Les dirigeants du monde exhortés à « sauver l’humanité »

COP 26, Conférence climat à Glasgow

Le monde doit agir maintenant pour « sauver l’humanité » des catastrophiques impacts du réchauffement, a exhorté lundi le secrétaire général de l’ONU devant les dirigeants du monde entier réunis à Glasgow pour la très attendue COP26 sur le climat.

« Il est temps de dire +Assez+ », a lancé Antonio Guterres devant environ 120 dirigeants de tous les continents et des milliers de délégués et d’observateurs.

« Assez de brutaliser la biodiversité. Assez de nous tuer nous-mêmes avec le carbone. Assez de traiter la nature comme des toilettes. Assez de brûler et forer et extraire toujours plus profond. Nous creusons nos propres tombes », a-t-il martelé, dénonçant notre « addiction aux énergies fossiles ».

« L’humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une sur l’horloge de l’apocalypse. Nous devons agir maintenant », a renchéri le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte du sommet, mettant en garde contre la colère « incontrôlable » que provoquerait un échec de cette COP26, six ans après l’Accord de Paris.

« Nos enfants, les enfants pas encore nés et leurs enfants (…), si nous échouons, ils ne nous le pardonneront pas », a-t-il insisté, reprenant les accusations de « bla bla » adressés récemment par la militante Suédoise Greta Thunberg aux dirigeants du monde.

L’égérie du mouvement climat de la jeunesse et de nombreux autres jeunes ont fait le déplacement à Glasgow pour mettre la pression sur les dirigeants. Dans une pétition en ligne qui a dépassé le million de signatures, ils appellent à « affronter l’urgence climatique. Pas l’année prochaine. Pas le mois prochain. Maintenant ». Résumant leurs griefs d’un simple mot: « trahison ».

Les observateurs espéraient que la réunion au cours du week-end des leaders du G20, qui représente près de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, donnerait un fort élan à cette COP écossaise repoussée d’un an en raison du Covid-19.

Le G20 a bien réaffirmé à l’unisson l’objectif de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, ajoutant une ambition de neutralité carbone autour du milieu du siècle et la fin des subventions aux centrales à charbon à l’étranger. Mais cela n’a convaincu ni les ONG ni Antonio Guterres qui a fait part de ses « espoirs déçus ».

Les Etats-Unis ont eux surtout pointé du doigt Pékin, se disant « déçus » par l’absence d’engagements de la Chine, le principal pollueur mondial, et de la Russie au G20. Les présidents russe et chinois figurent parmi les grands absents à la COP26, mais un message écrit de Xi Jinping doit être publié lundi.

Les enjeux de la COP26, qui doit durer deux semaines, sont nombreux, plus difficiles et explosifs les uns que les autres dans un contexte de pandémie mondiale qui a fragilisé les pays pauvres déjà vulnérables aux impacts du dérèglement climatique.

D’abord l’ambition. Les engagements actuels des quelque 200 signataires de l’Accord de Paris, s’ils étaient respectés, mèneraient à un réchauffement « catastrophique » de 2,7°C selon l’ONU.
Alors que certains rechignent à l’accélération de la transition qui nécessite des investissements massifs, Joe Biden a au contraire souligné l »opportunité incroyable » que cela représente pour l’économie mondiale, assurant que les Etats-Unis étaient prêts à « montrer l’exemple ».

Quant au président français Emmanuel Macron, il a appelé les « plus gros émetteurs » de gaz à effet de serre à « rehausser leur ambition dans les 15 jours » de la COP26, pour « recrédibiliser notre stratégie » de lutte contre le réchauffement, allusion notamment à la Russie et à la Chine.

Alors que Pékin vient de formellement déposer ses nouveaux engagements climat qui reprennent sans les renforcer les promesses faites par le président Xi Jinping, l’Inde, autre émetteur majeur, est désormais au centre des attentes.
Si le Premier ministre indien Narendra Modi fait des annonces lors de son discours lundi après-midi, cela « pourrait mettre plus de pression sur la Chine et d’autres », a commenté Alden Meyer, analyste au sein du centre de réflexion E3G.

Autre sujet brûlant, la promesse toujours non tenue des pays riches de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide climat aux pays en développement.

L’objectif a de facto été repoussé de trois ans à 2023, renforçant la crise de confiance entre le Nord, responsable du réchauffement, et le Sud, victime de ses effets.

« Pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour écouter, et un coeur pour ressentir: pour survivre, nous avons besoin (de limiter le réchauffement) à +1,5°C; 2°C serait une condamnation à mort pour les populations d’Antigua et Barbuda, des Maldives, des Fidji, du Kenya ou du Mozambique, des Samoa et de la Barbade », a lancé lundi à la tribune la Première ministre de la Barbade Mia Mottley.

« Nous ne voulons pas de cette condamnation à mort et nous sommes venus ici pour dire +redoublez d’efforts, redoublez d’efforts+ », a-t-elle insisté. « Nous voulons exister dans cent ans ».

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