favorisent le terrorisme et sa prolifération et ce, pour en assécher, en amont, les sources qui l’irriguent et le nourrissent.

Ainsi, la communauté internationale ne doit plus se montrer permissive à l’égard des contenus des enseignements dans certains pays où les idées de fanatisme, de xénophobie et d’extrémisme sont fortement présentes. Aujourd’hui encore des écoles, des lycées et des universités de certains pays continuent à propager au sein des générations futures les idées extrémistes de haine et de stigmatisation envers les autres communautés et peuples et envers leurs croyances.

De même, une réglementation stricte du champ médiatique à travers le monde s’impose, là où une multitude de médias continuent impunément à déverser leur venin de fanatisme, de xénophobie et d’intégrisme dans les esprits de centaines de millions de gens et surtout des plus jeunes.

Par ailleurs, des dirigeants politiques dans plusieurs pays à travers le monde entretiennent, impunément, des discours haineux contre les étrangers ou les membres de certaines communautés. Et l’on assiste pratiquement partout à travers le monde, bien qu’à des degrés différents, à une escalade infernale où les extrémismes de tous bords s’alimentent mutuellement, prenant en otage la communauté humaine et portant de graves atteintes au corpus universel des droits humains.

La communauté internationale ne doit plus admettre, ni permettre, que des contenus de l’enseignement, des programmes de télévision ou de radios, des sites internet, des articles ou des livres, des discours politiques,… continuent à alimenter ou à susciter le fanatisme, l’intégrisme et l’extrémisme qui favorisent la « fabrication » de terroristes voulant détruire le monde, à un moment où l’humanité a, plutôt, besoin de faire émerger des citoyens du monde.

Des résolutions strictes au niveau des institutions internationales doivent expressément interdire tout cela et mettre en place les dispositifs permettant d’en assurer le strict respect.

La communauté internationale se doit aussi de prendre les mesures à même de mettre fin à la recrudescence du discours de la haine, de la diabolisation et de la stigmatisation et de l’atteinte à la dignité des peuples et des groupes ; ainsi qu’à la prolifération d’agressions verbales à l’encontre de groupes et de croyances et la multiplication de sentences d’excommunication. Ces dérives constituent une réelle menace pour la stabilité du monde car elles portent atteinte au corpus universel des droits humains, frappent de plein fouet les valeurs de tolérance et de coexistence entre les peuples et les groupes ; sapant, ainsi, les fondements de la cohésion de la société humaine et portant les germes de la déstabilisation et de la mise en danger de la paix civile dans tous les pays.

L’un des points d’entrée pour combattre la culture de la haine, au niveau international, réside dans la résolution de conflits qui n’ont que trop duré comme le conflit israélo-palestinien qui, par les atrocités commises contre le peuple palestinien, fait répandre dans toute la région un sentiment d’injustice et d’humiliation qui nourrit toutes les rancœurs, notamment parmi les jeunes.

Dans le même registre se situe également le nécessaire respect mutuel entre les nations, les peuples, les communautés, les religions et les croyances. Mais ce respect mutuel est systématiquement remis en cause sous le prétexte de la liberté d’expression et d’opinion. La liberté d’opinion est, certes, l’un des droits humains fondamentaux consacré par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dans son article 17, mais elle ne peut s’exercer dans l’absolu et en dehors du respect du droit à la dignité et du droit de croyance que consacrent cette même Déclaration dans ses articles 1 et 18.

Contre ce véritable fléau planétaire qu’est le terrorisme, le combat doit donc être permanent, sans répit et surtout l’affaire de la société humaine tout entière et ce, dans le cadre d’une stratégie internationale globale et intégrée, s’appuyant, dans une large mesure, sur la promotion des idées d’ouverture de coexistence pacifique, de coopération fructueuse et de respect et d’amitié entre les peuples et les communautés; ainsi que sur la lutte contre l’intolérance, le fanatisme et l’intégrisme sur tous les plans : politique, socio-économique, médiatique, culturel, éducatif, pédagogique,… ; une lutte qui gagnerait à intégrer la société civile, les intellectuels et les spécialistes de tous horizons : enseignants, pédagogues, sociologues, théologiens, chercheurs, académiciens, artistes, acteurs associatifs, militants pour les droits humains, …

Par M’hammed Grine

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