Quid des barmaids et serveurs durant le confinement?

Bars, restaurants, discothèques

Karim Ben Amar

Le 1er juillet, les bars ont repris du service, avec tout de même la restriction horaire, ne devant pas dépasser les douze coups de minuit. Ce secteur a également été  touché par la pandémie mondiale liée au nouveau coronavirus covid-19 qui a conduit plus de la moitié de la planète au confinement obligatoire. Comment ont-ils surpassé cette dure épreuve ? Par quels moyens ? Immersion.

L’économie du pays, à l’instar de celle du monde entier, a été touchée de plein fouet par la pandémie liée à la covid-19. La quasi-totalité des secteurs ont pâti de l’état d’urgence sanitaire mais surtout du confinement obligatoire.

Les autorités compétentes ont   veillé à la fermeture de la plupart de commerces accueillant des clients et n’étant pas considéré comme de première nécessité. Les restaurants mais aussi les bars ont cessé toute activité.

Dès le 20 mars à 18h, les propriétaires où autres gérants ont fermé boutique jusqu’à nouvel ordre. Depuis ce jour et durant toute la durée du confinement obligatoire, l’immense majorité des salariés du secteur étaient en cessation de paiement.

Durant plus de trois mois, barmaids, barmen, cuisiniers et serveurs ont dû littéralement se serrer la ceinture pour pouvoir joindre «les deux bouts». Ce dimanche 19 juillet, l’équipe d’Al Bayane est allée à la rencontre de certains professionnels du secteur. Tous étaient unanime quant aux immenses difficultés qu’ils ont traversées.

Dans une ruelle du boulevard Zerktouni, Habiba, une barmaid d’une trentaine d’années a déclaré que le fait de ne plus recevoir de salaire a impacté leur quotidien, «cela nous a tout simplement poussé à ne plus payer le loyer». Et d’ajouter, «heureusement, durant le confinement, nous avons cessé de recevoir les avis d’eau et d’électricité, ce qui nous a permis de ne plus penser à cette facture et à une éventuelle coupure».

Sans aucune rentrée d’argent ni aucune indication sur la fin du confinement, les dépenses quotidiennes étaient pour la plupart des foyers, parfois difficiles à assumer. «Au bout de quelques jours, la réalité a pris le dessus sur cette situation inédite. Sans aucune source de revenus, nous n’avions d’autres choix que de puiser dans l’épargne qui était destinée à autre chose». Habiba affirme que «durant la durée du confinement, et avec le mois de ramadan, j’ai entamé très sérieusement mes économies».

Elle souligne néanmoins que ceci: «je suis chanceuse d’avoir épargné un peu d’argent, sinon je n’aurais pas pu subvenir à mes besoins et à celle de ma famille. Et de conclure «je peux vous assurer que ce n’était pas le cas de tout le monde».

Dans un autre bar, mais toujours sur la même grande artère casablancaise, Nourdine, un jeune serveur a rappelé que l’aide de l’état a été précieuse en temps de pandémie. Il a affirmé que sans cette aide, il aurait été impossible de surmonter cette épreuve.

«Les pourboires me permettaient de financer mes loisirs : soirées entre amis, mais aussi mes moments dans les terrasses de cafés, mes paquets de cigarettes etc. Une fois en arrêt de travail, j’ai paniqué, comment vais-je faire pour subvenir à mes besoins les plus élémentaires ?», se questionne-t-il.

«Le fonds Covid-19 mis en place par Sa Majesté a été d’une très grande aide aux nécessiteux. Le fait de bénéficier du Ramed nous a permis, tout comme une grande partie des citoyens marocains, de voir le bout du tunnel sereinement». Il affirme que sans cette aide, il lui aurait été très difficile de satisfaire ses besoins vitaux. «Grâce aux 800 Dhs que j’ai touché deux mois sur trois, j’ai pu au moins me nourrir et acheter mes cigarettes. Sans cela, il m’aurait été impossible de me débrouiller seul».

«Cette aide m’a permis de ne contracter qu’un petit prêt durant toute cette période difficile et en quelque sorte, cela est une prouesse vu la longue traversée du désert, mais heureusement, voilà près de 20 jours que nous avons repris le travail, il était vraiment temps», conclut-il.

La fameuse citation de l’humoriste français Coluche résume parfaitement la situation des professionnels de ce secteur et de beaucoup d’autre: «A force de me serrer la ceinture, j’ai les bretelles qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts».

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