Abdeslam Seddiki, membre du BP du PPS, universitaire et ancien ministre de l’Emploi et des Affaires Sociales
Le discours de SM le Roi Mohammed VI à l’occasion de l’ouverture de la session du parlement traduit le souci constant du Souverain d’inscrire le social dans la dynamique de développement économique à travers notamment l’élargissement de la couverture retraite.
En effet, l’un des axes-clés du projet de la généralisation de la couverture sociale annoncés vendredi par le Souverain porte sur l’élargissement de la base d’adhérents au système de retraite en y incorporant environ cinq millions de Marocains parmi la population active non titulaire d’un droit à une pension. La crise sanitaire actuelle a révélé un ensemble de dysfonctionnements et elle a eu de persistantes conséquences économiques et sociales adossées à un faible taux de couverture retraite, ce qui reflète la pertinence et la clairvoyance de la vision de SM le Roi qui accorde une grande importance à ce chantier de la couverture sociale universelle.
Pour ce réussir ce gigantesque chantier, le Souverain a appelé à une concertation élargie avec l’ensemble des partenaires et à la mise en place d’un pilotage innovant et efficace de ce projet sociétal, dans la perspective de créer un organe unifié chargé de coordonner et de superviser les régimes de protection sociale.
«Le discours prononcé par SM le Roi à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire s’inscrit dans la continuité des deux derniers discours celui du Trône et celui de la Révolution du Roi et du peuple. Il se veut un discours-programme pour les années à venir et le Maroc de demain», a souligné l’universitaire Abdeslam Seddiki dans une déclaration à la MAP.
On décèle dans le discours une «unité d’approche» et une «vision globale» en articulant le développement économique à la promotion du secteur social et à l’amélioration de vie des citoyens, a-t-il fait observer.
Et d’ajouter qu’il s’agit d’un «souci constant» chez SM le Roi depuis son accession au Trône, notant que c’est dans ce sens qu’il faut lire la proposition d’élargir la couverture sociale au profit de tous les Marocains à l’horizon 2025.
«+Ce projet national majeur, d’une nature inédite+ pour reprendre les termes du discours, sera décliné selon un calendrier précis avec des délais de rigueur», a-t-il poursuivi, ajoutant que ce sont 22 millions de bénéficiaires additionnels qui accéderont dans les deux prochaines années à l’AMO, soit plus de 60 % de la population totale du pays.
Ce sont 5 millions de Marocains qui accéderont au droit à la retraite. A cela s’ajoute la généralisation des allocations familiales et l’indemnité pour perte d’emploi, a-t-il indiqué. «Se profile devant nous un nouveau Maroc», s’est-il félicité.
Par ailleurs, M. Seddiki a relevé qu’un tel chantier nécessite bien sûr des moyens financiers et humains additionnels. Son financement se fera en partie par la contribution des bénéficiaires chacun selon sa capacité contributive, mais surtout à travers des transferts de fonds publics au profit de la CNSS appelée à gérer le système.
Il nécessite également une mise à niveau de nos établissements hospitaliers, un renforcement de leurs capacités en donnant la priorité aux régions défavorisées, a-t-il poursuivi. Dans le même ordre d’idée, «on aura besoin de plus de professionnels de santé : il va falloir multiplier par trois les effectifs actuels pour être au niveau des normes de l’OMS en passant de 1,5 pour 1000 habitants à 4 pour 1000 habitants», a-t-il estimé.
Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de développer davantage l’industrie pharmaceutique afin de garantir à terme notre souveraineté dans ce domaine. «C’est le seul moyen qui nous permettra de maîtriser les prix des médicaments qui sont toujours situés à un niveau élevé», a-t-il dit.
En somme, c’est un défi immense qui demande une véritable mobilisation populaire et redonnera confiance à notre peuple pour croire enfin que le changement est possible et concret, a fait savoir M. Seddiki, ajoutant que «c’est la quintessence du nouveau modèle de développement auquel le Souverain appelle de ses vœux».
Pour l’ancien ministre de l’Emploi et des Affaires Sociales, «la balle est désormais dans le camp du gouvernement qui doit travailler d’arrache-pied et redoubler d’efforts pour être à la hauteur de l’ambition Royale».