Mohammed Diouri, fondateur de l’ISGA
Propos recueilles par Kaoutar Khennach
La pandémie liée à la Covid-19 a fait subir aux systèmes d’enseignement un choc sans précédent à travers la fermeture brutale des établissements. Ainsi, les acteurs de l’enseignement ont dû réagir rapidement pour réussir le pari de l’enseignement à distance et assurer la continuité pédagogique durant la phase du confinement. Cependant, la crise sanitaire se veut une opportunité pour donner une nouvelle impulsion au secteur et instaurer une nouvelle culture tournée vers le digital. Dans cet entretien, Mohammed Diouri, fondateur de l’ISGA, groupe privé d’enseignement privé au Maroc, nous livre son analyse de l’enseignement supérieur au Maroc et éclaire sur les enjeux et les défis dudit secteur notamment à l’ère de la Covid-19. Les propos.Al Bayane : Tout d’abord, présentez-nous l’ISGA?
Al Bayane : Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter l’ISGA ?
Mohammed Diouri : l’ISGA est un établissement d’enseignement supérieur privé, créé en 1981. L’ISGA est implanté dans les 4 plus grandes villes du Maroc (Casablanca, Rabat, Marrakech et Fès). Il a pour vocation de former des cadres supérieurs en management et en ingénierie et permet également à ses étudiants de bénéficier, en fin de cursus, de la double diplomation, à savoir le diplôme marocain de l’ISGA et un diplôme de Master d’État français.
L’ISGA c’est 15500 lauréats, fortement présents et acteurs dans quasiment tous les secteurs de l’activité économique. Nos crédos, à l’ISGA, sont la qualité de la formation et des activités extra-académiques, l’innovation et la recherche scientifique, le développement des relations internationales et l’employabilité de nos lauréats.
Notre fierté consiste à voir certains de nos lauréats occuper des postes de haute responsabilité, au Maroc et à l’étranger (en France, en Belgique, au Canada, aux États-Unis, etc.), dans de grandes entreprises multinationales. Notre fierté passe enfin par l’Afrique subsaharienne dont les institutions, banques et entreprises attestent de la qualité de nos formations puisque nos lauréats y sont facilement recrutés.
Quels sont les métiers visés par les formations proposées par l’ISGA et à quels types de profils s’adressent-elles?
Tout d’abord, il importe de ne pas ignorer l’entreprise, c’est le nerf de guerre. L’entreprise doit être omniprésente dans la formation et dans le para-pédagogique en faisant participer des professionnels de renoms dans certains séminaires, dans les encadrements de stagiaires, dans la réalisation des projets tuteurés, dans l’animation de conférences, dans l’organisation de forums et dans les visites d’entreprises ciblées.
Ensuite, l’ISGA dispose d’un conseil scientifique qui se compose de personnalités publiques venant du monde de l’entreprise et des universités qui participent activement à notre ingénierie pédagogique.
Enfin, l’approche pédagogique s’appuie sur une analyse pointue de l’environnement socioprofessionnel et économique. La jonction entre tous ces éléments donne l’opportunité à l’ISGA de s’adapter en permanence aux besoins des employeurs et d’assurer une forte employabilité de nos lauréats.
Partant de ce fait, nous visons, aussi bien dans le management que dans l’ingénierie, des métiers très sollicités par l’entreprise comme l’audit, le contrôle de gestion, la finance d’entreprise et des marchés, le marketing digital, la cyber sécurité des systèmes, la conception des systèmes d’information, les big data, le Cloud, l’intelligence artificielle, les systèmes automatiques et j’en passe. Ce sont là, des domaines très prisés par les entreprises aussi bien nationales qu’internationales et qui assurent un niveau d’employabilité important pour nos lauréats.
Quelle analyse faites-vous du secteur de l’enseignement supérieur au Maroc?
Le secteur de l’enseignement supérieur au Maroc est en pleine évolution. Chaque année, nous assistons à la création de nouvelles universités et écoles, marocaines et étrangères. Nous assistons également à l’éclosion de nouvelles filières et parcours et au développement de la recherche scientifique.
