Vers un retrait coordonné des Etats-Unis et de leurs alliés

Afghanistan

Les Etats-Unis et leurs alliés s’orientaient mercredi vers un retrait coordonné de leurs troupes d’Afghanistan, que Joe Biden souhaite voir achevé le 11 septembre, le jour du 20e anniversaire des attentats de 2001, malgré les craintes d’un retour en force des talibans.

« Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Et maintenant, il est temps de ramener nos forces à la maison. Le président Biden en parlera dans quelques heures aux États-Unis. Et je suis ici pour travailler en étroite collaboration avec nos alliés », a lancé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à son arrivée à Bruxelles avant une importante réunion au siège de l’Otan.

La ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer a à cet égard déclaré le même jour que les contingents des pays de l’Alliance atlantique quitteraient « ensemble » et de manière « ordonnée » le territoire afghan.

Toute modification de la présence du Royaume-Uni en Afghanistan se fera « en accord avec les alliés et après consultation avec nos partenaires », a de son côté souligné un porte-parole du gouvernement britannique, contacté par l’AFP.

« Nous allons entamer un retrait ordonné des forces restantes avant le 1er mai et prévoyons d’avoir sorti toutes les troupes américaines du pays avant le 20e anniversaire du 11-Septembre », a pour sa part annoncé un responsable américain.

Joe Biden a en effet prévenu qu’il serait « difficile » de s’en tenir à la date butoir du 1er mai prévue pour ce retrait dans un accord conclu en février 2020 par son prédécesseur Donald Trump avec les insurgés.
En repoussant ainsi de plus de quatre mois l’échéance, le président américain a provoqué l’ire de ces derniers.

« Tant que toutes les forces étrangères n’auront pas achevé leur retrait de notre pays, nous ne participerons à aucune conférence censée prendre des décisions sur l’Afghanistan », a tweeté un porte-parole des talibans au Qatar, Mohammad Naeem, alors que la Turquie venait d’annoncer des pourparlers de paix « de haut niveau » du 24 avril au 4 mai à Istanbul.

« Nous avons dit aux talibans, sans la moindre ambiguïté, que nous répondrons avec force à toute attaque contre les soldats américains pendant que nous procédons à un retrait ordonné et sûr », a quant à lui dit le même responsable américain.

Les rebelles afghans ont récemment menacé de riposter par la force en cas de dépassement de la date du 1er mai.

Malgré l’accord américano-taliban de 2020, la violence demeure à un niveau très élevé sur le terrain entre les insurgés et les forces afghanes.
Dans une récente lettre adressé au président afghan Ashraf Ghani, Antony Blinken a prévenu qu’un retrait américain pourrait entraîner « des gains territoriaux rapides » de la part des talibans. Et le renseignement américain a estimé, dans un rapport paru mardi, que le gouvernement afghan allait « peiner à résister » en cas de départ de la coalition internationale.

Les Etats-Unis sont intervenus en Afghanistan dans la foulée des attentats contre les tours jumelles de New York et le Pentagone. Ils ont chassé du pouvoir à Kaboul les talibans, accusés d’avoir accueilli le groupe jihadiste Al-Qaïda responsable des attentats, mais se sont ensuite enlisés.

Au plus fort de leur présence, en 2010-2011, quelque 100.000 militaires américains étaient déployés en Afghanistan. L’ex-président Barack Obama avait ramené ces effectifs à 8.400 hommes, puis son successeur Donald Trump poursuivi le retrait : il ne reste plus que 2.500 soldats américains en Afghanistan.

Au total, la mission « Resolute Support » de l’Otan implique 9.600 militaires de 36 pays.

Pour mettre fin à la plus longue guerre des Etats-Unis, dans laquelle plus de 2.000 Américains ont été tués, le gouvernement de Donald Trump avait conclu à Doha, au Qatar, un accord historique avec les talibans.

Il prévoyait le retrait de toutes les forces américaines et étrangères avant le 1er mai prochain, à condition que les insurgés empêchent à l’avenir à tout groupe terroriste d’opérer à partir des territoires afghans qu’ils contrôlent.

Les talibans devaient aussi entamer des négociations de paix directes inédites avec le gouvernement de Kaboul. Ces pourparlers, qui piétinent depuis leur ouverture en septembre, devaient être relancés par la conférence d’Istanbul.

Mais une absence des talibans se traduirait par une nouvelle impasse. Le responsable américain a néanmoins prévenu que le retrait se ferait « sans conditions ».

Comme Donald Trump, et à l’unisson d’une opinion américaine de plus en plus lasse des interventions meurtrières et coûteuses à l’autre bout du monde, Joe Biden a promis de « mettre un terme aux guerres sans fin » de l’Amérique.

Mais il avait évoqué, pendant la campagne pour la présidentielle de novembre, la possibilité de maintenir un petit contingent pour la lutte antiterroriste en Afghanistan.

Finalement, il n’en est plus question. Les forces affectées au contre-terrorisme seront redéployées en dehors de ce pays et la seule présence militaire américaine sur place après le 11 septembre sera vouée à la protection des diplomates des Etats-Unis, a expliqué le responsable qui a détaillé la position du président à la presse. La classe politique américaine était divisée face à l’annonce du retrait.

La plupart des démocrates, mais aussi plusieurs ténors trumpistes, ont salué le rapatriement tant attendu des soldats. Mais d’autres, dans les deux camps, ont déploré un départ « prématuré ».

Étiquettes ,

Related posts

Top