Afghanistan: Joe Biden siffle la fin de la partie

Attendons pour voir…

Nabil Bousaadi

Comme il s’y était engagé, au tout début de son mandat, Joe Biden, désormais, «quatrième président américain à gérer la présence militaire américaine» en Afghanistan, n’entend point transmettre «cette responsabilité » à son successeur.

Aussi, en considérant que «l’heure est venue de mettre fin à cette guerre sans fin», le nouveau locataire de la Maison Blanche a annoncé, ce mercredi, que toutes les troupes américaines stationnées en Afghanistan devront quitter le pays avant le 20ème anniversaire «des odieux attentats du 11 septembre» qui furent à l’origine de cette longue guerre et qu’à ce titre, le retrait définitif des troupes américaines sera entamé le 1er mai, en coordination avec les forces alliées de l’OTAN.

Dans la foulée, la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a confirmé que les contingents des pays de l’Alliance atlantique quitteront «ensemble» le territoire afghan en commençant à effectuer, à partir du 1er mai, un retrait «ordonné, coordonné et délibéré» des troupes de la mission «Resolute Support» qui comprend quelques 9.600 soldats dépêchés par 36 Etats.

Ayant repoussé, ainsi, de quelques mois la date-butoir du 1er mai initialement fixée par l’accord historique conclu à Doha en Février 2020 entre son prédécesseur et les Talibans, Joe Biden en a fait part, dans un entretien téléphonique, au président afghan Ashraf Ghani qui a déclaré, dans un Tweet, «respecter» la décision américaine dès lors que les forces afghanes sont, désormais, «pleinement capables de défendre leur peuple et leur pays».

Mais il y a un autre son de cloche du côté des insurgés Talibans puisque ces derniers avaient prévenu, la veille, qu’ils refuseraient de participer à la Conférence sur la paix en Afghanistan que prévoient d’organiser, à Istanbul du 24 Avril au 4 Mai, l’ONU, la Turquie et le Qatar, «tant que toutes les forces étrangères n’auront pas achevé leur retrait».

Aussi, par le biais de leur porte-parole Zabihullah Mujahid, ceux-ci ont lancé, ce mercredi, une sévère mise en garde à l’adresse de Washington dans laquelle ils lui signalent que «si l’accord [de Doha] est violé et que les forces étrangères ne quittent pas [l’Afghanistan] à la date prévue, il y aura sûrement des problèmes» imputables à ceux qui n’auront pas respecté leurs engagements.

Or, en considérant que l’objectif pour lequel l’armée américaine était intervenue en Afghanistan, en 2001, était d’empêcher que le pays « ne puisse servir de base à une nouvelle attaque contre les Etats-Unis» et que celui-ci a été «rempli», le président Joe Biden a exhorté les Talibans à respecter les « engagements » pris à Doha  et prévenu ces derniers qu’il les tiendrait pour « responsable» s’il venaient à s’en écarter.

Un rapport publié, mardi, par les services du renseignement américain, révèle, néanmoins, que, malgré l’accord de Doha, la violence persiste, sur le sol afghan, entre les insurgés talibans et les forces régulières et qu’en conséquence,  les autorités de Kaboul auront bien du mal à «résister» après le départ des forces de la coalition internationale.

Raison pour laquelle, après la lecture de ce rapport, Joe Biden a déclaré que son pays va continuer «à soutenir le gouvernement» de Kaboul sans, toutefois, «rester engagé militairement en Afghanistan»  et a saisi cette occasion pour appeler les autres acteurs régionaux avec, à leur tête, le Pakistan en sa qualité de parrain historique des Talibans, «à en faire davantage» pour soutenir leur voisin afghan.

L’Afghanistan s’apprête-t-il à renouer avec la paix après plus de quatre décennies de déchirement d’abord du fait de l’occupation du pays par les forces de l’ex-Union Soviétique puis, après, par celles de Washington et de ses alliés de l’O.T.A.N. ?

Attendons pour voir…

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