Vibrant hommage à l’expression artistique au féminin

PPS : Salon culturel de la Section Agdal-Riad

En partenariat avec l’association Jossour, et dans le cadre du programme «Femmes Partenaires du Progrès» (WWP) initié par la Chaire Gibran Khalil Gibran de l’Université Maryland, le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) «Section Agdal-Riad» a organisé, vendredi 12 juillet, au siège national du parti à Rabat, dans le cadre de son salon culturel, un vernissage des œuvres de l’artiste peintre et architecte Loubna Hmidouch et la projection du film «Tharbat ‘N’ Wadoo» (la fille du vent) de la réalisatrice Latefa Ahrrare. Ce fut un événement artistique marqué par la présence d’une pléiade de personnalités des mondes de la culture et des arts, ainsi que les amoureux du cinéma et de l’image; où la femme artiste et l’expression artistique au féminin ont été mises à l’honneur.

En effet le bal de la soirée artistique a été ouvert par le vernissage de l’exposition de l’artiste peintre Loubna Hmidouch au hall du siège.  En outre, la projection du film de l’actrice Latefa Ahrrare a été suivie d’un débat fructueux animé par la présidente de l’association Jossour, Oumayma Achour. «C’est une belle initiative qui œuvre pour la promotion de la culture et de l’art afin de changer les mentalités et les stéréotypes et même les lois notamment sur certaines questions qui touchent notre société.», a-t-elle souligné lors du débat. Deux artistes femmes, deux voix artistiques, deux visions différentes, mais le message n’en est qu’un : rendre hommage à la femme, à l’humain. Des arts plastiques au cinéma, l’artiste peintre et architecte Loubna Hmidouch  et Latefa ont rendu un  vibrant hommage à la femme marocaine sous toutes ses facettes.

La fille du vent

«Tharbat ‘N’ Wadoo»… comme un chant d’amour et d’espoir

Que vaut la vie sans les artistes, sans le chant, sans la danse et la poésie ? Absolument rien. Dans son dernier documentaire, «Tabat N’Wadou», la comédienne et artiste Latefa Ahrrare passe derrière la camera. Une nouvelle aventure qui commençait pour elle, mais qui s’est débouchée sur un beau film, sincère, humain et porteur d’un nouvel espoir… au féminin.

C’est  dans la région d’Oulmès que la réalisatrice a tourné son documentaire. C’était un printemps… la terre est arrosée par les pluies diluviennes de l’hiver, les montagnes vertes et les beaux paysages et visages irriguent la soif les yeux secs des âmes assoiffées à la beauté et à la verdure.

Un coup de chance ! Latefa est tombée sur une histoire bien faite, voire poétique et profonde. C’est une histoire vraie. L’histoire de Sanae une adolescente de  12 ans qui rêve de devenir une «Maestra» d’une troupe d’Ahidous mixte.

«Tharbat ‘N’ Wadoo», un beau titre,  ou la fille du vent

«J’ai découvert cette fille via face book, et  par la suite j’ai commencé à la suivre et la voir. J’ai cherché ses cordonnées, je les ai eues, je l’ai appelée, je suis allée chez elle à Oulmès. J’ai vécu un moment avec elle, avec sa famille et son maître. C’est comme ça que l’idée est née  du film  «fille du vent». C’est moi d’ailleurs qui l’a nommé «Tharbat’N’Wadoo» parce que pour moi, c’est une fille qui bouge comme le vent», nous a déclaré l’artiste.

L’actrice principale est emportée par la douce ivresse du chant, par cette brise qui souffle quand les gestes et les mouvements du corps riment parfaitement avec les rythmes d’Aloune (Bendir) et les voix féminines et masculines qui se confondent pour donner naissance à une œuvre d’art.

Par ailleurs, la force du film réside dans sa sincérité et dans son humanisme. Latefa a pu, en outre, non seulement bien filmer ce personnage à travers des plans et des scènes émouvantes, mais elle a su également mettre les mots sur les maux par le biais  d’un langage cinématographique universel. La voix de la jeune est omniprésente dans le film, son écho résonne dans les montagnes habitées d’herbe et de fleurs.

