Que se passe-t-il dans la Maison des Al Saoud?

Après avoir marqué «le plus grand bouleversement culturel et économique de l’histoire moderne» de son pays en lançant plusieurs chantiers de réformes, le jeune Prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salmane, 32 ans, a pris de court aussi bien ses concitoyens que la communauté internationale en ordonnant ce samedi l’arrestation de 11 princes et de dizaines de ministres actuels ou anciens ; une purge sans précédent dans l’histoire du pays qui a fait suite à la création, la veille, d’une commission de lutte contre la corruption et qui intervient lors d’une crise ouverte avec le Qatar voisin.

Mais il convient, néanmoins, de rappeler que le coup de force opéré ce samedi par le prince héritier n’est qu’une étape dans la «concentration des pouvoirs» voulue par son père le Roi Salmane Ben Abdelaziz qui, dès son accession au trône saoudien en 2015, avait commencé à éliminer « les rivaux de sa lignée » en privant son demi-frère le Prince Moukrine de son statut de Prince héritier  au profit de son neveu Mohammed Ben Nayef avant d’écarter celui-ci durant l’été 2017, de le placer en résidence surveillée et de conférer le titre de Prince héritier à son fils Mohammed Ben Salmane.

Dès sa prise de fonction, ce dernier a fait montre de son désir d’asseoir un pouvoir exclusif en arrêtant des dizaines d’opposants aussi bien ultraconservateurs que modérés ou même modernistes et de son envie de desserrer la pression qu’exerçaient les milieux religieux sur la société en brandissant l’étendard d’un «islam tolérant et ouvert».

En outre, pour consolider son assise, celui qui se fait appeler MBS s’est appuyé sur la jeunesse du pays, majoritaire puisque 70% de la population a moins de trente ans en faisant des annonces novatrices telles qu’accorder aux femmes le droit de conduire des voitures, d’aller au cinéma et d’assister à des compétitions sportives. D’ailleurs, les saoudiennes ont, pour la première fois de leur vie, cette année, célébré la fête nationale de leur pays en étant mêlées aux hommes.

Force est de constater, par ailleurs, que pour mener à bien sa révolution de palais le Prince héritier Mohammed Ben Salmane avait d’abord pris soin d’éliminer «tous les poids lourds de la deuxième génération des Al Saoud» avant de s’atteler à faire le ménage dans les milieux d’affaires au nom de la lutte contre la corruption.

Mais, pour certains observateurs, la modernisation.et la lutte anti-corruption  voulues par le Prince Héritier Mohammed Ben Salmane seraient plus destinées au marché extérieur afin de rassurer les investisseurs  en ce moment où l’économie saoudienne, encore trop dépendante des hydrocarbures, est violemment malmenée du fait de l’importante baisse des cours du pétrole.

Nabil El Bousaadi

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