Vision 2020 du tourisme: La déception persiste

Au moment où les assises du tourisme sont en stand-by depuis quatre ans, le symposium organisé par le Conseil du développement et de la solidarité (CDS), hier à Rabat, a permis aux professionnels et responsables publics de relancer le débat sur les actions à même de booster la destination Maroc.

Les avis sont partagés sur les défaillances de la vision 2020, surtout en matière de gouvernance du secteur. Miriem Bensaleh-Chaqroun, présidente de la CGEM, a relevé plusieurs incohérences, bien que le Marc se positionne comme la première destination touristique en Afrique.

Les failles qu’elle a citées sont surtout liées à la faiblesse des infrastructures. «Alors que Marrakech est en surcapacité avec 71.000 lits, Casablanca n’est pas en mesure d’abriter un congrès de 5.000 personnes», a-t-elle déploré. La politique aérienne fait aussi défaut, de l’avis de la patronne des patrons. Pour elle, «le Maroc dispose certes d’une bonne connectivité aérienne avec 63 pays et 112 aéroports, mais des destinations comme Ourzazate restent oubliées». Elle reproche aussi aux professionnels du secteur de s’accrocher à la promotion de circuits touristiques alors que la demande s’est déplacée vers le city break.

«Il faut repenser le business modèle du secteur touristique en adaptant l’offre à une demande de plus en plus désintermédiée et digitalisée», propose-t-elle. Cela ne passe qu’à travers une bonne gouvernance et une implication réelle du gouvernement dans un secteur qui emploie 500.000 personnes, estime la présidente de la CGEM. Or, le constat montre que tous les dispositifs de pilotage ont failli à tous les niveaux. La coordination au niveau stratégique et interministériel a montré ses limites au niveau opérationnel.

Aujourd’hui, l’ambition des opérateurs du secteur est de conquérir de nouveaux marchés pour faire face à la régression des touristes en provenance des principaux pays émetteurs à savoir l’Espagne et la France. Parmi les plus ciblés, les touristes chinois. La promotion du patrimoine historique et touristique gagnerait aussi à être renforcée. Les chiffres présentés indiquent qu’à peine 2 millions de touristes ont visité les sites du patrimoine marocain. Sur ce point, Neila Tazi, vice-présidente de la Chambre des conseillers, considère que le Maroc manque d’offre culturelle.

Ce diagnostic critique est nuancé par le ministre de tutelle. Alors que les opérateurs s’attendaient à des annonces concrètes pour relancer le tourisme marocain, Mohamed Sajid s’est contenté de mettre en exergue les réalisations du secteur. En 2017, la contribution du tourisme au PIB national a atteint 8%. Les recettes de ce secteur, qui emploie près de 2,5 millions de personnes, frôlent les 70 milliards de dirhams.

Pour autant, le bilan à mi-parcours de la vision 2020 demeure mitigée, de l’avis de l’ensemble des intervenants. Un déficit en matière de mobilisation du capital et des crédits est enregistré. A peine 20% des 180 milliards de dirhams attendus ont été mobilisés.

Hajar Benezha

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