Ce personnage courageux défiant les regards critiques de l’autre, des proches  a choisi d’aller jusqu’au bout de ses rêves, de ses aspirations, parfois au-delà des larmes, de la douleur et de l’échec. Malgré la géographie, Sanae mène une vie paisible, simple et pleine d’amour. «Le personnage m’a donné des réponses à un tas de questions actuelles. », précise la réalisatrice lors du débat ouvert sur le film.

En outre, qui dit danse, dit mouvements et le corps qui est un instrument fondamental. «Dans la culture amazighe, il y a beaucoup de pudeur et de respect dans la question du corps.», a-t-elle fait savoir.

Le film a aussi ses lettres de noblesse notamment dans l’attachement du personnage à son art amazigh authentique et son identité plurielle et collective. La preuve ? Le film a été fait avec les deux langues amazighe et arabe qui cohabitaient harmonieusement et guident l’histoire jusqu’à la fin.

C’est une certaine langue poétique qui a été recherchée dans ce documentaire. À travers les yeux de Sanae, on y voit non seulement l’image de la jeune, mais d’une femme qui bat en brèche les stéréotypes, les clichés et le regard parfois rétrograde de toute une société.

«La société  amazighe est matriarcale. Voyons par exemple cette fille rêvant d’une troupe mixte, l’homme à côté de la femme; une troupe de plusieurs personnes. C’était une manière de réaliser cette égalité à laquelle l’on aspire. Cette fille est jeune et rêve aussi de devenir la «Maestra».

Elle rêve  de cette égalité sans être dans le militantisme. Elle disait dans le film : «moi quand je danse, je me sens libre… je sens que mon corps est libre comme les fleurs dans les champs, comme le vent…», ajoute Latefa.

En revanche, la réalisatrice veut que l’Amour triomphe à travers ce film. «On est peur de l’amour dans une société qui vénère de plus en plus la violence.», conclut-elle.

Le corps… une expression plurielle

Les tableaux de l’artiste peintre et architecte Loubna Hmidouch exposés jusqu’au 19 juillet courant au hall du siège du PPS, donnent à voir un univers purement féminin où le corps est présenté dans tous ses états.

En effet, le corps pour l’artiste est  une expression, un langage, un outil pour révéler ses états d’âme. L’émotion est le maître mot de ses tableaux, de cette énergie et réflexion émanant des traits, des silhouettes dans ses différentes situations. Or, il y a quelque chose d’inachevé, d’inchoatif dans ses travaux où  le corps, en chantier, se construit, s’évade et se révolte… en d’autres mots, un corps à venir.

Pour l’artiste, le corps n’est pas simple objet de réflexion mais aussi un sujet  voire un tissu d’émotions où l’essence humaine se manifeste. «Le corps est la plus belle chose qui existe dans le monde. Avec le trait, l’artiste tisse et brode les détails de chaque tableau et chaque composante du corps peignaient sur la toile. En effet, chaque trace  reflète la partie discrète du sujet incarné dans chaque tableau.

La légèreté du geste, la finesse du dessin offrent aux yeux un plaisir inouï de contempler chaque travail. Entre petits, grands et moyens formats, l’artiste est allée au-delà de la forme pour faire parler son ressenti, mais aussi  ce qui demeure caché dans son imaginaire créatif et dans son âme d’artiste. Ses tableaux sont marqués par une économie de couleurs, ce choix esthétique de l’artiste ouvre des champs de méditations vastes pour le regardant de ses tableaux. Entre le noir et marron, l’artiste a su dégager les inquiétudes, les silences, les joies et les révoltes de chaque corps, des corps humains. A vrai dire, l’important, selon ses dires, c’est d’être bien dans sa peau.

Mohamed Nait Youssef

Related posts

Top