Anti-corruption: le Maroc toujours mal noté

On s’y attendait ! La situation du Maroc dans le classement «Indice de perception de la corruption 2016», publié par Transparency International mercredi dernier, ne s’est pas améliorée. Avec un score de 37 points sur 100, le Maroc occupe le 90e rang sur un total de 176 pays. En 2015, le pays était classé 88e sur 168.

Depuis 2006, le Maroc n’a jamais dépassé le scorede38, signe que le pays fait face à une corruption endémique et systémique, comme l’a souligné Azzedine Akesbi, membre de Transparency Maroc, lors d’une conférence de presse, mercredi à Rabat.Un chiffre qui place le Maroc dans la catégorie des pays fournissant une information minimale à leurs citoyens. Le plus inquiétant est que la justice arrive toujours en tête des secteurs les plus dénoncés par les citoyens. En effet, 49% de l’échantillon sondé (1200 personnes) dénonce le niveau d’intégrité de la justice. Et dire que la tutelle, à savoir le département de la Justice, avait mis en place un numéro vert pour permettre aux citoyens de dénoncer ce fléau ! Même la stratégie de lutte contre la corruption, mise en place par le ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration n’aura servi à rien.

Dix mois après son lancement, «elle n’est pas encore entrée en application, du fait de l’absence des mécanismes d’exécution», a indiqué Abdellah Harsi, secrétaire général adjoint de Tansparency Maroc. Selon lui, «le bilan d’étape, dressé par le département de la Fonction publique en présence d’ONG dont Transparency Maroc, a montré que cette feuille de route n’a rien apporté au chantier de la lutte contre la corruption». A ce jour, les administrations n’ont pas encore reçu les recommandations leur permettant de passer à l’acte.

Cependant, la lutte contre la corruption dépasse la simple adoption de stratégies. «Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Maroc se dote d’une politique destinée à éradiquer ce phénomène», a indiqué Azzedine Akesbi, soulignant notamment le plan d’action mis en place sous le gouvernement Jettou. Selon lui, plusieurs initiatives ont été menées dans ce sens sans jamais dépasser le stade des annonces et des promesses. «Avoir une stratégie écrite n’est que le début d’un long chemin, celui de la mise en œuvre. Le plus important est de lui affecter le financement nécessaire», a-t-il dit. Et d’ajouter que les lois sur lesquelles misait la société civile pour renforcer la transparence constituent un inquiétant recul. Il s’agit, selon Akesbi, de la loi sur l’Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption. Loin d’élargir les prérogatives de cette instance, elle a limité son champ d’action sans lui consacrer le pouvoir d’auto-saisine. Fouad Abdelmoumni, secrétaire général de Transparency Maroc, s’est d’ailleurs interrogé sur le fonctionnement de cette instance qui a sombré dans la léthargie depuis le départ de son président, Abdeslam Aboudrar, nommé ambassadeur du Maroc à Londres. D’autant plus que les membres devant composer le Conseil de cette instance n’ont pas encore été nommés.

Outre le texte régissant cette instance, le projet de loi sur le droit d’accès à l’information continue également d’inquiéter les membres de la section marocaine de Transparency international. Akesbi déplore l’absence de sanctions à l’encontre de l’Administration, au moment où le citoyen peut être poursuivi en justice en cas d’exploitation des données.

Hajar Benezha

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