«Le secteur de la distribution est en faillite»

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

C’est en 1980 qu’Abdelkader Retnani crée sa première maison d’édition, Eddif. Il y a 13 ans, il crée une autre maison d’édition, La Croisée des Chemins. Pour le président de l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc  (UPEM), il n’existe pas de vrais distributeurs professionnels. C’est pour cette raison, qu’il a pensé  à une coopérative pour faire face à ce maillon faible de la chaîne. «Cela fait  cinq  ou dix  ans que  nous sommes en train de travailler sur un projet  que nous présenterons à l’actuel ministre. Le projet  est  une sorte de coopérative qui  va regrouper les éditeurs de référence», déclare-t-il.

Al bayane : La diffusion et la distribution du livre au Maroc sont depuis toujours des facteurs qui freinent le secteur du  livre au Maroc. Qu’en pensez-vous?

Abdelkader Retnani : Ce problème n’a jamais été réglé. Et il ne pourra pas être réglé si on n’a pas lié  les éléments essentiels qui sont : l’éditeur, le libraire, le ministère et les élus. C’est là où réside le problème, car, quand on 2 ou 3  éléments, on ne réussira pas du tout. Et quand on sera 4, on réfléchira mieux. Il faut que les acteurs  mettent leurs mains à la pâte.

Et le ministère de tutelle dans tout cela?

Ce sont les professionnels qui doivent se manifester et présenter un dossier pour qu’ils puissent soutenir le projet. La réglementation du secteur ne relève pas du  ministère. Proprement dit, ce sont les professionnels du  secteur qui doivent se mobiliser en présentant un dossier, et c’est au ministère de le soutenir.

Aujourd’hui, peut-on parler d’un réseau de points de vente?

Cela fait cinq ou dix  ans que nous sommes en train de travailler sur un projet  que nous présenterons à l’actuel ministre. Le projet  est  en effet  une sorte de coopérative qui  va regrouper les éditeurs de référence.

Le livre littéraire a du mal à  circuler, encore beaucoup moins, que le livre scolaire. Pourquoi ? Où réside le problème?

Parce qu’il n’est pas soutenu, parce qu’il n’est pas connu. Car  quand vous  faites  un livre scolaire et vous sortez  200.000, 500.000, 700.000 exemplaires, vous n’avez pas besoin de les distribuer parce que ce sont les parents et les enfants qui  viennent les chercher.

C’est-à-dire?

Vous n’avez pas besoin du circuit  de distribution parce qu’il est vendable. En plus, il y a des librairies qui ouvrent pendant trois mois (juillet, août, septembre) et qui ferment après, c’est-à-dire que ce marché est fleurissant. Maintenant, les littératures, c’est un autre domaine. Il faut avoir d’abord le libraire. Et ce dernier, il faut qu’il y’ait des accords pour que le livre soit distribué. Quant à nous, nous faisons des facilités de retour que les autres ne font pas probablement.

 Il faut avouer qu’il n’y a pas de structure nécessaire permettant d’être dans toutes les villes, au-delà de l’axe Casablanca -Rabat ou encore un peu moins à Tanger et Marrakech. Le reste, c’est le vide. Il y a une absence de vrais libraires dans les autres villes comme Laâyoune, Settat, Dakhla…

En tant  qu’éditeur, comment faites-vous pour promouvoir et distribuer vos livres?

Je le fais avec mes petits moyens. Je suis indépendant. Je le fais avec mon propre argent. Je préfère faire ça au lieu de rester avec mes livres et les regarder. C’est pour ça que dans le cadre de notre association (l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc), nous sommes entrain de créer une coopérative, et par la suite, nous allons voir le ministre de tutelle pour qu’il soutienne ce projet  qui  donnera des résultats assez intéressants. Le secteur de la distribution est en faillite.

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