Karim Ben Amar
La pandémie mondiale a bloqué bien des secteurs d’activité. Le tourisme et toutes les activités qui gravitent autour sont tout aussi touchés par cette crise sanitaire. Le Maroc est connu pour être une destination de rêve. Des touristes venus des quatre coins du globe visitent le pays tout au long de l’année. De Tanger à Lagouira, il y en a pour tous les goûts. Hôteliers, agents de voyage, restaurateurs, bazaristes, tous pâtissent de l’absence de touristes. Mais qu’en est-il des faux guides, ces autochtones très présents dans les souks fréquentés par les touristes? Miloud El Hichou, cadre syndical de la ville de Tanger et faux-guide de profession, fait par à Al Bayane de la situation de cette activité durant cette période trouble. Arrêt de l’activité, absence de revenus, défauts des subventions, tout y passe. Les détails.
Le tourisme est sans doute le secteur d’activité qui a le plus pâti de la pandémie mondiale du nouveau coronavirus covid-19. Que ce soit à Casablanca, Essaouira, Marrakech, Agadir, Meknès, Fès ou Tanger, l’absence de touristes étrangers se ressent dans la bourse de tous les métiers qui gravitent autour de cette activité.
Les faux guides ne sont pas en reste. Depuis la mi-mars 2020, avant même le début de l’état d’urgence sanitaire (20 mars), toujours en vigueur, ces polyglottes se sont retrouvés sans aucun moyen de générer un revenu. A cet effet, le coordinateur de la province de Tanger du Syndicat de l’union générale démocratique des travailleurs au Maroc (UGDTM), Miloud El Hichou, a déclaré que «les faux guides sont embourbés dans la pire crise jamais connue. Depuis le début de cette pandémie, notre activité n’a pas connu une récession, comme c’est le cas dans plusieurs secteurs, mais plutôt un arrêt total de l’activité». Et d’ajouter, «mes camarades n’ont depuis près de six mois, réalisé aucune entrée d’argent.
Avec un revenu qui varie entre 8000 et 11000 Dhs par mois, hors période de pandémie, le manque à gagner est considérable. De plus Miloud El Hichou signale que l’été est la période la plus lucrative dans cette activité. A cet effet, il révèle que «le plus douloureux, est que cette crise s’est abattue sur toute la planète juste avant l’été, période estivale ou nous réalisons le plus clair de nos revenus, puisque c’est la haute saison. Vu le nombre important de touristes et de groupes de touristes présents à Tanger, nous pouvons gagner jusqu’à 30000 Dhs par mois».
Depuis le début de cette crise sanitaire, d’après le syndicaliste, aucune solution avec les faux guides n’a été envisagée, et cela dans tout le pays. «La plupart des faux guides ont une dizaine, voire une vingtaine d’années d’expérience. Nous traitons les touristes étrangers comme s’ils étaient nos invités personnels. Mais malheureusement, aucune autorité n’est venue s’enquérir de notre état. Il est vrai que dans certaines villes, le faux guide est apparenté à un arnaqueur, mais à Tanger, les autorités locales nous connaissent tous», a-t-il attesté.
Quant à leur statut de faux-guides, la même source affirme que le ministère du Tourisme avait promis une intégration directe et systématique en remplacement des guides décédés. «A Tanger, il y a entre 10 et 15 guides, ce qui est nettement insuffisant par rapport aux besoins de la ville qui accueille des centaines de milliers de touristes chaque année. Cela fait deux ans que le ministère nous promet d’intégrer les faux guides, mais jusqu’à aujourd’hui, aucun d’entre nous n’est devenu guide. Nous manifestons depuis des années aux portes de la délégation régionale du tourisme de Tanger pour être intégrer, mais Il est malencontreux de s’apercevoir que les guides décédés sont remplacés par des individus inconnus au bataillon», annonce-t-il l’air dépité.
«Depuis le début de la pandémie mondiale, cinq guides sont décédés à la suite d’une infection à la Covid-19. Nous espérons qu’ils soient remplacés par des faux guides que nous sommes, ne serait-ce que pour honorer leurs mémoires», a-t-il conclu.