Cependant, ce secteur pourrait connaître une plus forte progression si certaines conditions étaient remplies. Il s’agit notamment d’un assouplissement du cahier de charges pour la reconnaissance, afin de permettre à un plus grand nombre d’écoles d’avoir la reconnaissance, ce qui augmenterait le nombre d’étudiants affluant vers le secteur ; les prouesses de l’enseignement supérieur privé réalisées en assurant un enseignement à distance de qualité pendant le confinement que nous avons vécu, l’État serait bien inspiré s’il légiférait en la matière, afin de permettre une forte proportion d’enseignement à distance et prévoir même des formations totalement à distance, avec délivrance de diplômes ; le développement des Partenariats Publics Privés, afin de faciliter les échanges d’étudiants et de professeurs entre les universités publiques et le secteur de l’enseignement supérieur privé.
Depuis une vingtaine d’année, on observe un phénomène de très forte croissance de la part de l’enseignement privé au sein de l’enseignement supérieur marocain. Pourquoi?
Le secteur de l’enseignement supérieur privé au Maroc a su inventé un modèle pédagogique réussi. L’immersion de milliers de lauréats de ce secteur dans la sphère économique en est la preuve éloquente.
Ce modèle pédagogique inventé par le secteur de l’enseignement supérieur privé au Maroc depuis le début des années 1980, est tellement réussi qu’il ne s’est pas contenté de l’être auprès des marocains mais il l’a également été auprès des étrangers qui sont de plus en plus nombreux à faire confiance à ce système en y poursuivant leurs études supérieures. Plus encore, la crédibilité de ce dernier est indéniable, puisque des étudiants de ce secteur peuvent continuer leur cursus à l’étranger dans de prestigieuses universités internationales ou dans des écoles d’ingénieurs ou de commerce.
Avec le confinement, l’enseignement supérieur a pris le virage des cours à distance. Dans ce sillage, quels sont les enjeux de cette rentrée?
Le contexte particulier que nous vivons actuellement, celui de la Covid-19, nous a imposé de mettre en place plusieurs scénarios, en mettant en priorité l’intérêt de l’étudiant, tout en tenant compte et en respectant l’intégralité des consignes sanitaires imposées par les autorités.
A l’ISGA, nous avons opté pour un enseignement hybride, à forte présence en classe, avec quelques cours à distance. Nous demeurons, toutefois, tributaires de l’évolution de la pandémie et des décisions prises par les instances gouvernementales.
Quels sont aujourd’hui les grands défis de l’enseignement supérieur au Maroc?
Le principal défi à court terme est de poursuivre le développement de l’apprentissage en ligne, qui au 21e siècle, est devenu un vecteur incontournable de développement des compétences.
Dans les pays développés, ayant réussi leur révolution numérique, le E-Learning est omniprésent à tous les niveaux de l’apprentissage. Des formations diplomantes de haut niveau sont entièrement assurées en ligne par des écoles et universités avec à la clé des diplômes reconnus par l’État.
Le Maroc se doit, par conséquent, de consolider ses acquis en matière de E-Learning afin de réussir son immersion dans l’ère de la révolution digitale. En effet, au Maroc, le E-Learning n’a pas encore atteint sa maturité mais avec de la volonté on peut dépasser tous les handicaps qui freinent son développement.
D’autres défis se doivent par ailleurs d’être relevés par le secteur de l’enseignement supérieur comme l’amélioration de la qualité, le défi des moyens humains et matériels, celui de l’infrastructure, l’adéquation entre la formation et l’emploi, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique et celui de la formation continue.
Quelles sont vos perspectives?
A l’ISGA nous avons comme perspectives d’améliorer la qualité de notre prestation dans le domaine de l’apprentissage en ligne ; de renforcer nos partenariats avec les écoles et universités à l’international ; de proposer d’autres parcours qui répondent aux futurs besoins du marché de l’emploi; d’asseoir notre position dans la recherche scientifique et l’innovation technologique; d’étoffer nos partenariats avec les entreprises et de développer l’employabilité de nos lauréats.
A moyen et long terme, nous avons l’ambition stratégique de poursuivre notre déploiement en créant de nouveaux centres ISGA dans d’autres villes qui présentent un potentiel intéressant pour notre secteur d’activité.