Benabdallah : le pays a besoin d’un gouvernement fort et non empêtré dans les conflits d’intérêt

Conférence du PPS et Damir sur « la situation économique et sociale »

Le PPS et le mouvement Damir ont organisé, jeudi 21 avril courant au siège national du parti à Rabat, une conférence sous le thème : « la situation économique et sociale à la lumière des fluctuations internationales et des politiques gouvernementales », et qui s’inscrit dans le cadre d’une série baptisée « les rencontres ramadanesques du jeudi ».

Soulignant l’intérêt de ce débat dont il assurait la modération, le rédacteur en chef du journal Al Bayane Najib Amrani a indiqué que l’opinion publique a besoin d’être éclairée sur le manque de mesures pour stopper la poursuite de la flambée des prix des carburants et des autres produits de base.

Elle a besoin d’explications au sujet des « incertitudes » et des «justifications » de ces hausses non suivies de mesures gouvernementales, ainsi que sur la révision à la baisse du taux de croissance du PIB, a-t-il ajouté

Autrement dit, l’on a besoin d’être éclairé sur l’absence d’un carnet de bord de l’exécutif pour faire face à la détérioration incessante de la situation sociale dans le pays, a-t-il souligné.

Pour répondre à ces questions participent à cette rencontre les professeurs universitaires Mohamed Benmoussa, vice-président de l’association Damir et ancien membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement, Lahcen Oulhaj, membre du Conseil économique, social et environnemental et Abdeslam Seddiki,  membre du BP du PPS et ancien ministre.

M’Barek Tafsi

Benabdallah

Le gouvernement doit communiquer et essayer de convaincre

Pour sa part, le Secrétaire Général du PPS Mohammed Nabil Benabdallah a affirmé que la situation est très difficile non seulement au Maroc mais également au niveau international. Selon lui, les répercussions de la pandémie du Covid-19 se font toujours sentir et la guerre entre la Russie et l’Ukraine a lourdement impacté les cours mondiaux du pétrole et de nombreux produits de base comme c’est le cas au Maroc où l’état de sécheresse a compliqué davantage les choses.

Tout en reconnaissant l’impact certain de ces facteurs, Benabdallah a indiqué qu’il est toutefois inadmissible de la part du gouvernement de se contenter d’une approche justificative et de n’annoncer que des réponses en deçà des attentes de ceux qui sont durement touchés par la flambée des prix.

Pour le Secrétaire Général du PPS, le Maroc a effectivement besoin d’un corps politique fort, capable de faire face aux défis qui se posent, un gouvernement, qui communique et essaie de convaincre et non pas une équipe effacée et timide, qui préfère garder le silence.

Face à cette situation, le PPS n’a cessé d’attirer l’attention sur le fait que le gouvernement est absent sur la scène et qu’il est incapable de communiquer et de convaincre. C’est d’ailleurs ce qui a été confirmé par le chef du gouvernement lui même, qui avait dit qu’il travaille beaucoup plus qu’il ne parle et communique.

Commentant le dernier discours du chef de gouvernement au Parlement, il a dit qu’il n’a fait que justifier la détérioration de la situation sans annoncer de décisions.

Il est vrai que tous les pays endurent de cette conjoncture, mais il est vrai aussi que le Maroc se distingue par le fait que son gouvernement se contente de décrire la situation sans prendre les mesures requises pour y faire face. Ailleurs, tous les gouvernements s’activent pour prendre les mesures nécessaires pour venir en aide aux populations durement affectées par la cherté des produits de base. Ce sont des gouvernements forts et politiques qui prennent les mesures qu’il faut dans le cadre d’un plan précis et clair pour faire face à cette situation, tout en mobilisant les moyens nécessaires pour y parvenir, a-t-il expliqué.

En dépit du fait que le gouvernement  dispose d’une majorité institutionnelle confortable et des moyens nécessaires pour s’acquitter de sa tâche comme il se doit, son action ne vise malheureusement qu’à servir les intérêts des lobbies financiers et économiques et des grandes sociétés, étant donné qu’il s’agit en fait d’une équipe empêtrée dans les conflits d’intérêts manifestes.

Il est en effet scandaleux de voir les sociétés pétrolières accumuler de plus en plus de bénéficies au détriment des souffrances des citoyennes et des citoyens et ce sans que le gouvernement n’ose prendre la moindre décision dans la limite de ses prérogatives pour y faire face, comme c’est le cas ailleurs.

Tout en se contentant de jouer pleinement son rôle de simple spectateur, le gouvernement essaie de justifier l’augmentation des prix des tomates par exemple par le fait que toute la production a été exportée, a-t-il dit, rappelant qu’il est de son devoir d’assurer l’approvisionnement en premier lieu du marché national.

Il a par ailleurs rappelé que personne au sein de ce gouvernement ne parle de la remise en service de la SAMIR, qui joue un rôle stratégique en matière de sécurité énergétique.

Et le Secrétaire général de s’interroger sur le sort réservé au nouveau modèle de développement et à l’Etat social dont parle le gouvernement, estimant que la mise en œuvre du NMD requiert évidemment un gouvernement fort et politique et davantage de démocratie, de justice, de respect des libertés individuelles et collectives et de confiance dans les institutions.

El Ouadie

Rétablir en premier la confiance

Prenant la parole, le président de l’association Damir Salah El-Ouadie s’est félicité de l’organisation de cette rencontre en partenariat avec le PPS avant de souligner que le redressement de la situation requiert avant tout le rétablissement de la confiance dans les institutions et la politique au sens noble du terme.

Oui, la situation au Maroc est critique comme l’a montré l’association Damir dans son dernier rapport, publié récemment.  Selon ce rapport, a-t-il dit, le politique est celui qui ne perd pas de vue les éléments historiques, sociologiques, économiques, financiers, culturels et géostratégiques du pays.

Il a par ailleurs fait savoir que son association n’a pas été surprise ni par la détérioration de la situation ni par les dernières déclarations. Dans un mémorandum, publié il y a deux ans sous l’intitulé « le Maroc que nous voulons », l’association Damir avait prévu le scénario actuel, qui requiert pour l’approfondissement de son analyse un débat public avec la participation de diverses capacités, a-t-il rappelé.

Selon lui, la question qui se pose aujourd’hui concerne surtout la confiance à rétablir et qu’on a plutôt tendance à occulter aux niveaux institutionnel, politique, social et de tous les processus ayant trait notamment à la démocratisation de la vie publique et au développement économique et social.

Tout en soulignant que l’action politique, au sens noble du terme et le rétablissement de la confiance sont déterminants pour la suite de tous les processus de développement et de démocratisation, il a exprimé son regret d’avoir entendu récemment le chef du gouvernement répondre à un parlementaire qu’il « ne fait pas de politique avec lui ».

Et de s’interroger : Mais que fait-il au Parlement s’il ne fait pas de politique?…de la politique noble et véritable est non pas d’une autre «politique», dont il n’a pas osé parler, a-t-il dit.

C’est pour cette raison que l’association Damir participe aujourd’hui à cette conférence pour débattre des questions qui préoccupent au plus haut point l’opinion publique. Le pays est confronté à une situation internationale et régionale inquiétante qui requiert davantage de confiance pour y faire face en rangs serrés et relever les défis qu’elle pose, a-t-il estimé. 

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