Une atmosphère exubérante de légende d’ «Ali Baba» se dégage à la simple entrée du quartier des habous. Les toits coniques de la grande mosquée Moulay Youssef, du palais royal, du Makhama du pacha qui s’imposent au milieu d’une interminable série de magasins de bazars titillent le regard.
De gauche à droite, se promènent les yeux à la recherche appétissante de la magie qui émane de cet endroit historique. Les trésors cachés et éparpillés dans les différents coins des habous encensent ce quartier emblématique, œuvre de plusieurs décennies. Presqu’un centenaire plus tard, le quartier des habous continue d’apprivoiser ses visiteurs. Le mythique endroit épouse également modernité. Mais son histoire pour plusieurs demeure un mystère.
L’histoire veut qu’au début du 20e siècle, le Maréchal Lyautey, alors résident français au Maroc, suscite un fort mouvement migratoire vers Casablanca. La ville de Casablanca est devenue une cité industrielle. Le port de Casablanca est en pleine construction ; les industries bourgeonnent. Plusieurs négociants des villes impériales du Royaume sont apprivoisés par cette mutation. C’est l’effervescence ! Des gens arrivent en grand nombre dans la ville blanche pour s’enrichir après avoir tout liquidé. Lyautey décide se séparer ces nouveaux arrivants des européens préalablement installés et dont le mode de vie est aux antipodes des leurs. Le quartier des habous est alors érigé. D’ailleurs, ce sera la seule médina que construiront les français au Maroc. Mais sa construction ne se fera pas d’un coup de baguette magique.
Le résident nourrit un grand projet mais les fonds lui manquent. Un certain Haïm Bendahan, alors propriétaire de nombreux terrains à Casablanca, vient au secours du résident. Il décide de céder un terrain de 4ha qui se situe sur la route Médiouna. Le quartier des habous est sur le point de naitre. Mais sans architectes, la mission serait vouée à demeurer un projet.
L’architecte français Albert Laprade a la lourde tâche de dessiner le plan architectural du nouveau quartier mais surtout de le bâtir en tenant compte des mœurs et de l’architecture marocaine. En 1917, il conçoit l’architecture des habous sous l’aspect d’une médina. Après sa mutation à Rabat, deux autres architectes français Auguste Cadet et Edmond Brion prennent le relais. Ils érigent les arcades de la rue principale, la grande mosquée et le hammam. Le quartier des habous dédié exclusivement aux marocains voit le jour 10 ans après le coup d’envoi des travaux. Dès son ouverture, ses 150 boutiques chatouillent des négociants aisés qui y élisent leur commerce. Aujourd’hui, le quartier est occupé par des bazaristes.
Danielle Engolo