Une légende de la boxe perd son dernier combat contre la maladie…

«Son combat en dehors du ring lui a coûté son titre, lui a valu nombre d’ennemis mais Mohammed Ali a tenu bon. Il a été aux côtés de Martin Luther King et de Nelson Mandela. Il s’est élevé quand c’était difficile. Il a parlé quand d’autres ne le faisaient pas. Mohammed Ali a secoué le monde. Cela fut une bonne chose pour le monde et pour nous tous.» (Barack Obama)

«Je suis le plus grand » se plaisait-il à répéter et il était bien grand, en effet. Mohammed Ali, né Cassius Marcellus Clay Jr., ne fut pas seulement un grand boxeur, un sportif hors normes mais une légende, un multiple-champion du monde qui avait mené un combat permanent à l’intérieur du ring contre de grands noms du monde de la boxe et à l’extérieur du ring contre l’ordre établi.

Mais qui était donc réellement ce Mohammed Ali ? Né le 17 Janvier 1942 à Louisville dans le Kentucky, la légende veut que ce petit-fils d’esclave ait intégré le monde de la boxe dans le seul but de se «venger d’un gamin qui lui avait volé son vélo» et, dans les faits, celui qui fut sacré champion olympique en 1960 à Rome l’âge de 18 ans, entama, dès son entrée dans le monde professionnel, une sorte d’auto-promotion en lançant des répliques bien personnelles  dont la plus célèbre fut celle où il déclarait le front haut «Je vole comme un papillon, je pique comme une abeille, je suis le plus grand !»

Et grand, il l’était, en effet, puisque dès l’âge de 22 ans, il décrochera le titre de champion du monde aux dépends d’un certain Sonny Liston. Le lendemain, il prit le nom de «Cassius X»  en hommage à Malcolm X le leader des Black Muslims et moins d’un mois plus tard, se convertit à l’Islam en se faisant appeler, désormais, Mohammed Ali.

Mais même si, grâce à son style unique, les bras souvent ballants le long du corps, il conservera son titre mondial jusqu’en 1967, cette conversion lui apportera dans son escarcelle de nombreuses inimitiés et l’administration US le sommera, cette année-là, de s’engager pour aller combattre au Viet-Nam ; ce qu’il refusera en déclarant haut et fort «Aucun viet-namien ne m’a jamais traité de nègre », sous-entendant par là, que le racisme était encore présent aux Etats-Unis et que c’est donc là qu’il devait rester pour le combattre.

Mais s’il échappa à la prison pour son refus de servir la patrie, sa licence de boxe lui fut quand même retirée. Vilipendé par une grande partie de l’opinion publique américaine, Mohammed Ali était, toutefois, soutenu par ceux, nombreux aussi, qui,  en luttant pour l’égalité des droits,  le considéraient comme étant le porte-parole de la bataille qu’ils menaient tous pour la reconnaissance de l’égalité des droits des Noirs américains.

Grâcié en 1971, il remontera sur le ring le 8 Mars au Madison Square Garden de New York contre Joe Frazier pour offrir au monde entier ce qui fut appelé, à l’époque, « combat du siècle », un combat durant lequel il s’inclinera aux points pour la première fois de sa carrière. Mais l’homme, qui ne s’avouait pas vaincu pour autant, prendra sa revanche sur ce même Frazier au début de l’année 1974 et, le 30 Octobre, fera tomber le superpuissant George Foreman par K.O au 8ème round devant près de 100.000 spectateurs à Kinshasa au Zaïre lors de ce qu’il avait été convenu d’appeler « la bataille dans la jungle » (« the rumble in the jungle »).

En 1975, Mohammed Ali prit une nouvelle fois sa revanche, à Manille aux Philippines, en éliminant Joe Frazier par K.O à la 13ème reprise conservant ainsi sa couronne jusqu’en 1978, date à laquelle il la perdra en s’inclinant devant Léon Spinks. Mais, fait unique en son genre, Mohammed Ali récupèrera son titre sept mois plus tard en battant son tombeur aux points.

Le champion sera, néanmoins,  obligé de quitter définitivement le monde de la boxe en 1981 quand, après avoir été humilié par son compatriote Larry Holmes, il abandonnera à la 11ème reprise et qu’il s’inclinera, quelques mois plus tard, face à Trevor Berbick.

Quand il raccroche ses gants cette année-là, Mohammed Ali avait  déjà poussé sa carrière tellement loin et tellement vite que les premiers effets de la maladie de Parkinson firent rapidement leur apparition.

Ainsi, aux Jeux Olympiques du Centenaire qui se sont déroulés à Atlanta en 1996, c’est un homme tremblotant qui, face au monde entier, avait allumé la vasque olympique.

Ses dernières apparitions publiques eurent lieu en 2012 lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres et, plus récemment, en Avril 2016 à Phoenix à l’occasion d’un dîner de charité destiné à recueillir des fonds pour la recherche contre la maladie de Parkinson.

Il est à signaler, au passage, que Mohammed Ali avait été décoré du Wissam Alaouite le 15 Janvier 1998 par le défunt roi Hassan II lors d’une cérémonie au Palais Royal de Rabat et qu’en Juillet 1972, il avait participé, au complexe Mohammed V de Casablanca et sur invitation royale, à un match de gala contre le malien Bakayoko Sounkalo. Ce combat, arbitré par le marocain Larbi Haouad, avait attiré beaucoup de monde alors même que les billets de première classe avaient été vendus à 400,00 Dirhams ; ce qui était très cher à l’époque.

Hospitalisé jeudi dernier dans une clinique de Phoenix pour des problèmes respiratoires, Mohammed Ali s’est éteint dans la nuit du vendredi après un combat de plus de 30 années contre la maladie de Parkinson.

Dès l’annonce de son décès, le Président Obama, qui conserve une paire de gants ayant appartenu à Mohammed Ali, a déclaré : « Son combat en dehors du ring lui a coûté son titre, lui a valu nombre d’ennemis mais Mohammed Ali a tenu bon. Il a été aux côtés de Martin Luther King et de Nelson Mandela. Il s’est élevé quand c’était difficile. Il a parlé quand d’autres ne le faisaient pas. Mohammed Ali a secoué le monde. Cela fut une bonne chose pour le monde et pour nous tous. »

Nabil El Bousaadi

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